[Vues d’Afrique] 2 avril — Vous insinuez que mon fils serait fou?

2 avril - afficheLe 2 avril, c’est la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. C’est aussi le titre du dernier long métrage camerounais de Noelle Kenmoe et Michel Pouamo. Il s’agit d’un troisième film pour Kenmoe qui a aussi réalisé Effet Boomerang et Si c’était à refaire?   Le film fait partie de la sélection du Festival Vues d’Afrique qui se déroule du 9 au 18 avril. Avril étant aussi le mois de sensibilisation à l’autisme, le moment est bien choisi pour présenter ce film.

Inspiré d’un cas réel, le film dépeint la détresse d’une mère, Nene, désespérée et à bout de souffle parce que son fils, Kwessi, est différent. Celui-ci n’agit pas comme les autres enfants, il ne communique pas, ne donne pas de câlins et présente un retard dans son développement. Nene cherchera des réponses dans tous les recoins, allant jusqu’à voir des sorciers afin de faire soigner le mal qui afflige son fils. 

Nene seule face à l’adversité

Nene fera face à de multiples difficultés liées au comportement de son fils. Celui-ci sera renvoyé de trois écoles différentes puisqu’il demande trop d’énergie aux éducatrices.

Constamment appelée en urgence pour des problèmes causés par son fils, Nene perdra son travail. Dans sa quête surréaliste pour obtenir un traitement pour son fils, elle se mettra son mari, Kagamé, à dos. Celui-ci ne voit rien d’anormal chez Kwessi. 

Elle devra aussi subir le jugement des autres qui traitent Kwessi de sorcier et qui considèrent que Nene est une mauvaise mère. 

2 avril - Nene seule

 

L’autisme, encore méconnu

Kwessi étant renvoyé d’une troisième école, la directrice recommande à Nene de l’emmener consulter un pédopsychiatre, ce que Nene rejettera avec véhémence.
Au Cameroun, on croit à tort que les gens atteints d’autisme sont une sorte de sorcier. Ce qui contribue à leur mise à l’écart. D’ailleurs, Nene consultera aussi des voyants, des magiciens et toute autre sorte de charlatans avant d’accepter que son fils doive voir un spécialiste. 

La stigmatisation des troubles mentaux est à ce point qu’elle préférera une option magique plutôt que de voir la réalité en face. Kenmoe a cherché à changer la perception du monde devant ce trouble du développement. Elle voulait aussi mettre en lumière la détresse des parents devant ce phénomène encore méconnu au Cameroun. 

Le deuil d’une vie rêvée

Un incident motivera le couple à consulter un pédopsychiatre. Enfin, ils auront un diagnostic : Kwessi est autiste. Il n’aura jamais une vie normale. Nene prend très mal cette nouvelle et sera plongée dans une déprime pendant plusieurs jours. Cependant, la condition de son fils est permanente et Nene et Kagame se retrouveront devant de toutes nouvelles difficultés : soit la non-accessibilité des services pour les enfants autistes au Cameroun. 

Nene entendra parler d’une association qui vient en aide aux familles avec un enfant autiste. Elle deviendra elle-même activiste et luttera à la sensibilisation à cette cause. Elle se bat afin que ces enfants aient accès à une éducation de qualité comme n’importe quel autre enfant.

2 avril Le deuil

Un film pour sensibiliser

Les troubles du spectre de l’autisme sont encore méconnus et pas seulement au Cameroun. Je félicite l’intention de ce film de sensibiliser la population aux troubles du spectre de l’autisme. Le scénario est bien écrit et malgré un jeu parfois inégal des acteurs, le message passe bien. 

Malgré quelques petits défauts, 2 avril demeure un film intéressant à voir. J’ai particulièrement été curieuse de découvrir le regard d’une autre culture sur les troubles du développement.

Note : 6.5/10

Bande-annonces

Fiche technique : 

Titre original : 2 Avril
Durée : 80 minutes
Année : 2020
Pays : Cameroune
Réalisateur : Noelle Kenmoe et Michel Pouamo
Scénario : Noelle Kenmoe

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