Au sein des grands réalisateurs ayant marqué l’histoire du cinéma, Wim Wenders mérite amplement sa place. Figure de proue du Nouveau cinéma allemand, le cinéaste a donné au septième art de grandes oeuvres comme L’ami américain, Paris Texas et Les ailes du désir, tout en s’intéressant au style documentaire avec Buena Vista Social Club et Le Sel de la terre ainsi qu’aux nouvelles technologies avec Pina et Everything will be fine, tous les deux tournés en 3D. Sa carrière lui a valu de gagner de nombreux prix, le plus important étant sans aucun doute sa Palme d’or pour Paris, Texas, gagnée à Cannes en 1984. Un artiste comme ça devait recevoir un hommage de grande envergure. C’est ce que le chanteur Campino, acteur pour Wenders pour Palermo Shooting, et le réalisateur de documentaire Eric Friedler ont offert avec le documentaire Wim Wenders, Desperado, présenté dans la section Les Incontournables au Festival du nouveau cinéma cette année.
Les réalisateurs proposent en effet un grand panorama du cinéaste, revenant sur ses films les plus marquants, son enfance, ses débuts, sa manière de travailler ainsi qu’une étude du style de Wenders. Le film se divise en plusieurs contenus, présentant des entrevues avec le réalisateur, des prises de vue lorsqu’il travaille, des visites des lieux qui l’ont marqué et, le plus intéressant, des recréations des plans de ses films (le début du film étant une reprise de celui de Paris, Texas). Sans oublier les propos de ses proches, que ce soit sa femme Donata Wenders, des collègues réalisateurs comme Werner Herzog et Francis Ford Coppola, des acteurs ayant joué dans ses films comme Willem Dafoe (Si loin, si proche!) et Patrick Bauchau (L’état des choses) et même des collaborateurs décédés montrés avec des images d’archives telle que Ry Cooder, Bruno Ganz et Harry Dean Stanton. Tout cela brosse un portrait complet de l’artiste.
Et c’est là l’attrait du long métrage. Les réalisateurs nous présentent une véritable plongée dans l’univers de Wim Wenders. On apprend à mieux le connaître, lui et sa manière de faire des films , à savoir ce qu’il pense lorsqu’il réalise, comme la réaction des autres face à son travail. Cela ne marcherait pas si la personne que l’on suivait n’était pas intéressant. Heureusement, c’est très loin d’être le cas ici. Wenders est quelqu’un de fascinant, un bon vivant qui a une une vie remplie et fascinante derrière lui. On s’attache très rapidement au bonhomme, ce qui est très important dans un portrait. De plus, le film pourra plaire aux initiés et aux non initiés. Les premiers seront ravis d’en savoir plus sur un de leurs cinéastes favoris, les seconds verront leur liste de films à voir agrandir et auront la chance de découvrir un grand réalisateur.
De plus, certains moments du film sont très plaisants à regarder. Les trois meilleures scènes sont celles se déroulant au Grand Palais de Paris, dans le cadre de l’exposition (E)motion ayant eu lieu en 2019, dont la scénographie nous rend immédiatement jaloux de ne pas y avoir assisté. Il y a aussi toute la scène où le réalisateur retrouve sa chambre d’étudiant, un véritable moment de nostalgie où le réalisateur s’amuse à revivre son ancienne vie. Mais le meilleur moment reste sans doute toute l’explication de l’histoire du film Hammett par Wenders et Francis Ford Coppola. Une histoire qui serait dommage de gâcher et sur laquelle nous vous conseillons de vous renseigner. Que dire de plus mis à part que les intervenants sont absolument passionnants à écouter, surtout Werner Herzog, que les scènes de récréation sont drôles à regarder, surtout si on les compare aux originales, et que les musiques choisies peuvent faire une excellente playlist.
Au final, Wim Wenders, Desperado est un excellent documentaire, faisant un magnifique portrait d’un artiste à l’état pur, de surcroît rempli d’histoires et d’anecdotes passionnantes. Un film pouvant plaire tant aux initiés qu’aux néophytes du cinéaste allemand, et même pour ceux qui sont moins cinéphiles.
8/10
Wim Wenders, Desperado est présenté au FNC du 7 au 30 octobre 2020.
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