« J’ai été berné… Et je me le suis fait à moi-même! »
Kato (Kazunori Tosa) se retrouve dans une impasse : vivant au-dessus de son café, il a le sentiment de voir sa vie s’enliser, du moins jusqu’au jour où son ordinateur se met à lui parler. Cette voix, c’est celle de Kato, lui-même, qui lui parvient deux minutes depuis le futur! Alors qu’il se retrouve piégé dans une boucle temporelle à courte portée, Kato fait appel à ses amis et à ses collègues pour tenter de comprendre cet étrange phénomène. Ses proches trouveront cependant vite des moyens ingénieux de profiter de cet aperçu de l’avenir.
Avec Beyond the infinite two minutes, Junta Yamaguchi réinvente le concept de la boucle temporelle. Avec son premier long métrage, il offre une œuvre complètement décalée et hilarante.
Entièrement filmé avec un iPhone, ce long métrage est un projet conceptuel ambitieux, qui a vu le jour dans un atelier d’art dramatique. En effet, il s’agit du premier film de la célèbre compagnie théâtrale Europe Kikaku. Beyond the infinite two minutes est un film de science-fiction qui n’en a pas l’air. Filmé en un long plan-séquence de 65 minutes, l’histoire est tellement bien construite qu’on se laisse entrainer comme si c’était quelque chose de plausible et possible.
Il s’agit là d’un premier film pour la majorité de la distribution et de l’équipe, dont le réalisateur Junta Yamaguchi et l’acteur principal Kazunori Tosa. La seule actrice plus connue de la distribution est l’actrice Aki Asakura, qui a prêté sa voix à la princesse Kaguya.
Kato, le propriétaire du café Phalam en face de la gare Nijo de Kyoto, rentre dans son appartement au-dessus du café après sa journée de travail. Alors qu’il est sur le point de jouer de la guitare, Kato lui-même apparaît soudainement sur son écran de télévision et commence à parler : « Je suis le futur moi. Deux minutes dans le futur. » Avec une telle prémisse, comment ce film ne pourrait pas être complètement déjanté?
S’ensuivra une série d’actions plus amusantes et folles les unes que les autres. Car évidemment, Kato ne restera pas seul avec son secret bien longtemps. Son employée Aya (Riko Fujitani) prendra immédiatement l’initiative de contacter les amis proches afin de leur partager la grande trouvaille. Les acteurs ont l’habitude de jouer ensemble, sur scène, et ça se voit. Ils ont une complicité incroyable. Et vu la quantité de déplacements et de personnages, d’avoir tourné le film en un seul long plan-séquence tient du miracle. Oui, le schéma narratif en prend un coup par moments. Mais la magie opère tout de même.
On ajoute une couche lorsque les amis décident que 2 minutes dans le futur ça ne sert à rien. Il faut pousser l’expérience… Arrive ensuite la voisine, Megumi (Aki Asakura), de qui Kato est secrètement amoureux. Mais pourquoi s’arrêter là quand on peut ajouter des yakuza qui ont un bureau dans le même immeuble? Beyond the infinite two minutes a un petit quelque chose qui fait vaguement penser à The Money Pit (La foire aux malheurs), avec Tom Hanks. Ce genre d’histoire dans laquelle les choses ne peuvent aller que de mal en pire. Mais ici, on pousse la réflexion et surtout la folie lorsque le futur viendra à son tour frapper le passé. Car si le passé peut influencer le futur, le futur peut aussi influencer le passé. Non?
Si vous aimez l’humour absurde, mais intelligent, ce film sera pour vous. Personnellement, j’ai ri. Chaque minute fut grandement appréciée. Si ce n’était pas du côté technique qui laisse, par moment, à désirer (on rappelle qu’il s’agit d’une troupe de théâtre et non de spécialistes en cinéma) la note pourrait être plus haute. Mais reste que ce long métrage est un petit bijou.
Donc, installez-vous confortablement et louez Beyond the Infinite Two Minutes car, je vous l’assure, vous ne voudrez pas être « celui qui ne l’a pas vu » lorsque les autres en parleront. Et si personne autour de vous ne vous en parle, écrivez-moi. On en jasera. 😉
Note : 9/10
Beyond the infinite two minutes est présenté au festival Fantasia, du 5 au 25 août 2021.
Bande-annonce
Titre original : ドロステのはてで僕ら
Durée : 70 minutes
Année : 2021
Pays : Japon
Réalisateur : Junta Yamaguchi
Scénario : Makoto Ueda
© 2023 Le petit septième