Girl Gang - Une

 [Hot Docs] Girl Gang — La réalité des influenceurs

« Il était une fois une jeune fille à qui ses parents avaient offert un miroir noir. Et quand elle regardait à l’intérieur, toutes les autres filles de ce monde pouvaient la voir et l’entendre.
Venez et suivez-moi! Dit la fille. »

girl gang - affiche

Il était une fois, une influenceuse des médias sociaux de 14 ans nommée Leonie, qui vivait en périphérie de Berlin avec son père et sa mère, des anciens est-allemands. Avec son étoile montante, les parents de Léonie deviennent ses managers. Mais sauront-ils la guider et la protéger alors qu’ils connaissent moins que leur fille les énormes possibilités économiques et les écueils de ses activités en ligne? 

Avec Girl Gang, Susanne Regina Meures nous amène dans un récit intime afin de nous faire découvrir la réalité d’une influenceuse. Voici un documentaire de longue haleine, tourné sur 4 années.

80% des ados veulent faire un métier dont ils ne savent absolument rien

Dans son documentaire, Susanne Regina Meures présente des chiffres qui font peurs. Il semblerait qu’en Allemagne (mais c’est probablement similaire ailleurs) plus de 50% des adolescentes se sentiraient plus proche d’une influenceuse que de n’importe quel de leurs amis « réels ». C’est tout de même inquiétant. Lorsqu’elle présente des statistiques, la réalisatrice enlève tout artifice en les présentant, écrites en blanc, sur fond noir. 

Girl Gang - 80% des ados veulent être influenceur
Leonie au travail

Une autre statistique préoccupante est que plus de 80% des ados voudraient faire le « métier » d’influenceur. Tsé, une vie facile à publier sur les réseaux sociaux. Mais ils ne réalisent pas tout le travaille qu’il y a, en général, derrière ces milliers, voir millions de followers. C’est là l’importance de Girl Gang : montrer la réalité. Fait à noter, d’ailleurs, en général, on ne devient pas un influenceur par profession. C’est quelque chose qui peut se développer un peu par chance, en créant du contenu. 

Pendant 96 minutes, on voit le conte de fées se transformer en réalité. On voit les débuts faciles, où la jeune femme de 14 ans est populaire par milliers d’abonnés, en faisant un peu de tout. Puis le changement de direction où elle et ses parents décident d’en faire une carrière. L’adolescente devient le navire de ses parents. Son père dit même, en toute honnêteté, qu’il vit dans le rêve de sa fille et que s’il devait retourner à une vie normale, il ne sait pas s’il en serait capable. 

Mais à 14 ans, on ne réalise pas ce que c’est que de travailler à temps plein. Éventuellement, elle reçoit une grosse dose de réalité alors que ce sont ses parents (et gérants) qui doivent constamment lui rappeler ses engagements envers les commanditaires. Non, à 14 ans on ne peut pas être prêt à vivre ce que Leonie vit…

Une pure folie

À tous les niveaux, il s’agit d’une vie de pure folie. Pour les parents, pour Leonie, pour les fans…

Girl Gang - Une pure folie
Melanie

Melanie, une adolescente de 13 ans, vit une vie par procuration. Son seul passe-temps est de suivre Leo sur les réseaux sociaux et de se charger d’un compte fan-club de Leoobalys. Pour elle, comme pour plein d’autres filles de son âge, Leo est leur idole et sa vie est tellement plus belle que la leur. Melanie le dit directement à la caméra. Elle explique à un moment que sa mère lui a enfin donné la permission de passer plus de temps sur les réseaux. Enfin, elle peut y consacrer 12 heures par jour. Elle qui avait dû couper son temps d’exposition de 17 heures par jour à 8 heures. 

Le film commence en montrant la folie du point de vu des admiratrices. La phrase-choc qui nous happe dès les premières secondes? « Il y a des filles qui s’évanouissent à l’avant ». Non, ce ne sont pas les Beatles ou les Backstreet Boys qui sont en concert dans le centre commercial. C’est cette adolescente de 14 ans, qui n’a jamais rien fait de spécial, qui n’a aucune réalisation spéciale. Je ne veux pas diminuer le travail derrière le personnage. On le voit dans le film, elle travaille beaucoup. Mais on parle tout de même d’une fillette de 14 ans qui n’a pas inventé un remède contre la covid, ni sauvé un chat de la noyade. On est loin de Greta Thunberg. Mais les filles sont hystériques devant elle. 

L’autre partie folle, c’est la vie que Leo et ses parents mènent. Ils se sont lancés dans une aventure pour laquelle ils n’étaient pas préparés. Pour montrer comment le conte de fées peut tourner au vinaigre, la réalisatrice a eu la brillante idée de commencer et de terminer son film avec une narration. La narratrice récite ses lignes comme s’il s’agissait d’un conte pour enfants. Brillant!

Un peu plus…

À la fin, Girl Gang regarde intelligemment son protagoniste à travers les yeux des autres – ses parents, ses sponsors, ses fans — et se sert le de l’image du miroir noir pour illustrer le smartphone et ainsi refléter la moralité trouble et la division désordonnée des rôles entre parent et enfant, idole et fan, le soi et l’image, qui façonnent la création et la consommation sur internet. Dans un conte de fées moderne sur la cyber-servitude, une fille avec plus d’adeptes que d’amis tente de trouver un équilibre entre les pressions de la popularité et les bénéfices de se faire connaître au sein d’un nouveau système technologique et financier qui absorbent, puis avalent ses jeunes.

Girl Gang - Un peu plus
Leonie et ses parents

Elle nous livre donc un film que le 80% des ados devraient voir.

Girl Gang était présenté aux Hot Docs, du 28 avril au 8 mai 2022.

Bande-annonce

Fiche technique

Titre original
Girl Gang
Durée
96 minutes
Année
2022
Pays
Suisse / Allemagne
Réalisateur
Susanne Regina Meures
Scénario
Susanne Regina Meures
Note
8 /10

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fiche technique

Titre original
Girl Gang
Durée
96 minutes
Année
2022
Pays
Suisse / Allemagne
Réalisateur
Susanne Regina Meures
Scénario
Susanne Regina Meures
Note
8 /10

© 2023 Le petit septième