« Peu importe ton âge, tu seras toujours à moi. »
Baby (Zita Bai), une immigrante chinoise de 17 ans, retirée et sensible, d’un foyer en difficulté, vit en banlieue de Seattle. Un jour, elle rencontre un trafiquant de drogue de 20 ans, nommé Fox (Vas Provatakis). Elle est bientôt ancrée dans un style de vie composé de nuits de fête intenses, de journées à la frontière de la légalité et d’amour de jeunesse sous le signe de la codépendance. Ensemble, ils se lancent dans un voyage tordu pour échapper à leur destin désespéré.
Avec Baby Don’t Cry, Jesse Dvorak crée un film qui amène le public dans un voyage émotionnel à travers le prisme d’une fable, tout en offrant une représentation sincère d’une figure parentale oppressante.
Être immigrante dans un village où personne ne vient d’ailleurs que dudit village, ce doit être assez difficile. Imaginez maintenant que vous êtes, en plus, pauvre et que votre mère (et seul parent de la maisonnée) a de sérieux problèmes menant à de l’abus sur vous… C’est ce que vit Baby.
On ne réfère pas souvent à la couleur de sa peau, ou à son origine, mais le spectre du racisme plane d’un bout à l’autre du récit. C’est évidemment la forme de violence qui est la plus — et le mieux — utilisée par Fox lorsqu’il explose et s’en prend à son amoureuse.
On dit qu’on « recherche » souvent en amour le même type de relation qu’on a connue à la maison. Dans Baby, Don’t Cry, ce concept est bien représenté, puisque les 3 personnages principaux sont dans cette situation. Les personnages pourraient sembler être clichés, mais ils sont avant tout réalistes. Que fait la petite Chinoise comme travail? Elle fait du ménage dans une maison de riches. Aux États-Unis, c’est souvent ce qui attend les immigrants de milieux pauvres.
Sans trop glorifier la jeunesse ni mépriser la pauvreté, Baby, Don’t Cry se compose en grande partie des aventures de ces jeunes pré-adultes qui vivent au bord de l’échelle sociale. Ce qui n’est pas sans rappeler les films de Larry Clark.
La représentation des adolescents, de leurs relations, de leur sexualité et de leur incapacité à trouver leur place dans le monde des adultes est proche et déprimante. En regardant les personnages agir, on peut difficilement les imaginer réussir dans la vie. Au mieux, ils éviteront la prison. Au pire, ils finiront battus à mort et abandonnés dans le caniveau.
Fantasia, ce n’est pas que du cinéma de science-fiction, d’horreur ou de grotesque. Il y a aussi de magnifiques films indépendants, qui traitent de dures réalités. Pourquoi sont-ils à Fantasia, alors? Parce que, comme c’est le cas ici, ils sont teintés d’un halo de mystérieux et d’étrange.
Avec Baby, Don’t Cry, le spectateur est amené dans un monde bien réel et bien dur. Mais certaines séquences le laissent se questionner sur ce qu’il a vu ou entendu. C’était des grognements de cochons que j’ai entendus? Sont-ce des oreilles de porcs que je vois?
À voir!
Note : 8.5/10
Baby, Don’t Cry est présenté au festival Fantasia les 11 et 13 août 2021.
Bande-annonce
Titre original : Baby Don’t Cry
Durée : 90 minutes
Année : 2021
Pays : États-Unis
Réalisateur : Jesse Dvorak
Scénario : Zita Bai
© 2023 Le petit septième