« I guess it’s just like… How could you not love someone who loves the person you love? »
Lane (Hannah Pepper), Bertie (Idella Johnson) et Fred (Lucien Guignard) ont déjà partagé une relation polyamoureuse à la Nouvelle-Orléans. Lane aimait Bertie, Fred aimait Bertie, ils avaient un équilibre qui fonctionnait… jusqu’à ce que ce ne soit plus le cas, et Lane a disparu de leur vie. Bertie et Fred (tous deux musiciens de jazz) se sont maintenant mariés et ont déménagé dans la campagne française pour se concentrer sur leur carrière musicale. Mais Bertie a perdu son inspiration et Fred, à quelques semaines de leur tournée musicale commune, est désespérément désespéré de faire revenir Bertie dans le beat.
Avec Ma Belle, my beauty, Marion Hill emmène les spectateurs dans une exploration nuancée et douloureuse des complexités de l’amour à travers la beauté des vignobles du sud de la France.
Trop souvent encore, les films qui mettent en scène des personnages « non-hétéro » misent sur une trama narrative dans laquelle l’identité sexuelle du personnage est au centre de l’intrigue. C’est probablement là que se distingue Ma Belle, my beauty. Comme je ne saurais exprimer cet enjeu aussi bien qu’elle, je laisse la réalisatrice exprimer son point de vue à ce sujet :
« We are tired of seeing depictions of gay women and LGBTQIA folk at large whose main struggle in life is with their identity, and we are tired of mainstream eroticization of being “in the closet”. What are the nuances and specificities in relationships between women that are not just varying levels of “out-ness”? Ma Belle‘s characters exist far beyond the discovery stage of queer identity and polyamory, as they confront the complexities and work that these identities require. This is the film that could have shown a young and confused me what kinds of relationships are possible. » [Nous sommes fatigués de voir des représentations de femmes homosexuelles et de personnes LGBTQIA en général dont le principal combat dans la vie est leur identité, et nous sommes fatigués de l’érotisation traditionnelle d’être « dans le placard ». Quelles sont les nuances et les spécificités des relations entre femmes qui ne sont pas seulement des niveaux variables d’« out-ness »? Les personnages de Ma Belle existent bien au-delà du stade de la découverte de l’identité queer et du polyamour, car ils affrontent les complexités et le travail que ces identités nécessitent. C’est le film qui aurait pu montrer, à une jeune et confuse moi, quels types de relations sont possibles.]
C’est en effet une demande qu’ont les membres de diverses communautés (pas seulement LGBTQ, mais aussi ethniques), de trouver des représentations qui leur ressemblent au grand et petit écran, dans des films ou séries accessibles. En voici donc un qui répond assez bien à cette demande.
En contrepartie, Ma belle, my beauty reste un film de genre classique dans sa composition. On n’a qu’à résumer l’histoire pour comprendre que l’originalité du film tient principalement dans sa façon de mettre en scène un « nouveau genre » de relation amoureuse. Fred invite Lane pour une visite surprise, espérant que son retour suscitera quelque chose en Bertie. Mais alors que Lane tente de recréer leur ancienne dynamique insouciante, des tensions non résolues font rapidement surface. Après une rencontre fortuite lors d’une fête, une Lane qui se sent abandonnée se tourne vers Noa (Sivan Noam Shimon), une belle et jeune artiste. Bientôt, jalousies et passions s’enflamment à parts égales. On connait l’histoire, n’est-ce pas?
Il faut tout de même avouer que le film est réussi. Il captive le spectateur aussi bien que le ferait n’importe quel film d’Hollywood. En ajoutant sa vision des relations de couples, on se retrouve certainement avec un film qui se démarque de ses concurrents du même genre.
Au-delà des relations amoureuses atypiques, le film présente une vision intéressante de la dépression. Ici, on voit comment elle est vécue par une artiste et par les gens qui l’entourent. Et bien que ce ne soit pas un thème très présent, il reste important dans l’histoire et il est bien travaillé.
En conclusion, Ma Belle, My Beauty explore la complexité d’une relation polyamoureuse au fil du temps; la dépression et ses effets sur les artistes et les musiciens; et les mariages et relations interculturels.
Note : 7/10
Bande-annonce
Titre original : Ma Belle, My Beauty
Durée : 95 minutes
Année : 2021
Pays : États-Unis/France
Réalisateur : Marion Hill
Scénario : Marion Hill
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