« Ataguttaaluk might have been a Shaman. She sung some songs we did not know of. Just singing them out of nowhere. »
Mélangeant photos historiques, images contemporaines et scènes recréées, ce documentaire expérimental raconte l’histoire d’une femme qui a survécu à une terrible famine pour devenir l’un des plus importants résidents d’Igloolik.
Documentaire en inuktitut qui retrace l’histoire de Ataguttaaluk, Inuk d’Igloolik, femme dont le destin marqué par la résilience pave la voie pour la survie d’un peuple.
Le sacrifice d’une vie
Le documentaire de Saqpinaq Carol Kunnuk relate la vie de Ataguttaaluk à travers les mémoires des habitants. Lors d’un rassemblement à l’honneur de cette dernière, plusieurs écoutent les paroles d’un Ainé qui évoque, avec prestance, les événements cruciaux du périple de Ataguttaaluk. Femme qui, pour survivre, a dû se nourrir de son propre mari, elle assure un avenir à son peuple par ses actions. C’est une histoire racontée par une Aînée du village (Leonie Qurnnut), dont la douceur de la voix rappelle l’importance de l’oralité. Le rythme est quelque peu lent, mais les pauses et les répétitions plongent la personne qui visionne dans une expérience au cours de laquelle elle se fait raconter – à son tour – l’histoire de Ataguttaaluk. Personnage mythique dont les descendants gardent un souvenir profond, Ataguttaaluk incarne l’espoir d’un peuple.
L’immensité du Nord
Reconstitution par un enfant
Dans la communauté d’Igloolik, au Nunavut, le quotidien est teinté de blancheur et de grandeur. Les images époustouflantes rappellent l’immensité et derrière cette sensation d’infini se cache la solitude, l’isolement et la famine. La réalisatrice met en images des paysages à couper le souffle – bien souvent, la blancheur est éclatante et contraste avec les autres éléments visuels. Plusieurs scènes reconstituées sont jouées par des enfants et ceux-ci montrent, à leur façon, la dualité du Nord. Lieu des possibles, mais aussi imprégné par le danger et le vide, le Nord est régi par ses propres règles et l’humain les subit.
Un documentaire marqué par les traditions
La parole est laissée aux Aînés, ce sont eux qui portent la mémoire du peuple et qui la transmettent aux générations suivantes. Tout au long du récit, des chants de gorge sont entendus — douce mélodie aux oreilles. L’odeur de l’huile qui brûle dans le kudlik est presque perceptible à travers l’écran.
Le temps d’un court-métrage documentaire, la spectatrice est invitée dans l’intimité du quotidien, dans le partage d’une légende. Une plongée dans la culture des Inuits d’Igloolik.
