First we eat - Une

First We Eat — Mais avant tout, il faut convaincre

« Do you ever have any hopes that any of us would actually agree to this? »
[Avais-tu le moindre espoir qu’un seul d’entre nous accepterait?]

First We Eat - affiche

Que se passe-t-il lorsqu’une famille ordinaire, vivant juste au sud du cercle polaire arctique, interdit toute nourriture d’épicerie de sa maison pendant un an? Ajoutez trois adolescents sceptiques, un mari réticent, pas de sel, pas de caféine, pas de sucre et des températures de -40°.

Avec son documentaire First We Eat, Suzanne Crocker tente de démontrer qu’il est possible de vivre à 100% de produits alimentaires locaux, même si on vit à seulement 300 km du cercle polaire arctique. Elle offre, du coup, une belle leçon de résilience.

La famille

Dans First We Eat, tout commence avec la famille. Lorsque Suzanne a évoqué pour la première fois l’idée de ne pas acheter de nourriture à l’épicerie pendant un an, ses enfants – Sam (17 ans), Kate (15 ans) et Tess (11 ans) – ont tous refusé catégoriquement. Tout comme son mari Gerard. Et pourtant, le film s’est fait.

First we eat - La famille - Gerard
Gerard

On ne voit pas comment la femme a réussi à convaincre sa famille, mais elle a finalement réussi. Au début, c’est par un genre de contrat verbal que les enfants acceptent d’essayer pour un mois. À voir les réactions des enfants lorsqu’ils goutent aux préparations culinaires de leur mère, j’ai un peu de difficulté à comprendre comment ils ont pu poursuivre l’expérience pendant toute une année. Peut-être que la salle confessionnelle qu’elle a mise en place y est pour quelque chose. Tout au long de l’année, la famille a eu l’occasion d’exprimer ses pensées, à la manière d’un journal vidéo, directement à la caméra — sans personne derrière celle-ci. La réalisatrice/mère, Suzanne, ayant promis de ne pas regarder les images « confessionnelles » avant la fin de l’année. Heureusement pour sa confiance.

Mais, pendant un an, elle nourrit sa famille de cinq, uniquement de la nourriture qui peut être chassée, pêchée, cueillie, cultivée ou élevée autour de Dawson City, au Yukon, sur le territoire traditionnel des Tr’ondëk Hwëch’in.

Les contributeurs

Évidemment, Suzanne Crocker n’y serait pas parvenue à elle seule. D’autant plus que ses enfants étaient plus un adversaire qu’un adjuvant dans cette aventure. Mais elle aura trouvé des alliés de grande valeur, à commencer par son mari qui, malgré une belle réticence au début, s’est avéré un bon contributeur. 

First we eat - Les contributeurs - Suzanne Crocker
Suzanne Crocker

Mais la grande force de la réalisatrice est probablement de connaitre ses forces, mais surtout ses limites. La cuisine n’était pas son « habitat naturel » et elle n’était pas un maître jardinier. Loin d’être une experte, Suzanne se considérait plutôt comme une « page blanche ». C’est donc en collaborant avec l’expertise nordique, les savoirs traditionnels et les producteurs locaux qu’elle espérait réussir.

Pour le spectateur se met alors en place toute une page de découvertes sur les possibilités de vivre sans l’importation de milliers de produits. Dawson compte environ 66 jours consécutifs sans gel. C’est peu. Alors, imaginez si vous vivez — comme moi — dans le sud du pays… On n’a d’autre choix que de réaliser qu’il est possible d’en faire plus, même si c’est juste un petit peu plus. 

Mais encore…

Tout au long du film, le spectateur découvre des techniques de culture, de pêche ou de conservation. Ces découvertes nous sont présentées en fonction des défis que le nord représente. Des défis comme la météo, la chasse à l’élan, une agriculture sans accès routier et hors réseau, les engrais locaux, l’hivernage du bétail, la reproduction des bêtes et la conservation des semences.

First we eat - Mais encore - Kate
Kate

Sans oublier un élément magnifique, que peu d’endroits sur la planète possèdent : malgré une courte saison, en été, les gens de Dawson City profitent de près de 24 heures de lumière du jour et des températures très chaudes, ce qui signifie que les cultures par temps froid, comme les épinards, ont tendance à monter en flèche.

Que vous soyez concerné par la communauté (savoir d’où vient votre nourriture et valoriser la terre et les personnes qui la produisent), la durabilité, la valeur nutritionnelle de votre nourriture, limiter votre consommation de pétrole, l’empreinte carbone ou les coûts et l’accessibilité des aliments – la souveraineté alimentaire est un sujet d’intérêt pour beaucoup d’entre nous. C’est pour toutes ces raisons que First We Eat est un film important et pertinent pour tous.

Note : 8/10

Bande-annonce

Fiche technique

Titre original
First We Eat
Durée
101 minutes
Année
2020
Pays
Canada
Réalisateur
Suzanne Crocker
Scénario
Suzanne Crocker et Nettie Wild
Note
8 /10

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Fiche technique

Titre original
First We Eat
Durée
101 minutes
Année
2020
Pays
Canada
Réalisateur
Suzanne Crocker
Scénario
Suzanne Crocker et Nettie Wild
Note
8 /10

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