« Why are we doing this? »
[Pourquoi on fait ça?]
Aux heures banales du début de l’été, cinq filles boudent dans leur propre ennui en attendant quelque chose. Lorsque Willow (Sophie Bawks-Smith) tombe sur une cabane apparemment abandonnée, elle commence à fantasmer sur la vie qu’elle et les filles pourraient avoir là-bas. Leader (Destini Stewart), Jules (Jillian Frank), Vicky (Mari Geraghty) et Millie (Rowan Wales) font leurs valises et chuchotent un rapide au revoir à la vie qu’ils ont connue. Ils traversent des champs ouverts, entrant avec bonheur dans leur nouveau monde baigné de soleil.
Avec Honeycomb, Avalon Fast aura réussi à créer un des pires films que j’ai vus depuis que j’ai commencé à écrire des critiques. Voici donc un long métrage qui n’a que très peu de positif à offrir. Mais voyons voir…
Vous verrez, cette section sera plutôt courte. J’ai travaillé fort pour pouvoir écrire ce petit paragraphe.
La texture granuleuse donne à l’image, et au film, un côté expérimental qui sied bien à l’histoire du film. Je dois dire, par contre, que c’est le type d’image que j’adore dans un film où les personnages ont une vie difficile. Ici, on peut supposer que les filles ont un manque quelconque dans leur vie. Peut-être que ce type d’image n’était pas le plus adapté, mais au moins ça m’a plu. Voilà. J’ai fini le tour du positif.
Maintenant, voici pourquoi Honeycomb est un film terriblement mauvais…
Tout d’abord, il y a la musique qui n’est pas mauvaise en soi. Elle n’est juste aucunement adaptée à ce film. À quoi bon mettre une musique aux sonorités criantes donnant à croire à un film d’horreur du style Texas Chainsaw Massacre (l’original), alors que le film est plutôt dans un style dramatique? Et les prestations live sont beaucoup trop fortes. L’ajustement sonore de la trame est raté. D’ailleurs, la prise de son en générale est un échec. Dès les premières images, on a l’impression que la réalisatrice a demandé au beau-frère de venir prendre le son sur son plateau. Ça sonne « cacanne ».
Ensuite, il y a les acteurs, tous des amis de la réalisatrice. Oui, ça se voit. Petit conseil à Fast pour son prochain film : de bons amis ne font pas nécessairement de bons acteurs. La plupart de ceux-ci récitent leur texte comme… un texte lu et trop su.
Mais, à la défense des acteurs et actrices du film, les dialogues sont assez terribles. Ils sonnent trop vrais pour qu’on puisse les utiliser dans un contexte décalé, mais ils sont trop « fake » pour qu’on puisse vraiment y croire. On se retrouve donc avec des phrases vides qui pourraient ne pas apparaître dans le film sans qu’on s’en rende compte. Et le problème est là. J’imagine que la réalisatrice voulait montrer le quotidien plate de ses personnages. Mais ce n’est pas une raison pour insérer des phrases vides comme l’existence de ces pauvres ados. Tant qu’à ne rien dire, il aurait été mieux d’utiliser les silences en donnant la place au jeu des acteurs. Ah oui, c’est vrai. Ils sont mauvais, ces acteurs…
Puis, il y a le terrible manque de vraisemblance. Soyons clairs. On est dans un film qui se veut situé dans notre réalité. Voilà que ces adolescentes se retirent dans une cabane que personne ne connaît. Une cabane inaccessible où elles se rendent… en voiture… sur le bord d’un beau lac… où elles peuvent amener une vingtaine de personnes aux yeux bandés. C’est juste moi ou ce genre d’endroit ne semble pas si bien caché que ça? Et donc, comment se fait-il que personne n’a la moindre idée que cet endroit existe? Il y a aussi le fait que ces filles de 17 ans disparaissent en laissant un étrange message aux membres de leur famille ou à un amoureux, mais que personne ne semble s’inquiéter outre mesure du départ de ces 5 jeunes femmes. Ou bien ce n’est pas très logique, ou bien les familles de Colombie-Britannique sont peu intéressées à savoir où sont leurs adolescentes. Je vais donner un dernier exemple de ce manque de vraisemblance.
Les filles dictent des règles pour gérer leur « univers ». Une de ces règles est que lorsqu’une des filles cause un tort à une autre membre du groupe, la personne lésée peut établir une vengeance juste. Oui, on est dans une microsociété évoluée. Donc, une des filles prend et brise, sans faire exprès, les lunettes d’une des autres. Leader a donc le droit de vengeance. On se rappelle qu’il s’agit d’une vengeance qui doit être juste et équitable. Elle va donc crever un œil à la vilaine file qui avait brisé les lunettes. Et le plus drôle c’est que les autres filles (dont la sœur de celle qui se fait crever l’œil) trouvent qu’il s’agit là d’une conséquence tout à fait juste et équitable. Pardon?!? Ah oui… Une fois l’œil crevé avec un gros couteau à légumes, aucunement besoin d’aller à l’hôpital. Tout va bien. On met un joli bandeau blanc avec de la ouate pour absorber le sang. Ça va aller. On continue à vivre dans l’harmonie.
Honeycomb ne suit pas vraiment un personnage principal. Il regarde plutôt ce groupe dans son ensemble alors que les filles s’installent dans leur isolement. Bon, il s’agit d’un isolement partiel, puisque régulièrement elles organisent des partys. Oui, dans ce lieu secret que personne ne réussit à trouver.
Au final, la réalisation n’offre que peu de moments de génie et donc, on se retrouve avec un film qui est une pâle copie de ce que la réalisatrice à pu voir ailleurs. Tentative ratée de faire un film d’essai qui sort des schémas habituels. On passe au suivant.
Honeycomb est présenté au festival Fantasia le 25 juillet 2022.
Bande-annonce
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