Mamá, mamá, mamá – Apprendre à vivre malgré le deuil

« Les larmes m’aveuglent. Et je crois que je veux rester dans ce brouillard. »

Mama mama mama - POSTERUn jour d’été, une fille se noie dans la piscine de sa maison. Cleo (Agustina Milstein), âgée de seulement douze ans, fera face à la perte de sa sœur, et ce dans un monde sans adultes. Elle sera accompagnée de ses trois cousines qui la rejoindront, alors qu’elle devra aussi apprendre à vivre avec son nouveau et menaçant monde féminin.

Avec Mamá, mamá, mamá, la jeune réalisatrice argentine Sol Berruezo Pichon-Rivière propose un magnifique film sur le deuil, la nostalgie et l’adolescence au féminin, le tout composé d’une distribution entièrement féminine.

Univers féminin

Sol Berruezo Pichon-Rivière est une réalisatrice de 24 ans qui, alors qu’elle avait seulement 21 ans, a reçu le premier prix d’un concours pour les nouveaux cinéastes, de l’INCAA, l’Institut du cinéma argentin. C’est cet organisme qui a soutenu la réalisation de son premier: film, Mamá, mamá, mamá.

Et afin de raconter une histoire montrant un point de vue et une réalité totalement féminins, elle a opté pour une équipe d’actrices, mais aussi pour une équipe de production entièrement constituée de femmes. Et le résultat démontre qu’elle ne s’est pas trompée. 

Mama mama mama - Univers féminin

Ce long métrage est, malgré son thème dur, tout en douceur. L’image, grâce aux teintes utilisés,  est douce, presque apaisante. La façon dont les filles interagissent ensemble est aussi typique des filles. Bien sûr, la réalité est argentine, mais les jeunes femmes ont une façon, presque partout dans le monde, d’agir entre elles. Et ça, c’est très difficile pour des hommes de bien l’illustrer. Et pour moi, de bien l’expliquer. XD

La douceur dans la douleur

Personne n’en doutera, la perte d’un enfant est certainement une des pires douleurs au monde. C’est pourquoi la mère n’est présente dans le film que par son absence. En effet, on ne l’aperçoit qu’à quelques reprises, et c’est pour montrer qu’elle pleure et qu’elle n’est pas disponible pour sa fille. Et comme la mère des 3 autres filles s’occupe de sa sœur, les 4 enfants sont complètement laissées à elles-mêmes. 

Mama mama mama - La douceur dans la douleur

Cléo, avec ses cousines – Leoncia (Matilde Creimer Chiabrando), Manuela (Camila Zolezzi) et Nerina (Chloé Cherchyk)-, va alors se plonger dans le monde de l’enfance au féminin , et tout ce que cela implique : la peur – de ne jamais avoir embrassé, d’être seule pour toujours,des menstruations, des changements qu’implique la puberté, mais aussi du changement irréversible vers la maturité.

Mais c’est aussi la mort qui va habiter l’enfance de Cléo… Le thème de la perte d’un enfant a souvent été traité. Mais celui de la perte d’une petite sœur, lui, très peu. C’est d’ailleurs ça, le vrai thème de Mamá, mamá, mamá. Et les 5 filles (car s’ajoutera une autre cousine vers le milieu du film) sont incroyablement vraies. Je n’ai pas souvent vu des jeunes actrices si justes. Je crois que l’atmosphère créé par la présence d’une équipe composée seulement de femmes a permis cela. Les actrices pouvaient très probablement rester vraies avec plus d’assurance. 

En fait, je dis totalement féminine, mais il y a une exception. Deux hommes viennent mettre une clôture autour de la piscine. Et leur présence sert surtout à montrer à quel point une jeune femme peut se sentir obligé de « jouer » un jeu de séduction lorsqu’entourée d’hommes. Cette scène a une grande importance pour faire comprendre la relation entre les filles.

Mais encore…

À 24 ans, la réalisatrice est dans une classe à part. Combien de réalisateurs ou de réalisatrices peuvent se vanter d’avoir réalisé un grand film aussi jeune? Je n’en connais pas plus de 2 ou 3. Car oui, il s’agit d’un grand film.

Mamá, mamá, mamá est un film touchant, troublant et beau à la fois. C’est un film que vous devez prendre le temps de voir. Car un film sur le deuil et la mélancolie n’est pas nécessairement déprimant.

Note : 9/10

Bande-annonce

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