Pink Lake - Une

Pink Lake — Donner ou ne pas donner…

« Why are we planning our whole future together if we don’t even want the same things? »
[Pourquoi est-ce qu’on planifie tout notre futur ensemble si on ne veut pas les mêmes choses?]

Pink Lake Poster

Sam (Charles Brooks) et Cora (Alysa Touati) forment un couple dont la vie paisible dans les collines de la Gatineau est perturbée lorsque Nadia (Marie-Marguerite Sabongui), une des amies les plus chères de Sam, lui rend visite de la ville. Lorsque Nadia demande à Sam d’être son donneur de sperme, Cora lui donne d’abord sa bénédiction, mais s’inquiète rapidement de l’arrangement.

Avec Pink Lake, Emily Gan et Daniel Schachter proposent un film lent, contemplatif, avec en fond un sujet difficile et rarement abordé. Le duo offre une œuvre actuelle, simple, intelligente et touchante.

Basé sur des faits réels parce que presque vais (comme dirait Bruno Blanchet)

Mon allusion à Bruno Blanchet, et à sa série La mélancolite, vient d’un potin sur la création du film. En fait, ce n’est pas un potin, mais plutôt une anecdote des réalisateurs. 

Pink Lake - Basé sur des faits réels - Marie-Marguerite Sabongui (Nadia), Alysa Touati (Cora) and Charles Brooks (Sam)
Nadia (Marie-Marguerite Sabongui), Cora (Alysa Touati) et Sam (Charles Brooks)

Car bien que le film ne soit pas un docu-fiction, c’est une œuvre de fiction qui prend comme point de départ les circonstances réelles de ses créateurs et de ses acteurs.

 « Les trois acteurs principaux – Marie-Marguerite Sabongui, Alysa Touati et Charles Brooks – sont des amis proches à nous. L’emplacement principal, un bungalow adossé à une forêt à Gatineau, appartient à Charles. Et l’histoire d’une femme qui demande à son ami un don de sperme – et le conflit qui surgit entre lui et son partenaire lorsqu’il dit oui – s’inspire d’un fait réel. Et dans une tournure inattendue et délicieuse, l’actrice jouant Nadia, la femme qui demande du sperme à son amie pour pouvoir tomber enceinte in vitro, est en fait tombée enceinte in vitro peu après la production. Elle a récemment donné naissance à un petit garçon en bonne santé! »

Pourquoi je vous partage cette anecdote qui, a priori, ne semble pas très pertinente? Simplement pour expliquer à quel point le film offre un grand réalisme malgré un thème qui permettrait facilement de déraper. D’ailleurs, ce sujet a déjà été utilisé à profusion dans la comédie. Parfois dans le drame lourd et larmoyant. Mais ici, Gan et Schachter reste sur la ligne permettant de créer un long métrage réaliste et contemplatif amenant une réflexion. 

Un sujet difficile

En effet, situé dans le magnifique décor de Pink Lake, une ville rurale anglophone du Québec, — ce qui est aussi rarement montré dans les films canadiens et québécois — Pink Lake aborde le délicat enjeu de la fécondation grâce au sperme d’un donneur que l’on connait.

Pink Lake - Un sujet difficile - Marie-Marguerite Sabongui (Nadia) and Charles Brooks (Sam)
Nadia (Marie-Marguerite Sabongui), et Sam (Charles Brooks)

Ce n’est plus rare qu’une femme seule décide de faire « affaire » avec une banque de sperme pour pouvoir procréer. Mais l’utilisation d’un donneur qui est aussi un proche, ça, c’est plus rare. Et c’est surtout encore un sujet tabou. Ayant des amies qui ont utilisé ce type de services afin de pouvoir avoir un bébé, j’avais déjà eu l’introspection. Serais-je prêt à donner mon sperme à une amie ou à un couple d’amies pour qu’elles aient un bébé? Il y a beaucoup d’implications légales, mais aussi morales et émotionnelles. Ce sont justement ces questions que le film interroge. 

Mais lorsque Nadia demande à Sam d’être son donneur de sperme, elle perturbe l’existence paisible du couple. Sam a toujours voulu un enfant, mais sa conjointe n’en veut pas. Par amour il a donc accepté qu’il en serait ainsi. En tant que spectateur/voyeur de cette intimité perturbée, on se questionne sur les motivations de Sam. Serait-il réellement en mesure de ne pas revendiquer la paternité, de ne pas s’impliquer et de ne pas se sentir émotionnellement impliqué. Du coup, le spectateur se retrouve représenté par Cora dans ce rôle incertain quant à ce don spécial. 

Les réalisateurs réussissent à traiter de ce sujet délicat de façon efficace afin de créer une œuvre passionnante qui amène la réflexion. Pas une seconde on ne s’ennuie alors que notre cerveau passe de la contemplation au questionnement, de la frustration au plaisir et de l’inertie au questionnement. 

Un peu plus…

Pink Lake - Un sujet difficile - Marie-Marguerite Sabongui (Nadia) and Charles Brooks (Sam)
Nadia et Cora

Au-delà de la thématique du don de sperme, Pink Lake aborde l’amitié et le don de soi. Pas tant le don de Sam, que celui de Cora. D’une certaine façon, c’est elle qui a le plus gros enjeu ici. Je suis certain que si vous demander aux femmes dans votre entourage, si elles seraient prêtes à ce que leur chum donne son sperme à une amie pour qu’elle puisse avoir un bébé, que la grande majorité dirait non. Ou un petit « pas sûre ».

Nous, occidentaux, sommes très possessifs de nos progénitures et de ce qui permet de les faire. Quoi qu’il en soit, Pink Lake est un superbe film, et je vous le conseille fortement. 

Bande-annonce

Fiche technique

Titre original
Pink Lake
Durée
80 minutes
Année
2020
Pays
Canada / Québec
Réalisateur
Emily Gan et Daniel Schachter
Scénario
Emily Gan et Daniel Schachter
Note
8.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Pink Lake
Durée
80 minutes
Année
2020
Pays
Canada / Québec
Réalisateur
Emily Gan et Daniel Schachter
Scénario
Emily Gan et Daniel Schachter
Note
8.5 /10

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