« You just find yourself… Ending up someplace… Not quite sure how it happened… »
[Tu te retrouves juste… À finir quelque part… Sans trop savoir comment c’est arrivé…]
Les vies, apparemment séparées, d’une adolescente anxieuse et désillusionnée (Ella Ballentine), et d’un homme troublé et aliéné (Ryan McDonald), convergent fatalement dans cette exploration obsédante de la féminité, de l’isolement et de la masculinité toxique, qui se déroule dans les années 1980 à Terre-Neuve.
Avec Black Conflux, Nicole Dorsey propose un premier film solide. Elle traite de sujets difficiles dans un film sombre qui mène le spectateur sur un chemin inquiétant et déstabilisant.
Jackie (Ella Ballentine) a 15 ans. Elle navigue de l’adolescence vers l’âge adulte dans une grande vulnérabilité. Dennis (Ryan McDonald), lui, est un solitaire. Socialement inepte, avec une psyché sombre et volatile, il cache des fantasmes délirants d’adoration des femmes à sa disposition.
Tout au long du film, ces deux personnages traversent la vie sans se croiser réellement. Dennis n’a aucun respect pour les femmes. Il les voit comme des objets, des putes, des garces. Au travail — où il est livreur pour une entreprise de bière —, il imagine que son camion de livraison est rempli de femmes. Ces femmes attendent qu’il arrive et en choisisse une qui servira à réaliser ses désirs. Après sa journée de travail, il va au bar du coin, prend quelques bières en ne parlant à personne. Puis il va espionner une femme, de loin. Voilà à quoi se résume sa vie.
Jackie, elle, va à l’école, se questionne sur ses désirs et sur son corps qui change. Dans une magnifique séquence d’ouverture, la réalisatrice nous la présente. Le film s’ouvre avec l’adolescente auditionnant pour la chorale de son école avec une magnifique interprétation a cappella de Hey, Who Really Cares? de la chanteuse folk psychédélique peu connue des années 1970, Linda Perhacs. Il s’agit d’une ouverture symbolique pour une jeune femme prometteuse, issue d’un foyer brisé. Élevée par sa tante et vivant sous le nuage de tous les échecs endurés par les femmes de sa famille, Jackie se retrouve à lutter contre les pressions internes et externes, à la recherche de sa propre identité.
Leurs choix les mèneront inévitablement à se croiser…
Dès la première minute, Dorsey réussit à créer une ambiance lourde et sombre. Et pendant les 100 minutes qui suivent, Black Conflux garde le spectateur dans cette ambiance dérangeante.
La musique et l’éclairage contribuent parfaitement à cela. L’image est non seulement sombre, mais elle est aussi granuleuse, presque sale. Ce visuel à l’apparence pauvre situe assez bien les personnages qui vivent dans un monde pauvre tant culturellement que financièrement.
Bien que le spectateur ne sorte pas le cœur léger de ce visionnement, il n’en sort pas déprimé non plus. À travers toute cette noirceur, la réalisatrice/scénariste offre quelques éclaircies permettant aux spectateurs — et aux personnages — de garder un peu d’espoir.
Situé dans la banlieue de Terre-Neuve en 1987, le premier long métrage de Nicole Dorsey, Black Conflux, est un récit onirique de deux vies convergentes.
Comment s’enchevêtreront ces deux vies? Comment ces deux personnages réussiront à traverser la vie, intacte? Ce long métrage laisse quelques questions en plan, tout en donnant suffisamment de réponses pour que le cinéphile typique puisse aimer. Un film qui plaira autant aux critiques qu’aux spectateurs.
Note : 8.5/10
Bande-annonce
Titre original : Black Conflux
Durée : 101 minutes
Année : 2019
Pays : Canada
Réalisateur : Nicole Dorsey
Scénario : Nicole Dorsey
Black Conflux sera présenté au cinéma du parc à partir du 25 juin 2021.
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