Vincent et Sophie sont bouchers. Leur commerce, tout comme leur couple, est en crise. Mais leur vie va basculer le jour où Vincent tue accidentellement un végan militant qui a saccagé leur boutique… Pour se débarrasser du corps, il en fait un jambon que sa femme va vendre par mégarde. Jamais jambon n’avait connu un tel succès! L’idée de recommencer pourrait bien les titiller…
Dans les innombrables possibilités que le cinéma peut offrir, le mélange du genre horrifique et comique est sans aucun doute celui qui marche le mieux et celui qui est le plus compliqué à faire fonctionner. Il s’agit d’une bonne combinaison, car comme l’explique le réalisateur de Nightmare Cinema, Mick Garris, la comédie et le film d’horreur sont deux genres qui amènent une réaction physique chez le spectateur, soit le rire. Mais c’est aussi la plus compliquée. Parce que s’il y a un manque d’équilibre, un film se retrouve trop effrayant pour faire rire et vice-versa. Dans les bons exemples, on peut citer des cinéastes comme Edgar Wright, Sam Raimi et Peter Jackson avec des films comme Shaun of the Dead, Evil Dead 2 et Fantômes contre Fantômes. Dans les mauvais exemples, il y a le cas d’aujourd’hui, l’humoriste, acteur et réalisateur Fabrice Éboué, qui pour son quatrième film a tenté le mélange de genres, ce qui a donné Barbaque.
Le réalisateur y partage l’affiche avec Marina Foïs, ancienne membre du collectif humoristique les Robin des bois et aussi connue pour ses rôles dans des registres plus dramatiques, plus particulièrement Polisse de Maïwenn. Les deux acteurs incarnent un couple de bouchers, dont les affaires sont lentes et bouleversées par un groupe de végétaliens extrémistes. Jusqu’au jour où ils tuent l’une de ces personnes et découvrent deux choses : ils y ont pris du plaisir et la viande de végétaliens a bon goût.
Le réalisateur propose un mélange de genre inusité, à la fois une comédie politiquement incorrecte, dans lequel le végétalisme et les grandes entreprises sont moquées, ainsi que le film de tueur en série et de cannibales, à la manière C’est arrivé près de chez vous, ce que le réalisateur revendique comme étant sa première influence. Et à certains moments, ça marche. Certains moments offrent un instant de rigolade, d’autres donnent un malaise au visionnement. Il y a aussi des critiques à la fois pertinentes et nuancées sur ce que le film aborde, comme comment les adeptes de régimes végétaliens peuvent prendre trop au sérieux leur cause, mais que ce n’est qu’un petite minorité, et comment les grandes compagnies peuvent prendre le dessus sur les petits commerces, et ce, même si leur produit sont de moins bonne qualité.
C’est juste dommage que le film soit purement ennuyeux. Presque tout est plat. La réalisation est basique et sans ambition, la direction artistique est juste fade, les acteurs semblent donner le minimum syndical et le film est lent. Il n’y a pas grand-chose qui attire notre attention au visionnement du film. Sauf à quelques moments viennent des scènes où on a réellement l’impression que le film nous offre ce qu’il est censé offrir. Parce que c’est là le véritable problème du film, son potentiel gâché. Avec une histoire de bouchers qui tuent des végétariens et qui les font vendre dans leur boutique, il y avait de quoi faire un film qui bouscule, capable de faire rire dans des moments de pure malaise, de choquer le public qui est moins habitué à ce genre d’histoire, de créer un véritable bijou d’humour noir, un film qui dénonce totalement ce dont il se moque, une oeuvre cinématographique capable de choquer et diviser le public. C’est ce que les plus grands films de genre ont réussi à faire, ce que Julia Ducournau a fait avec succès dans Titane, ce que Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde ont fait dans le film qui a influencé Barbaque. Cependant, Fabrice Éboué a manqué son coup. Les scènes dont le film aurait eu besoin pour briller sont là, elles sont même incroyablement divertissantes, mais elles ne sont qu’une petite partie.
Finalement, Barbaque aurait pu être bien plus que ce qu’il est. Il aurait fallu que le réalisateur ait l’idée et le courage de rendre son film beaucoup plus transgressif pour qu’il marque vraiment. Mais le résultat reste plat et ennuyeux, ce qui est vraiment dommage quand on voit qu’il reste des morceaux du film que l’on aurait souhaité avoir.
Bande-annonce
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