« Sous le cimetière, il y a un trésor. Amène-le-moi et tu seras fixé pour la vie. »
Ali (Rouhollah Zamani), un enfant de 12 ans en Iran qui, en compagnie de trois de ses amis, travaillent au quotidien pour nourrir leurs familles. Un jour, ils entendent parler d’un trésor, mais doivent, avant de partir à sa recherche, intégrer une école qui alerte sur le travail des enfants.
Avec Les enfants du soleil, sélectionné à Venise en 2020, Majid Majidi présente l’histoire des enfants de Téhéran qui doivent travailler, voler, et manigancer pour subvenir aux besoins de leurs familles. Selon les statistiques des organisations mondiales de défense des droits de l’enfant, telles que l’UNICEF et l’OIT, il y a 152 000 000 d’enfants à travers le monde qui doivent travailler dans des conditions dangereuses pour faire vivre leurs familles.
Le message de Les enfants du soleil est que nous sommes tous responsables envers ces enfants, dont beaucoup sont extrêmement talentueux, et qu’ils sont tous précieux.
Le film démontre les capacités et l’humanité de ces enfants. D’ailleurs, les principaux acteurs juvéniles étaient tous des enfants travailleurs. C’est une belle façon, non seulement de dénoncer, mais aussi, d’aider ces enfants. Le réalisateur explique ceci à propos du processus de sélection des jeunes :
« Shamila – Zahra – was like a light, so self-assured, with a natural charisma. I then met with her younger brother – Adolfazi Shirzad – and I asked them to argue in their language. They were so natural and perfect that we asked them to come to the casting. Their acting strength came from their life experience. As for Rouhollah (Ali), he too had never acted. He was pure, with a raw energy, determined to give more than expected. » [Shamila – Zahra – était comme une lumière, tellement sûre d’elle, avec un charisme naturel. J’ai ensuite rencontré son jeune frère – Adolfazi Shirzad – et je leur ai demandé de se disputer dans leur langue. Ils étaient si naturels et parfaits que nous leur avons demandé de venir au casting. Leur force d’acteur venait de leur expérience de vie. Quant à Rouhollah (Ali), lui non plus n’avait jamais joué. Il était pur, avec une énergie brute, déterminé à donner plus que ce qui était attendu.]
Je dois dire que Rouhollah est exceptionnel. Il est naturel. C’est le cas de la majorité des jeunes, à quelques exceptions près. Et la performance de Javad Ezati est parfaite. C’est certain que d’avoir un acteur de cette qualité a aidé les enfants à bien jouer.
La plupart des lieux utilisés dans le film sont bien réels. Ça donne presque un petit côté documentaire. Et clairement ça permettait aux jeunes de s’identifier aux personnages qui parcourent ces mêmes lieux qu’ils ont si souvent traversés. Les séquences dans le métro sont particulièrement proches de ce qu’on retrouve dans un documentaire. Majidi expliquait, en entrevue, que les contraintes étaient énormes pour le tournage dans le métro.
L’équipe réduite a dû tourner avec la circulation régulière qui ne s’est pas arrêtée. Ils ont donc pratiqué toute la scène avec les acteurs, mais sans les caméras. Au moment de tourner, tout devait être capté en une ou deux prises maximum. Tout ça sans aucun contrôle sur la scène de la conversation entre Ali et Zahra : ils devaient descendre d’un vrai train avec la caméra qui les suivait, et ils devaient livrer leurs lignes immédiatement, à travers les voyageurs réguliers.
Un endroit est un décor, et il est bluffant : le tunnel/réservoir d’eau qui a été construit spécialement pour le film. Chaque partie de ce tunnel a été construite séparément pour s’adapter aux mouvements des acteurs et pour permettre à la caméra de filmer sous différents angles. Un travail incroyable de l’équipe de conception des décors. Et ça mérite d’être mentionné.
Ce qui rend Les enfants du soleil particulièrement bon, c’est tout le côté métaphorique et de juxtapositions. En jouant avec l’idée du trésor que les enfants tentent de trouver, le réalisateur amène le spectateur à se questionner sur la réelle nature de ce trésor. Au-delà du trésor physique que recherchent les enfants, on comprend que le véritable trésor de la vie, c’est l’éducation. Voilà pourquoi le trésor est caché dans un ancien cimetière, sous une école.
Il est intéressant de noter que l’idée de ce film est venue de l’école de Téhéran, créée par une jeune ONG. Imaginez si cette initiative était adoptée par tous les pays…
Les enfants du soleil est un film léger et puissant qui montre la réalité d’enfants qui doivent être sans pitié envers les adultes, mais sensibles les uns avec les autres.
Note : 9/10
Bande-annonce
Titre original : Khorshid
Durée : 99 minutes
Année : 2020
Pays : Iran
Réalisateur : Majid Majidi
Scénario : Majid Majidi et Nima Javidi
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