[RIDM] Casting Nelly | Love-Moi

Vous me connaissez, je ne peux pas passer à travers un festival sans parler, au moins, de quelques courts métrages. Pour l’édition 2021 des RIDM, j’en ai choisi 2 : Casting Nelly, qui est présenté dans le cadre de la Soirée de la relève Radio-Canada; et Love-moi, qui est présenté en compétition. 

Pourquoi ai-je choisi ces 2 titres? Simplement parce qu’ils traitent d’un thème qui m’intéresse particulièrement : l’image. 

Casting Nelly (Jérémie Picard) Québec — 17 minutes

« Ce que j’ai retiré de son œuvre, moi, c’est ce paradoxe-là. Je suis féministe, je ne suis pas un objet sexuel, mais je veux être l’objet le plus sexuel, le plus désirable de la pièce. Ça, ça me fucke en esti. »

Casting Nelly - afficheAlors qu’elles auditionnent pour le rôle de Nelly Arcan, des actrices articulent une parole digne et essentielle. Une approche à la fois simple et originale qui déploie un hommage sensible à cette grande écrivaine, et à toutes les femmes.

Pour son premier documentaire en court métrage, Picard y est allé de quelque chose d’incroyablement simple, et pourtant particulièrement fort. Pendant 12 des 17 minutes que dure ce film, les jeunes femmes qui auditionnent pour le rôle de Nelly Arcan sont simplement assises sur une chaise, parlant de leur vision de l’auteure, ou lisant des lignes des romans d’Arcan.

Et malgré cette grande simplicité, j’ai été bouleversé par la force des mots que prononcent ces femmes. Par moment on ne sait plus si les mots sont des lignes tirées des romans, ou si ce sont les actrices qui sont en train de parler d’elles-mêmes. Et c’est là que le film frappe l’imaginaire du spectateur. Comment se fait-il que des phrases sorties d’œuvres littéraires particulièrement dures ne sont pas plus faciles à repérer? 

Oui, Nelly Arcan est une incontournable lorsqu’on parle d’image corporelle. Mais c’est en écoutant d’autres femmes raconter leurs propres histoires à travers Nelly qu’on comprend que l’auteure de Putain n’était malheureusement pas seule dans son combat contre les imperfections.

Une première œuvre qui laisse présager un bel avenir pour le jeune réalisateur québécois.

Note : 9.5/10

Love-moi (Romane Garant Chartrand) Québec — 23 minutes

« Tsé, si je mets une photo cute, je veux avoir la validation de mes amies. Si je mets une photo sexy, je veux avoir la validation des gars… Pis de certaines filles. »

LOVE-MOI
Laetitia

La jeune et pétillante Laetitia évolue dans un monde où la séduction, le regard des autres et le contrôle de son image font partie intégrante du quotidien. Dans une proximité impressionnante, accompagnée par une caméra délicate et respectueuse, la réalisatrice Romane Garant Chartrand parvient à façonner un portrait attentif et actuel de cette charismatique cégépienne de 17 ans et du lien profond qui la noue à ses amies.

Il y a un truc vraiment dérangeant dans ce film. En 2021, on pourrait croire que les jeunes femmes sont moins dans la performance de l’image. On pourrait croire que le féminisme a percé et que les jeunes n’ont plus ce genre de dépendance. Clairement, et les réseaux sociaux comme Instagram et Tik Tok n’aident pas, ce n’est pas le cas de toutes les adolescentes. 

La force du film de Romane Garant Chartrand est de ne pas porter de jugement. Elle questionne, mais jamais elle ne juge. Fait intéressant, par contre, Laetitia, elle, semble se juger. La question que vient à se poser le spectateur en regardant ce documentaire est la suivante : comment se fait-il que malgré qu’elle soit consciente du côté nocif de son mode de vie numérique, la jeune femme persiste à agir ainsi? 

Ce qui m’amène au seul point négatif du court métrage. On dirait qu’on tente de justifier ce comportement par l’enfance difficile qu’a eue Laetitia. 

Sommes toutes, ce film amène un sérieux questionnement sur la place de l’image dans notre société actuelle, qui se veut plus féministe et plus égalitaire. À voir!

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