Couverture TIFF 2022 - une

[TIFF] Le village du TIFF et d’excellentes surprises : le stand de REEL CANADA — les films : Luxembourg, Luxembourg | La Gravité

Les salles étaient combles au TIFF, on dirait que je n’étais pas le seul à éprouver du bonheur à retourner dans les salles de cinéma! C’est la troisième fois que je couvre le TIFF pour Le Petit Septième, mais c’est la première fois que je suis au TIFF avec une accréditation média officielle. C’est aussi la première fois que je participe au festival en présentiel, les autres fois j’étais à la maison, dans mon canapé, à regarder les films sur une plateforme. Covid oblige.

Couverture TIFF intro 1
Couverture TIFF intro 2

La ville de Toronto a bouillonné du côté du TIFF Bell Lightbox sur la rue King et autour des autres lieux partenaires du festival situés aux alentours. Cela avait des allures de village, avec des cohortes de badauds, de spectateurs, de personnes accréditées et de fans qui défilaient dans les rues ou attendaient avec impatience les stars sortir de leur hôtel ou de leur imposante voiture noire aux vitres teintées. 

Découvrir le monde du cinéma canadien 

Sur la rue King non loin du Théâtre Royal Alexandra, il y avait un stand de REEL CANADA, l’organisme torontois qui est derrière la Journée nationale du cinéma canadien qui a lieu chaque mois d’avril. Son directeur, Jack Blum, croisé au pavillon Canada était aux anges d’avoir un lieu dédié au TIFF pour sensibiliser les festivaliers au cinéma canadien, avant d’ajouter que les films, présents sur l’affiche du stand « Discover the World of Canadian Film », comprennent plusieurs grands titres québécois. 

Couverture TIFF 2022 - Couverture du cinéma canadien
Le stand de REEL CANADA

Un jeu et des cadeaux attendaient les festivaliers qui étaient testés sur leur connaissance du cinéma d’ici. Le jeu consistait à lancer une grosse paire de dés, à regarder un extrait de film correspondant et à identifier le film canadien duquel il provenait. Une grande affiche présentant une cinquantaine de choix possibles fournissait des indices. Avec une bonne réponse, les festivaliers pouvaient repartir avec un t-shirt, un sac ou d’autres prix. 

On peut néanmoins imaginer que ce jeu pouvait être périlleux tant le cinéma canadien peut s’avérer inconnu aux yeux du grand public dans un pays où la cinématographie a grandi et continue à grandir à l’ombre du géant américain. Alors, questions… Qui a réalisé le film Le Chant des sirènes (I’ve Heard the Mermaids Singing)? Je vous aide, c’était en 1987. Archi facile, quel est le réalisateur de C.R.A.Z.Y qui vient d’être remastérisé? Les réponses sont à la fin de l’article. 

« Le projet a été un pur bonheur pour nous, et c’est grâce au TIFF dont la générosité l’a rendu possible. C’était l’expression fidèle de notre mandat d’exposer les Canadiens au cinéma canadien et le fait qu’il y avait une file d’attente pour jouer à notre jeu était une autre preuve que les Canadiens veulent vraiment avoir plus d’accès à leurs propres films. Le kiosque était en l’honneur du 10e anniversaire de la Journée nationale du cinéma canadien et capturait l’essence même de cette célébration. Maurice l’Orignal a été aussi un grand ambassadeur de bonne volonté pour ces festivités. »

Jack Blum, directeur général de REEL CANADA

À présent, parlons des films, en particulier de deux belles découvertes.

Luxembourg Luxembourg — Dumb and Dumber

Première nord-américaine, juste après un passage au festival de Venise en compétition officielle, le deuxième film de l’Ukrainien Antonio Lukich est un petit bijou cinématographique qui a fait le bonheur des festivaliers du TIFF. J’étais dans une salle blindée de plus de 300 personnes et cela faisait longtemps que je n’avais pas vibré ainsi, depuis l’avant COVID sans doute. 

luxembourg, luxembourg
Kolya (Ramil Nasirov) et Vasily (Amil Nasirov)

Né d’un père gangster yougoslave et d’une mère ukrainienne, vivant à Lubny en Ukraine, une ville isolée et sans grand intérêt, les frères jumeaux Kolya (Ramil Nasirov) et Vasily (Amil Nasirov) doivent faire face à la disparition de leur père. L’un d’eux décide de suivre sa voie en tant qu’escroc et chauffeur de bus, l’autre devient flic, mais tous deux sont empêtrés dans leurs propres problèmes, communs à ceux qui vivent dans la pauvreté, avec peu d’accès au monde extérieur. Un jour, un appel du Consulat d’Ukraine au Luxembourg les informe que leur père, qu’ils n’ont pas vu depuis 20 ans, est mourant. Vont-ils se rendre dans cette ville, la troisième capitale la plus dangereuse d’Europe, comme le dit la blague?

En ces temps de guerre, Luxembourg, Luxembourg frappe fort avec une comédie inattendue en provenance d’Europe de l’Est. Ce film est une ode à l’amour paternel et fraternel, dans une quête déjantée, hilarante, de deux frères, antihéros malgré eux, maudits héritiers d’un père mafieux et d’un milieu social. Le film épate par sa maîtrise de la mise en scène aussi bien dans le registre comique (l’histoire au long court de la vieille dame accidentée en raison du chauffeur de bus est succulente) que dramatique. Entre réalisme social et stylisation visuelle, entre ton caustique et humanisme chaleureux, cette histoire familiale pleine de sensibilité fait beaucoup penser au cinéma de Aki Kaurismaki. La quête du père prend des allures de quête vers l’absolu et vers un avenir meilleur : superbe métaphore de la situation actuelle avec l’exil de tout un peuple pour fuir les bombes.

Luxembourg, Luxembourg était présenté au TIFF, les 9, 12, 13 et 16 septembre 2022, et visionnable sur la plateforme du TIFF jusqu’au dimanche 18 septembre.

Bande-annonce

Fiche technique :

Titre original : ЛЮКСЕМБУРГ, ЛЮКСЕМБУРГ
Durée : 106 minutes
Année : 2022
Pays : Ukraine
Réalisation : Antonio Lukich
Ecriture : Antonio Lukich

La Gravité — Ma cité va craquer

Le deuxième film du Franco-Burkinabé Cédric Ido est un ovni cinématographique d’un pur régal qui nous vient de France. L’équipe de La Gravité a choisi le TIFF pour faire sa première mondiale et j’ai eu la chance d’assister à l’une des projections. Il faut dire que le synopsis m’a donné l’eau à la bouche : un alignement des planètes inédit impactant la gravité va bouleverser l’équilibre d’une cité.

La gravité

Sous un ciel orangeâtre et une lune énigmatique se dresse le décor d’une cité ordinaire dans le nord de Paris. Là-bas, vivent trois « vétérans » (Jean-Baptiste Anoumon, Max Gomis, Steve Tientcheu), trafiqueurs de drogue de l’ancienne école, mais pas méchants. L’un est handicapé et cache la drogue dans son fauteuil roulant sophistiqué, gadget à la James Bond qu’il fabrique discrètement dans le sous-sol de son immeuble; l’autre, son frère, est athlète de course et s’entraine dur sur la piste dans la cité, mais a planifié sans le dire à personne de déménager avec sa famille au Canada; et le dernier, artiste dessinateur, vient de sortir de prison après avoir refusé de balancer les copains. Tous les trois découvrent alors les agissements d’une bande de jeunes qui trafiquent « pour le bien du quartier » et ont repris leur territoire, sans arme, sans violence et sans police autour pour les surveiller. Les voilà désormais totalement ringardisés. 

Une mystérieuse drogue en forme de cristal, un arbre qui traverse la cité au cours de la nuit transporté sur le dos d’un camion, un gang qui voue un culte mystérieux à l’alignement des planètes, une bataille finale dans la cave en forme de série B très drôle : La Gravité n’est pas un énième film sur la cité. Cédric Ido réinvente tout simplement le cinéma sur la banlieue, en insufflant de la beauté et de la magie dans les quartiers, loin des films réalistes, et parfois pesants et stéréotypés sur le sujet. Avec une créativité bluffante et un mélange de genres époustouflant entre fantastique, action et humour, il incarne une nouvelle voix de la banlieue et de la diversité sociale en France et nous donne déjà envie de voir son prochain film.

La gravité était présenté au TIFF les 9, 13 et 16 septembre 2022.

Fiche technique :

Titre original : La Gravité
Durée : 85 minutes
Année : 2022
Pays : France
Réalisation : Cédric Ido
Ecriture : Cédric Ido
Note : 8,5/10

Réponse au quiz : Patricia Rozema / Jean-Marc Vallée

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième