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[Fantasia] Bodies Bodies Bodies — Combien vont mourir?

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Bodies bodies bodies - affiche

Avec un ouragan qui frappe, un groupe de riches dans la vingtaine se cache dans un manoir familial isolé rempli de nourriture, de lampes de poche et de drogues, prêts à faire la fête à travers la tempête. Sophie (Amandla Stenberg) a amené sa nouvelle petite amie Bee (Maria Bakalova) pour rencontrer son ami d’enfance, David (Pete Davidson), sa petite amie, Emma (Chase Sui Wonders), et leurs amis Jordan (Myha’la Herrold) et Alice ( Rachel Sennott), qui a amené son petit ami plus âgé (comme dans 40 ans), Greg (Lee Pace). Pour rendre la soirée plus amusante, ils décident de jouer à un jeu de société de type meurtre et mystère. Mais lorsqu’un membre du groupe meurt pour vrai, le mystère prend une tout autre tournure.

Avec Bodies Bodies Bodies, Halina Reijn au regard frais et amusant sur les coups de poignard dans le dos, les faux amis et une fête qui a très, très mal tourné.

Pas un grand film, mais…

La prémisse de Bodies bodies bodies n’est pas particulièrement originale. Des films d’horreur avec un groupe de jeunes adultes qui se réunissent pour faire la fête et qui finissent par se faire trucider, on peut en nommer des dizaines sans même fournir le moindre effort. Et pourtant, le film de Reijn réussit à sortir de la masse. 

Bodies Bodies Bodies
David (Pete Davidson)

Tout d’abord, je dois dire que le punch final, je ne l’ai pas vu venir. Juste ça, c’est un gros bonus dans ce genre de films. Il y a aussi l’utilisation de l’humour qui permet à ce long métrage de marquer des points. L’humour est souvent utilisé dans les films d’horreur dans l’unique but de frapper plus lorsque le spectateur doit sursauter. Ici, il est utilisé afin de réellement mélanger les deux genres. Et c’est un humour peut présent qui se présente aux bons moments afin de rendre les personnages un peu plus attachants. Car on ne va pas ce le cacher, outre Bee, il s’agit d’une bande de connards/enfants de riches aux valeurs douteuses. Sans la petite dose d’humour, on serait juste content de les voir mourir. 

C’est d’ailleurs assez fascinant cette façon qu’ont les films d’horreur de prendre les peurs de la société pour les présenter aux spectateurs. Dans le film, ce qui nous fait le plus peur, c’est le privilège et l’ego des personnages; leur système de valeurs est biaisé en raison de la façon dont ils ont grandi. Quand tout s’effondre, vous réalisez qu’ils n’ont aucun fondement. Ce sont leurs personnalités qui, au fond, sont les monstres.

Donc, lorsque tous ces gens aux valeurs douteuses se retrouvent dans ce cadre clos, ce n’est pas long que la paranoïa extrême s’installe et que ça se retourne contre chacun alors que tous ces petits drames au sein du groupe d’amis commencent à s’infiltrer. Et ça, malgré que ce ne soit pas si original, c’est bien porté par le scénario et par les acteurs.

Une technique solide

Ce qui est particulièrement intéressant dans Bodies bodies bodies, c’est le côté technique. Regardons l’histoire de plus près : un groupe d’amis organisant une fête pendant un ouragan. Cette fête se déroule presque au complet dans le noir. Le concept de la grosse baraque en plein orage ouvrait la porte à la possibilité de sources de lumière différentes et inhabituelles. Surtout qu’après vingt minutes, les lumières s’éteignent pour le reste du film. La réalisatrice et son équipe ont dû trouver des moyens de visualiser l’action de manière passionnante afin que le public puisse voir ce qui se passait dans l’histoire tout en évitant qu’on passe la moitié du film à ne rien voir (ce qui est souvent le cas dans les films d’horreur). « J’ai expérimenté des lampes de poche colorées, des lumières D.E.L., des iPhones, des bâtons lumineux et des lumières de secours dans le McMansion, pour différencier les personnages afin qu’ils puissent se démarquer lors de scènes d’action chaotiques. »

Bodies Bodies Bodies
Bee (Maria Bakalova), Sophie (Amandla Stenberg), Jordan (Myha’la Herrold) et Alice ( Rachel Sennott)

En effet, l’utilisation de diverses sources lumineuses rend la compréhension facile pour le spectateur. On voit une lumière blanche typique d’un iPhone, on sait qu’il s’agit de Bee. On voit les glowstick, on sait qu’il s’agit d’Alice. Une idée géniale qui permet au spectateur de se concentrer sur son plaisir. 

L’autre grand défi de ce film était plus au niveau des dialogues. La réalisatrice a obligé les acteurs à apprendre leurs lignes comme s’il s’agissait d’une pièce de théâtre afin que chacun sache exactement quand intervenir dans cette cacophonie. Et au moment du tournage elle leur a dit qu’ils pouvaient improviser. Pourquoi leur faire apprendre le texte par cœur pour ensuite leur dire d’improviser? De cette façon, ils savent exactement ce qui se passe et quand intervenir. Mais en improvisant, la cacophonie reste réaliste et vraie. Et je dois dire que ça marche à la perfection. 

Finalement, il y a la musique. Le film est plein de dialogues, de personnages, d’horreur et de comédie. La musique n’est là que pour aider à maintenir l’énergie. Des pièces qui transmettent bien l’obscurité, le sex-appeal, l’absurdité et une couche de fun et de trash de l’événement.

Un peu plus…

Dans Bodies bodies bodies, Reijn combine habilement un mystère propulsif et farouchement drôle avec un portrait incisif de faux amis, de coups de poignard dans le dos et de connards privilégiés à une histoire de paranoïa et d’insécurités pas si secrètes qui exploite chaque once d’humour d’un effondrement de la génération Z étroitement blessée.

Bodies Bodies Bodies
Sophie et Bee

 « J’étais intéressé par la dynamique de ce groupe d’amis parce qu’il examine la façon dont les gens restent dans des amitiés toxiques », explique Sennott. D’une certaine façon, ces personnages sont très réalistes. Ils retiennent les frustrations jusqu’à ce que tout revienne à la surface avec le désir de vengeance. Et selon la scénariste, il semblerait que c’est très fidèle à sa génération.

Oui, un beau film sur l’amitié. 😆 

Mais surtout un film vraiment plaisant à regarder sur grand écran, avec le son dans le tapis!

Bodies Bodies Bodies est présenté au festival Fantasia le 3 août 2022.

Bande-annonce

Fiche technique

Titre original
Bodies Bodies Bodies
Durée
93 minutes
Année
2022
Pays
États-Unis
Réalisateur
Halina Reijn
Scénario
Sarah DeLappe
Note
7 /10

1 réflexion sur “[Fantasia] Bodies Bodies Bodies — Combien vont mourir?”

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Fiche technique

Titre original
Bodies Bodies Bodies
Durée
93 minutes
Année
2022
Pays
États-Unis
Réalisateur
Halina Reijn
Scénario
Sarah DeLappe
Note
7 /10

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