« — Alors, pourquoi voulais-tu me rencontrer? — C’est toi qui voulais me rencontrer. »
Sascha (Katharina Behrens) travaille dans le bordel berlinois « Queens » depuis de nombreuses années. Maria (Adam Hoya) est la nouvelle fille, elle est indépendante, non conformiste et queer. Sascha est immédiatement attirée par cette altérité. Maria à son tour est fascinée par la suprême aisance de Sascha. L’attirance devient un amour qui fonctionne différemment de tout ce que l’un ou l’autre a connu auparavant. Une promesse de grand bonheur. Mais ensuite, leur connexion commence à trembler – à cause de leur peur de montrer leur vrai « moi » et de faire face à leurs propres abîmes.
Avec Bliss (Glück), sélectionné à Berlin en 2021, Henrika Kull propose un film sur la réalité des travailleuses du sexe, sans jugement.
Normales
Ce qui est le plus frappant avec le long métrage de Kull, c’est la façon qu’elle présente ses personnages. Ces femmes qui sont, fondamentalement, des prostituées, nous sont présentées comme le serait un groupe de travailleurs d’usine. Nous avons été habitués à ces films qui montrent la « triste » réalité des travailleuses du sexe, ou la débauche qui fait partie de leur vie. Mais pas ici.
Sascha (Katharina Behrens) et 2 de ses collègues
On voit plutôt l’amitié entre des collègues, le plaisir de travailler, ou les journées plus difficiles au boulot. Est-ce un portrait trop rose de ce milieu? Peut-être est-ce surtout un bon contre balancier de ce qu’on voit habituellement. Sascha et Maria sont des femmes ordinaires. Bien sûr, elles font un travail hors-norme. Mais ça ne fait pas d’elles des étranges ou des bizarres.
Je disais plus haut qu’il s’agissait d’un film sur le milieu du sexe. Je dois dire que ce n’est pas vrai. En réalité, Bliss est l’histoire de deux femmes qui tombent amoureuses et qui vivent certaines difficultés. Par exemple, la jalousie. Oui, oui.
Le film de Kull est donc une histoire qui, malgré le contexte dans lequel elle se déroule, pourra toucher quiconque a déjà été en amour.
