« I loved you so much… when we were younger. And then you just went away. »
[Je t’aimais tellement… quand on était jeune. Puis, tu es parti.]
Après 15 ans en prison, Wayland (Pablo Schreiber) retrouve sa petite amie du lycée, Dolores (Jena Malone), qui est maintenant mère célibataire de trois enfants. Ce qui suit est une version lyrique de l’amour, du regret et de la seconde chance.
Avec Lorelei, son premier long-métrage, Sabrina Doyle démontre son grand talent avec un film sur les regrets, les erreurs et l’espoir perdu. Une œuvre qui mérite ses nominations.
Je ne sais trop pourquoi, mais les histoires de gens paumés font presque toujours de bons récits. Et dans Lorelei, on a deux beaux exemples. Le pauvre type qui sort de prison après en avoir purgé 15 ans alors qu’il a fait une connerie quand il était à peine adulte, et la femme sans éducation, qui a maintenant trois enfants, de trois pères différents, qui ne sont plus dans le décor. Ces deux personnages se retrouvent début quarantaine, après avoir été amoureux lorsqu’ils étaient à l’école secondaire.
Mais juste ça ne serait pas suffisant pour faire un film aussi fort. Ces deux protagonistes sont le cœur qui fait battre les multiples thèmes que sont l’amour, la parentalité, les rêves perdus et l’espoir. Quand on tombe enceinte à 18 ans et qu’on doit oublier ses ambitions pour élever son enfant, ça laisse certainement des cicatrices. Lola (Dolores) rêvait d’être nageuse artistique et de faire les Jeux olympiques. Mais elle a évidemment dû abandonner. Maintenant, avec trois enfants, elle n’a qu’un rêve : revoir l’océan qu’elle n’a vu qu’une seule fois sans pouvoir s’y baigner.
Wayland, lui, veut changer de vie. Il vaut passer à autre chose. Après avoir fait 15 ans pour son groupe de motards criminels, il rêve de vivre une vie honnête et d’avoir un vrai travail. Mais quand ton passé revient avec trois enfants et que tu rêves encore de cet amour, que faire?
Du début à la fin, ces deux personnages seront à nouveau confrontés à de durs choix. Et ce sera souffrant, car la vie est ainsi faite pour certaines personnes. Rien ne peut être simple et facile.
L’histoire si bien écrite et mise en scène de façon impeccable ne serait rien sans les performances magistrales de Jena Malone et Pablo Schreiber. Vous savez ces rôles qui peuvent facilement glisser dans le cliché et les performances pathétiques? Les deux personnages de Lorelei en font partie. Mais à aucun moment Malone et Schreiber ne font de faux pas.
Il serait facile de détester l’un ou l’autre de ces êtres paumés. Lola est tout sauf une mère exemplaire. C’est d’ailleurs ce que dit l’agent de probation à Wayland lorsque celui-ci demande à pouvoir emménager avec elle : « She ain’t no mother of the year award. » [Elle ne gagnera pas le trophée de la mère de l’année.] Quant à Wayland, il est agressif, bête et pas très agréable. Mais ils sont si bien interprétés que le spectateur s’attache à eux, se laisse conquérir.
Ni réellement une histoire d’amour ni vraiment un film de prison, Lorelei est une œuvre qui dépasse les stéréotypes des gens brisés par la vie. Il s’agit d’un premier film pour la jeune réalisatrice qui, je l’espère, fera beaucoup d’autres longs-métrages.
Je vous invite fortement à aller voir ce film en salle.
Note : 9/10
Bande-annonce
Titre original : Lorelei
Durée : 111 minutes
Année : 2020
Pays : États-Unis
Réalisateur : Sabrina Doyle
Scénario : Sabrina Doyle
Article minutieusement révisé par Révizio inc.
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