« Vous portez tous des vêtements occidentaux. Vous buvez du whisky étranger. Les gens vont se faire des idées. »
Kobe, 1940. Yusaku (Issey Takahashi) et sa femme Satoko (Yu Aoi) vivent comme un couple moderne et épanoui, loin de la tension grandissante entre le Japon et l’Occident. Mais après un voyage en Mandchourie, Yusaku commence à agir étrangement… Au point d’attirer les soupçons de sa femme et des autorités. Que leur cache-t-il? Et jusqu’où Satoko est-elle prête à aller pour le savoir?
Avec Les amants sacrifiés, Kiyoshi Kurosawa offre un suspense hitchcockien situé dans la campagne japonaise déchirée par la guerre, et dépeint la lutte d’un couple pour surmonter la méfiance et rester fidèle à son amour.
Nous sommes en 1940 à Kobe, à la veille du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Le commerçant local et cinéaste amateur Yusaku sent que les choses vont dans une direction troublante.
Alors que la majorité de la population croit au bien-fondé des politiques de guerre du Japon, Yusaku croit plutôt que cette guerre est injuste et s’y oppose. Et surtout, il refuse d’accepter la politique protectrice du Japon dans laquelle on ne consomme aucun biens, fait à l’extérieur du pays. Mais suite à un voyage en Mandchourie, il devient déterminé à mettre au jour les choses dont il a été témoin là-bas — et secrètement filmées. Pendant ce temps, sa femme Satoko reçoit la visite de leur ami d’enfance, maintenant policier militaire. Il la met en garde contre les manières séditieuses de Yusaku et révèle qu’une femme que son mari a ramenée de son voyage est décédée.
Les amants sacrifiés n’est pas un film de guerre ou sur la guerre. Il utilise plutôt la Seconde Guerre mondiale pour raconter une histoire terrifiante. Mais cette tranche d’histoire n’a pas été racontée souvent ici. On connait bien les atrocités commises par l’Allemagne nazi, mais beaucoup moins celles commises par le Japon, qui était un des alliés de l’Allemagne et de l’Italie.
Je disais donc que ce film est, avant tout, un genre de film noir. Et un suspense drôlement efficace!
Le mariage est un phénomène unique par lequel des hommes et/ou des femmes d’origines et de statuts différents s’unissent pour ne faire qu’un, s’engageant à partager la même vie et le même destin. Bien que les époux soient égaux, chacun a un côté que l’autre ne connaît pas, qui reste souvent caché derrière une façade de confiance mutuelle. Cependant, une légère tournure des événements peut faire apparaître ce côté inconnu. Avant que vous ne vous en rendiez compte, la suspicion et le doute commencent à apparaître.
Normalement, dans un film noir, c’est une blonde inconnue qui vient à la rencontre du héros. Le spectateur devra éventuellement décider si cette femme mystérieuse est gentille ou méchante. Ici, ce sont un mari et sa femme qui jouent ces rôles. Lorsque Yusaku dévoilera ce qu’il sait et ce qu’il compte faire à Satoko, celle-ci, déchirée entre la loyauté envers son mari ou celle à son pays, commencera à manigancer de son côté. Mais que prépare-t-elle? Ce mystère tiendra le spectateur bien collé à son siège jusqu’à la dernière seconde du long métrage.
Avec Les amants sacrifiés, les spectateurs sherbrookois (et québécois) ont la possibilité de voir du cinéma japonais populaire. Ce n’est pas tous les jours qu’on a cette occasion au Québec.
De plus, ce film permet de découvrir, ou d’assimiler, une partie de l’histoire qu’on ne connaît pas si bien.
Les amants sacrifiés est présenté au Festival Cinéma du Monde de Sherbrooke, du 7 au 14 avril 2022.
Bande-annonce
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