« Ces mots vous sont destinés. »
Cette femme qui vous observe par sa fenêtre, en se faisant un thé, elle se nomme Marguerite. Elle avait presque 18 ans en 1945. Et à travers les gestes quotidiens d’une autre journée routinière, d’une simple routine journalière, Marguerite réfléchie à sa vie. À celle qu’elle a eue. À celles qu’elle a sauvées. Elle repense à ses rêves. À ceux qu’elle n’a pas réalisés. Au rêve de liberté de ceux qu’elle a libérés. Et elle sourit. Car elle nourrit encore quelques espoirs. Des espoirs qu’elle entretient toujours, et qui ont été pour elle, un guide, un phare.
Avec On m’appelait Marguerite, Alessandro Cassa paie un touchant hommage à ces personnes que nous avons oubliées. À ces personnes que nous croyons connaître.
Avec son nouveau court métrage, Cassa pose un regard sur l’anonymat du bel âge, et du passé qui peut caractériser ces femmes qu’on regarde de loin sans réellement se poser de questions. Qui est Marguerite? Qui est cette vieille dame qui vit seule? Dans notre société vieillissante, il y a de plus en plus de ces femmes seules et, d’une certaine façon, anonymes. La femme dont il est question ici porte un dur passé que de moins en moins d’êtres portent.
Ce sont elles à qui Alessandro Cassa rend hommage. Oui, elles, car Marguerite n’est pas seule dans sa solitude. Tout en semant des indices, le réalisateur ne révèle qu’à la toute fin qui est vraiment cette dame âgée.
C’est grâce à un judicieux mélange d’images d’archives et de matériel fraîchement tourné que ce court métrage prend vie.
Peu d’hommes sont capables d’écrire au féminin. Cassa l’avait fait avec son premier roman Le chant des fées, et il le fait maintenant au cinéma avec On m’appelait Marguerite. Et il ne s’agit pas seulement de mettre une femme dans le rôle principal. Il n’y a aucun homme dans ce film. On vante souvent ces équipes composées principalement de femmes. Ici, bien qu’un homme soit aux commandes, il s’est entouré uniquement de femmes pour livrer un récit touchant, juste, et musicalement magnifique.
Comme à son habitude, le réalisateur livre un film narré. Mais cette fois-ci, c’est une femme qui livre les lignes avec justesse. Des lignes qu’on croirait écrites par une femme tellement elles sonnent vraies.
Encore une fois, le réalisateur québécois aura réussi à créer un univers unique et émouvant, dans un style qui lui est propre.
Bande-annonce
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