« Peace has made us wealthy. »
[La paix nous a rendus riches.]
Nous sommes en 1402. Margrete (Trine Dyrholm) a réalisé ce qu’aucun homme n’a réussi auparavant. Elle a réuni le Danemark, la Norvège et la Suède dans une union axée sur la paix, qu’elle dirige à elle seule par l’intermédiaire de son jeune fils adoptif, Erik. L’union est cependant assaillie par des ennemis, et Margrete envisage donc un mariage entre Erik et une princesse anglaise. Une alliance avec l’Angleterre devrait garantir le statut de l’union en tant que puissance européenne émergente, mais une conspiration à couper le souffle est en cours, ce qui peut déchirer Margrete et tout ce en quoi elle croit.
Avec Margrete: Queen of The North, Charlotte Sieling (connue aussi pour des émissions de télévision américaines telles que Homeland) tisse à l’écran un célèbre conte danois sur le faux roi Oluf, « l’un des mystères les plus fascinants de l’histoire nordique ». C’est un thriller de fiction intéressant, inspiré d’événements réels. Il pose deux questions : cet homme est-il un vrai fils de la reine? Qui est dans les coulisses? Le film continu sur ces mystères, en représentant la grande et pieuse régente du point de sa lutte intérieure. Il réussit à révéler un beau petit morceau méconnu de l’histoire de l’Europe.
L’histoire se déroule principalement à Kalmar, en Suède, où l’Union de Kalmar a été historiquement formée dans le but de créer la paix entre les royaumes nordiques. L’importance de l’union s’exprime tout au long de la présence de chaque conseil : Asle Johnson de Norvège, Jens Due du Danemark et John Sparre de Suède. Il manifeste la structure de l’Union, sur laquelle le roi Erik règne par la régente Margrete qui est danoise et mariée au roi de Norvège. L’union est stable tant que tout le monde partage le même objectif : la paix. Les choses commencent à bouger lorsqu’un homme qui se fait appeler Oluf se présente et prétend qu’il est un vrai fils de Margrete. Fils qui serait mort il y a 15 ans, et demande le trône à Erik qui a été amené de Poméranie à l’âge de 5 ans et à qui on a donné un nom suédois. Avec l’arrivée d’Oluf, les intérêts concurrents de chaque membre du conseil commencent à apparaître. Asle prétend qu’Oluf est le vrai roi, tandis que les autres se tiennent aux côtés d’Erik. Ainsi, son apparition sur la scène n’est pas seulement un problème entre une mère et un fils, mais celui d’un roi et de l’Union.
De toute évidence, le problème est que personne ne peut prouver si l’homme est le vrai Oluf ou non. Cependant, il est minutieusement laissé entendre au cours du film qu’il pourrait vraiment l’être, bien qu’aucune preuve explicite ne soit fournie. Dans un cas comme celui-ci, toute décision doit reposer sur une hypothèse, et seule une ferme conviction pourrait clore le dossier. Margrete pourrait bien dire « Tu ne peux pas être mon fils », pour ne pas nuire à l’alliance avec l’Angleterre, qui est prévue par le mariage d’Erik avec la princesse Philippa. En revanche, si son instinct le reconnaît comme son fils, elle peut l’accepter comme le vrai Roi. Margrete se bat avec cette incertitude.
L’une des choses les plus excitantes du film est que les amis et les ennemis de Margrete changent au fur et à mesure que l’histoire avance. On découvre qu’une personne qui avait l’air méfiante au début ne l’est pas, ou celle qui avait l’air gentille se retourne contre elle, etc., etc. La situation change encore et encore, et les personnages ne sont pas décrits tout en noir et blanc. C’est un point attirant dans le film, grâce au mystère non résolu sur Oluf.
Ça vaut la peine de comparer le film de Charlotte Sieling avec d’autres films historiques. À l’exception de la célèbre reine Élisabeth I, les personnages féminins historiques n’étaient pas assez évoqués jusqu’à récemment. Mais la donne est en train de changer. Le monde est maintenant de plus en plus curieux à propos de ces femmes. Cependant, dans de nombreux cas, elles ont tendance à être décrites comme une personne luttant entre le fait d’être mère/épouse et son statut social. Au début, j’avais pensé que Margrete serait à nouveau décrite de la même manière. Mais je me trompais. Le film suggère brillamment que les luttes de ce genre ne sont pas le thème principal. Il s’agit de la façon dont elle a manœuvré pour maintenir l’Union.
C’est un film parfait pour se plonger dans le monde médiéval. Une certaine connaissance préalable de l’histoire nordique le rendrait plus agréable. Comme l’histoire se déroule sur un ton plutôt monotone, il faudra peut-être un peu de patience. Néanmoins, le film mérite sûrement d’être regardé. L’actrice Trine Dyrholm incarne parfaitement Margrete.
Note : 9/10
Bande-annonce
Traduction par François Grondin
© 2023 Le petit septième