« I am loved. I am special. I am enough. I am doing my best. »
[Je suis aimée. Je suis spéciale. Je me suffis. Je fais de mon mieux.]
Cecilia (Sissy) et Emma étaient des meilleures amies, à la préadolescence, qui allaient vieillir ensemble et ne laisseraient jamais rien se mettre entre elles. C’était jusqu’à ce que la nouvelle amie d’Emma, Alex, fasse exactement cela. Douze ans plus tard, Cecilia est une influenceuse à succès sur les réseaux sociaux qui vit le rêve d’une femme millénial indépendante et moderne… jusqu’à ce qu’elle rencontre Emma pour la première fois depuis plus d’une décennie. Emma invite Cecilia lors de son week-end d’enterrement de vie de jeune fille dans une maison isolée dans les montagnes, où Alex procède à faire du week-end de Cecilia un vrai enfer.
Avec Sissy, Hannah Barlow et Kane Senes proposent un film qui se veut un mélange original entre horreur et satire. Malheureusement, le scénario particulièrement faible, la réalisation amatrice et un sujet qui arrive 5 ans en retard en font un film insipide et ennuyant.
Sissy se veut un regard satirique sur l’autovictimisation des millénariaux à l’ère des médias sociaux. Un mélange des genres entre l’horreur et la satire. Déjà, en lisant la déclaration des réalisateurs à ce sujet, on a l’impression qu’ils n’ont pas regardé de films dans les 5 dernières années. Ces films qui s’attaquent aux générations nouvelles qui ont grandi avec les réseaux sociaux sont déjà à risque de tomber dans la facilité et dans le manque d’originalité. C’est exactement ce qui arrive ici.
Ce long métrage serait une critique de cette façon très numérique de vivre? Mais dans ce cas, pourquoi la critique passe par le personnage qu’on déteste le plus : celui d’Alex, la bully qui s’en prend au personnage principal?
Ensuite, le film n’est ni drôle, ni effrayant, ni amusant, ni passionnant, ni… En fait, il est simplement poche! Si ce n’était de la fin, ma note serait 1 point plus bas. Est-ce qu’on rate la cible à cause des acteurs qui sont simplement ordinaires, ou si c’est plutôt à cause de la faiblesse du scénario? Peut-être un peu des deux. J’ajouterais à ça la réalisation peu imaginative et qui, lorsque quelque chose est tenté, s’avère être une mauvaise idée.
Je poserais la question suivante, aussi : si ces pauvres millénariaux ne peuvent se passer de leurs téléphones, comment se fait-il qu’ils meurent tous alors que leur téléphone a été oublié quelque part? Un peu de logique s’il vous plaît!
Avant d’expliquer la tristesse des clichés colportés par le film, je voudrais mentionner quelque chose de bien et possiblement représentatif (oui, oui, il y en a) de la réalité : la normalité avec laquelle est représentée la communauté LGBTQ. Les futures mariées sont deux femmes, entourées d’amis pour lesquels les préférences sexuelles ne sont clairement pas claires, et le fait que ce n’est pas un enjeu offre une perspective moderne et réaliste de cette fameuse génération. Mais comme je disais un peu plus tôt, le fait de mettre en scène des personnages non hétéronormalisés n’est plus suffisant pour dire qu’un film est pertinent.
Donc, les clichés, disais-je…
Deux femmes vont se marier. Évidemment, comme il s’agit d’un couple dit « de la fierté », il faut avoir des écharpes aux couleurs de l’arc-en-ciel. Il ne faudrait surtout pas qu’on se demande si ces gens sont fiers d’être membres de la communauté LGBTQ. Évidemment, aussi, le seul gars est une vraie bitch à la grande-gueule qui ne peut s’empêcher de parler contre les autres dans leur dos. Et pour être sûr d’être équitable, on met en scène deux femmes blanches, deux noires et une asiatique.
Mais ce qui dérange le plus ce n’est pas tant les clichés, que l’utilisation de la maladie mentale. On dirait que ce scénario a été écrit dans les années 1990 tellement ça offre une vision arriérée. Sissy a des problèmes de santé mentale et, évidemment, est ostracisée, décrite comme folle et prône aux sautes d’humeur violentes. Oui, ce type de personne existe. S’il s’agissait du seul gros cliché, on pourrait faire avec, je suppose. Mais c’est tellement gros, qu’on ne peut croire que cette fille serait aussi à l’aise dans la société australienne.
Elle n’a aucun suivi psychologique et, si on se fie à ses réactions lors de la fête qui tourne mal, il est presque impossible qu’une personne comme ça soit aussi libre de ses mouvements. Sauf peut-être au Québec… Mais ça, c’est une autre histoire.
Vous savez lorsque la prémisse d’un film pose problème d’entrée de jeu? Emma invite Cecilia lors de son weekend entre de fille, dans une maison isolée dans les montagnes, au grand désarroi de la demoiselle d’honneur Alex, dont le visage cicatrisé n’a fait que renforcer sa rancune contre « Sissy la poule mouillée » après toutes ces années. Après toutes ces années, ça signifie 12. Oui, on invite tous une personne qu’on n’a pas vue depuis une douzaine d’années à un enterrement de vie de jeune fille ou de garçon. Surtout si la dernière fois qu’on l’a croisée ça s’est terminé avec une personne gravement blessée et une autre en suivi psychiatrique.
L’histoire de Sissy se prête à un film d’horreur plus typique dans lequel la logique n’est pas aussi importante que le sang et le sexe. Malheureusement, il y a peu de sang dans Sissy et pas de sexe du tout. Le programme offre plutôt une bonne dose d’ennui. Voici un film que vous n’aurez pas à mettre sur votre liste…
Sissy était présenté au festival Fantasia le 19 août 2022 et sortira sur les écrans en septembre 2022.
Bande-annonce
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