« Devil last dance. »
Tourné sur place à Londres et Brighton, le nouveau long métrage documentaire d’Andrew Dominik, This much I know to be true, dévoile la relation créative exceptionnelle entre Nick Cave et Warren Ellis alors qu’ils donnent vie aux chansons de leurs deux œuvres les plus récentes : Ghosteen (Nick Cave & the Bad Seeds) et Carnage (Nick Cave & Warren Ellis).
On peut notamment y voir leurs toutes premières interprétations de ces albums, filmé au printemps 2021 avant leur tournée au Royaume-Uni. Le public voit les deux hommes, accompagnés de chanteurs et d’un quatuor à cordes, donner vie à chaque chanson. Le documentaire comprend une apparition spéciale de Marianne Faithfull, amie proche et collaboratrice de longue date.
Le talent de Nick Cave n’est, de nos jours, plus à démontrer : sa créativité a su perdurer depuis ses débuts, d’un rock au son des 80’s, jusqu’aux années 2000 avec ses contributions de plus en plus nombreuses pour le cinéma. Et enfin, aujourd’hui, Carnage, son dernier album composé avec Warren Ellis.
Du rock de sa jeunesse avec les Bad Seeds à aujourd’hui, la musique de Nick Cave n’a cessé d’évoluer.
Au fil des années, ses compositions musicales ont adopté une tonalité plus sombre, le chant à évolué vers un « parlé poétique », les chœurs se sont installés au sein des chansons.
Si l’aspect religieux a occupé une place importante dès les débuts sur scène de Nick Cave, sa rébellion s’est dissipée pour laisser place à des inspirations à la fois chamaniques et poétiques.
Au début de ce documentaire, Nick Cave explique ses nouveaux projets en tant que céramiste. Au cours de ces dernières périodes de confinement, l’artiste chanteur et compositeur a décidé d’utiliser son temps qu’il ne pouvait passer sur scène, vers des créations à inspirations religieuses.
Ainsi, il a créé une série de figurines autour du thème du diable et il prend le temps de les présenter, l’une après l’autre. Elles racontent une histoire, « The story of the devil on 18 figurines ».
Le réalisateur va ainsi filmer les enregistrements de Nick Cave et Warren Ellis pour certaines chansons des albums Ghosteen et Carnage. Il joue avec la lumière et les mouvements de caméra, qui circulent autour des artistes durant leurs performances. Marianne Faithfull, amie de longue date, participera également. Sa voix sera ensuite enregistrée et travaillée, utilisée en écho.
Non seulement la musique de Nick Cave a évolué vers de nouvelles tonalités, mais ses compositions ont également adopté une nouvelle dimension depuis quelques années et son partenariat avec Warren Ellis.
Invité par Nick Cave à participer à plusieurs chansons au début des années 90, il est ensuite devenu un élément fondamental lors de la composition de musiques de films, tels que The proposition (John Hillcoat, 2005) ou The assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford (déjà réalisé par Andrew Dominik, 2007). Leur partenariat a également abouti à la conception d’un album, White Lunar (2009), devenu une référence musicale.
Cette conception à quatre mains s’élabore autour de deux personnalités complémentaires : Warren Ellis, multi-instrumentiste de talent, considère que la création peut découler de l’inspiration du moment où l’improvisation est de mise. Nick Cave, quant à lui, semble une personnalité concentrée et rigoureuse. Ses sources d’inspiration sont variées et depuis quelques années, la recherche de sens semble fondamentale pour lui.
Ce film sobre et centré exclusivement sur les performances récentes des deux artistes intéressera avant tout les connaisseurs de la musique de Nick Cave et Warren Ellis. En effet, leurs dernières compositions s’éloignent de l’univers du rock des 80’s et adoptent une posture davantage intellectuelle autour des écrits de Nick Cave, débarrassés de tout surplus tapageur.
Pas d’accélération ni de rythmes répétitifs, mais des chœurs et des échos, des ajouts progressifs. Enfin, une collaboration fort fructueuse entre deux artistes incontournables.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième