Mon chien Stupide – Quand la dépression finit par avoir un peu de mordant

« Et chaque soir, quand je réalise que j’ai troqué ma femme et mes quatre enfants contre un chien PD et obsédé, mon cœur se brise en mille morceaux et je me mets à pleurer »

Mon_chien_StupideEn pleine crise de la cinquantaine, Henri (Yvan Attal) désigne sa femme Cécile (Charlotte Gainsbourg) et ses quatre enfants comme responsables de ses échecs, de son manque de libido ou encore de son mal de dos. En faisant le bilan critique de sa vie, Henri prend conscience de toutes les choses qu’il n’aura plus. Un énorme chien, aussi mal élevé qu’obsédé, va alors faire irruption dans sa vie et s’installer dans la maison familiale. Si cela ravit Henri, Cécile et ses enfants ne sont pas du même avis.

Yvan Attal flirte-t-il avec l’autofiction ?

Mon chien stupide - Attal et autofictionDès les premières notes du film, le ton est donné: « Je m’appelle Henri Mohen, il y a vingt-cinq ans j’ai écrit un best-seller, depuis ce jour, je n’ai écrit que des merdes. Tout était de la faute de mes quatre enfants qui ont ce don quasi magique de faire foirer toutes mes tentatives d’accès au bonheur. » Nous nous enfonçons alors dans l’univers cynique et dépressif d’un écrivain has been en perte d’inspiration constante et de sa famille tout aussi peu réjouissante. Mon chien Stupide peut se lire comme le troisième volet d’Yvan Attal qui se penche sur le couple, bouclant ainsi la boucle de ses deux précédents opus réalisés 18 ans plus tôt : Ma femme est une actrice (2001) et Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (2004). En adaptant le roman de l’Américain John Fante, publié dans les années 80, Attal a su s’approprier l’œuvre cabalistique à sa manière: il y mêle une fine couche de personnel et nous présente ainsi le miroir subjectif du couple qu’il forme avec Charlotte Gainsbourg depuis presque trente ans. Les apparences ne trompent plus, la porte des toilettes est dorénavant grande ouverte. Un film très honnête sur l’usure conjugale qu’il en donnerait presque le cafard.

Tomber sur un os et en faire l’amer bilan de sa vie

Mon chien stupide - Tomber sur un os
Henri (Yvan Attal) et son chien

Vous l’aurez donc compris, derrière toute cette décadence familiale et les états d’âme névrotiques de chacun se cache tout de même l’histoire absurde d’un chien nommé Stupide, qui débarque un jour sans crier gare dans l’existence de notre protagoniste cafardeux lui permettant de renouer avec l’inspiration. 

Une comédie familiale qui se suit sans déplaisir, alternant des situations où l’humour noir sur le couple peut parfois devenir amer. Charlotte Gainsbourg continue de nous intriguer, aussi bien par les choix scénaristiques de ses projets (Nymphomaniac, Antichrist et Melancholia de Lars von Trier, Lux Æterna de Gaspard Noé, 21 Grams de Alejandro González Iñárritu), que par son jeu de comédienne plus que convaincant. Elle est un peu comme cette lueur au bout du tunnel.

Mon chien Stupide fait le choix de se construire comme un livre, chapitre par chapitre. Un point de vue plutôt amusant, considérant que c’est l’adaptation d’un roman. Cependant, le cynisme atteint quelques inconstances dans certains chapitres et même si on rit devant l’absurdité de certaines situations ; la crise conjugale devient une tension morose et personnelle qui révèle un être pathétique et très égocentrique. Difficile de prendre son parti. Un peu comme le film d’ailleurs, à la fois grinçant et provocant, drôle et monotone à l’image de ce chien stupide et saliveux.

Présent dans la programmation du festival Cinemania édition 2020.

Note : 7 /10

Bande-annonce

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