[VIFF] [FNC] The White Fortress (Tabija) — Au Revoir Sarajevo

« — Je ne m’attendais pas à ce que tu m’écrives.
— Moi non plus. »

White Fortress - Tabija - AfficheDans une banlieue délabrée de Sarajevo, Faruk (Pavle Čemerikić) est un orphelin qui vit avec sa grand-mère malade et passe ses journées à chercher de la ferraille pour son oncle, et à participer à des petits délies. Un jour, il rencontre Mona (Sumeja Dardagan), une adolescente timide issue d’une famille aisée et politiquement puissante. Alors que Mona rêve d’échapper à la toxicité dominante de sa vie familiale, elle cherche refuge et s’ouvre à Faruk, un garçon d’un monde entièrement différent du sien.

Avec The White Fortress, Igor Drljaĉa propose une romance de passage à l’âge adulte qui adopte les attributs d’un conte de fées tout en fonctionnant comme un thriller mystérieux.

Sarajevo mon amour

The White Fortress parle de Faruk, et de la fille dont il tombe amoureux, Mona. Mais il est aussi une lettre d’amour et d’adieu à un Sarajevo d’après-guerre. Les vestiges du copinage de l’ère communiste se sont combinés à un capitalisme non réglementé pour élever une nouvelle classe politique qui détient tous les leviers sociaux et économiques du pouvoir. L’oppression de ce système, associée au manque d’opportunités, profite à quelques-uns et prive les jeunes de la capacité de créer un sens à leur vie et de planifier leur avenir. 

White Fortress - Sarajevo mon amour

 « C’est une ville que je reconnais à la fois et dans laquelle je me sens comme un étranger. Il fut un temps où presque tout semblait possible dans cette ville : c’était un lieu d’opportunités, de rêves, de romance naïve et d’un fier sens du multiculturalisme. Mais cette époque est révolue. Le chômage massif des jeunes a contribué à un exode des gens de la ville et de la campagne. » explique le réalisateur.

Dans cet environnement, tomber amoureux est un handicap. Certaines classes et certains groupes ne se mélangent tout simplement pas. Faruk et Mona ne sont jamais censés se rencontrer. Faruk est devenu orphelin lorsque sa mère, une pianiste talentueuse, est décédée. Il a été élevé par sa grand-mère, et vivant de sa maigre pension, il n’a pas eu beaucoup d’opportunités, à part aider l’entreprise de cueillette de fer de son oncle. Mona, à l’inverse, est une enfant de la nouvelle classe politique aisée de Bosnie. Mais alors que la réalité de leur différence de classe est frappante, ce n’est pas un obstacle pour eux. Du moins, jusqu’à ce que les autres prennent conscience de leur relation. 

Ils sont unis parce qu’ils se sentent tous deux perdus dans une ville où les riches et les pauvres manquent d’opportunités, et de la protection d’un État fonctionnel. Certains de ceux qui ne peuvent pas partir se tournent vers une vie de crime, de nihilisme et de violence. Faruk et Mona sont tous deux captifs de cette nouvelle dynamique de Sarajevo, et tous deux manquent d’options pour changer leur situation.

Conte de fées pour paumés

Drljaĉa a monté son film un peu comme un conte de fées. D’ailleurs, à certains moments de l’histoire, on retrouve Mona qui narre la situation à la manière d’un conte, avec la jeune princesse qui rencontre le prince charmant. Mais cette apparence de conte de fées laisse parfois aussi place à la typique tragédie. Quelle fin connaîtront les deux amoureux? C’est là que s’installe le côté thriller mystérieux.

White Fortress - Conte de féé pour paumés
Faruk (Pavle Čemerikić) et Mona (Sumeja Dardagan)

À l’instar des nombreux Cendrillons de l’univers cinématographique, The White Fortress (Tabija) se distingue par la profondeur de son personnage principal. 

Mais encore…

Après avoir été lancé à la dernière Berlinale, le nouveau long métrage captivant et simple de Drljaĉa arrive au Canada. Les dialogues sonnent juste et sont pertinents. On dépeint la pauvreté comme la richesse de façon plutôt réaliste sans tomber dans les clichés habituels. 

Je suggère donc The Whit Fortress, une coproduction Canada/Bosnie qui pourra séduire tant le cinéphile averti que l’amateur de cinéma facile. 

Note : 8/10

The White Fortress est présenté au VIFF, du 1er au 11 octobre 2021 et au FNC le 7 octobre 2021.

Bande-annonce

Fiche technique : 

Titre original : The White Fortress (Tabija)
Durée : 89 minutes
Année : 2021
Pays : Canada/Bosnie-Herzégovine
Réalisateur : Igor Drljaĉa
Scénario : Igor Drljaĉa

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