« I love you so much, I could just eat you up. If you break my heart, I’ll devour you. » [Je t’aime tant que je pourrais te croquer tout rond. Si tu me brises le cœur, je te dévore. »
Izzy (Zelda Adams) est une adolescente qui vit avec sa mère dans une maison perdue au fin fond des montagnes Catskill. Pareil isolement n’est pas accidentel : la mère d’Izzy déploie beaucoup d’efforts afin de garder sa fille à l’écart de la société depuis l’âge de cinq ans, pour sa propre protection… et celle des autres. Mère (Toby Poser) et fille sont meilleures amies, passant leur temps à s’enseigner des choses ou à jouer de la musique – leur groupe rock s’appelle H6LLB6ND6R. Mais Izzy grandit, et commence à s’aventurer en ville pour passer du temps avec d’autres. Une soif de connaître s’éveille en elle : la connaissance de soi, et celle de sa famille qui a des racines dans… la sorcellerie.
Pour leur deuxième long métrage, Hellbender, The Adams Family nous plonge dans une histoire de passage à l’âge adulte occulte des plus inusitées. Un film envoûtant, sincère, étrange et captivant.
Tous les talents pour eux
Toby Poser, John Adams et Zelda Adams s’imposent avec cette deuxième œuvre qui m’a pris par surprise. Plutôt que de créer un simple film d’horreur autour de la sorcellerie et de l’adolescente qui devient adulte, les Adams arrivent avec un film lent, poignant et intrigant.
Izzy (Zelda Adams) et sa mère (Toby Poser)
L’atmosphère et le style visuel sont captivants, et la conception sonore est un petit bijou. Parce qu’en plus d’être des cinéastes accomplis (ils ont écrit, réalisé et produit le film à trois) ils jouent de la musique depuis que Zelda a 10 ans. Petit truc amusant : le nom de leur groupe est, tout comme dans le film, H6LLB6ND6R.
Ce n’est donc pas une surprise que Hellbender soit présenté en première mondiale et en compétition dans la catégorie Cheval noir.
Un mélange de genres
Dans leur long métrage, les Adams explorent les questions de l’identité, de l’instinct, du rôle parental et du rôle de l’enfant. Juste ça… Au centre du film, il y a la relation mère-fille. Quoique l’histoire nous amène dans un monde fantastique dans lequel les tours de magie se réalisent avec du sang plutôt qu’avec de grands chapeaux, la façon dont on dépeint la relation amour-haine des deux femmes est vibrante de réalisme. L’amour d’une mère et l’incompréhension d’une jeune femme peuvent parfois créer des étincelles. Ici, elles créent plutôt un feu brulant…
Mais lorsqu’un enfant grandit et réalise qu’il a été berné toute sa vie, qu’arrive-t-il? Un drame? De l’horreur? De la passion? Dans le cas qui nous intéresse, c’est un peu tout ça. Malgré la déception du début du film (je m’attendais à un film qui faisait peur), j’ai franchement aimé. Ce mélange de genre et de style est réussi à merveille. Autant qu’on puisse avoir, par moment, l’impression d’un film indépendant à petit budget, autant, par moment, on a l’impression d’une grosse production. Ce qu’on réalise c’est que lorsque la qualité est là, les $$$ n’ont pas d’importance.
Mais encore…
Après The Deeper You Dig, en 2019, le talentueux trio mère-père-fille est de retour avec une œuvre forte. J’aimerais, d’ailleurs, vous inviter à écouter une des pièces du trio à la fin du texte. Ça en vaut la peine.
Entrez donc dans ce monde parallèle, effrayant et amusant qui vous ouvre ici ses portes avec Hellbender. Mais n’oubliez pas que lorsqu’une adolescente solitaire découvre les liens de sa famille avec la sorcellerie, ce sera l’Enfer!
Question de vous mettre dans l’ambiance du film, voici une pièce du band H6LLB6ND6R, qui a été reprise pour une scène du film
Fiche technique :
Titre original : Hellbender Durée : 82 minutes Année : 2021 Pays : États-Unis Réalisateur : Toby Poser, Zelda Adams et John Adams Scénario : Toby Poser, Zelda Adams et John Adams
