« Je ne veux pas mourir… Je ne veux pas mourir. »
Nord de l’Espagne, fin du XIXe siècle. Pendant les dernières affres de la dernière guerre carliste, une petite fille (Haizea Carneros) est sauvée d’un orphelinat par une mystérieuse femme qui vit au fond de la forêt. Grièvement blessée et proche de la mort, la jeune fille croit que la femme est un ange venu l’emmener au paradis. Bientôt, cependant, elle découvrira que ce que cet être étrange lui a réellement offert est le cadeau de la vie éternelle. Mais il y a un prix.
N’ayant d’autre choix que d’accepter sa nouvelle condition, elle devra apprendre à vivre dans la solitude profonde et douloureuse du temps, emprisonnée dans son corps de petite fille. Une infinité de lunes s’écoulent avant qu’un jour, elle rencontre Cándido (Josean Bengoetxea), un homme humble qui l’accueille et la traite comme si elle était sa propre fille. Désormais, la petite fille s’engagera sur une nouvelle voie, celle qui la verra se rebeller contre sa nature animale et raviver en elle l’espoir de récupérer la vie qui lui a été volée.
Avec All the Moons, Igor Legarreta offre un drame fantastique qui réinvente le film de vampires. Au fait, vous avez déjà réfléchi à la réelle signification de « pour toujours »?
La boîte de production qui nous avait offert [REC] est de retour. Et une fois de plus, ne déçoit pas. Cette fois-ci, c’est le film de vampire qui est revu et repensé. Les clichés du genre sont brillamment mis à contribution afin de créer une histoire épique et intimiste où se conjuguent plusieurs thèmes : la mort, l’amour, la dévotion, la solitude, et l’intolérance.
Après avoir lu le résumé du film, je m’attendais à un film d’horreur. Mais non. Je me suis retrouvé à regarder un drame fantastique. Et, All the Moons est fantastique dans les deux sens du terme : il présente un univers fantaisiste, et il est simplement génial. Ici, les vampires ne sont pas d’avides chasseurs assassinant les pauvres humains sans défense. Au contraire. Ils sont une race traquée et en danger. Ils ne possèdent pas de super pouvoirs ou de force surhumaine. Mais ils doivent s’alimenter de sang. Juste de sang. Ils brûlent au soleil, et c’est la seule manière de les faire mourir.
Ces vampires ne chassent donc pas les humains. Ils sont plutôt à l’affût. L’Espagne étant dans une longue succession de guerres, ces êtres parcourent les champs de bataille à la recherche de cadavres pour s’alimenter. Legarreta en dresse un portrait sombre, mais touchant. Ces vampires deviennent des êtres marginalisés, des laissés pour contre. Pour ajouter à la tristesse des personnages, le réalisateur utilise bien la lumière. Les quelques scènes au grand soleil rappellent que les vampires sont coincés dans une pénombre lourde, froide et solitaire. Et le traitement de l’image est magnifique.
La performance de la jeune Carneros est magnifique et marquée par une profondeur qu’on ne s’attendrait jamais à rencontrer chez une si jeune actrice. Son personnage, Amaia, refusera sa condition d’immortelle, la combattra. Quant à Josean Bengoetxea, il est touchant et juste. Son personnage de père éploré ajoute la touche de réalisme qui rend cette histoire si troublante.
Le cinéma de genre est souvent relégué à un manque d’originalité et à de faibles scénarios. Heureusement, certains films prouvent le contraire. Il y a de belles choses qui se font à l’intérieur d’un genre lorsque la créativité et, surtout, une certaine liberté sont au programme.
All the Moons est un de ces films qui ne laissera personne insatisfait… ou presque. Les amateurs de gore et de violence seront probablement un peu déçus. Mais, croyez-moi, la déception risque d’être rapidement remplacée par un sentiment de sérénité. Ce film se regarde comme on écoute un conte. On pourrait dire qu’il s’agit d’un genre de Pinocchio de l’ombre.
Quoi qu’il en soit, allez le voir!
Note : 8.5/10
All the Moons est présenté au festival Fantasia les 19 et 21 août 2021, en salles!
Bande-annonce
Titre original : Ilargi Guztiak : Todas las lunas
Durée : 102 minutes
Année : 2021
Pays : France/Espagne
Réalisateur : Igor Legarreta
Scénario : Igor Legarreta et Jon Sagala
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