« They are few and we are many. And if we come together, we’re a force. » [Ils sont peu et nous sommes nombreux. Et si on s’unit, on est une force.]
Le 15 février 2003, jusqu’à 30 millions de personnes, dont beaucoup n’avaient jamais manifesté auparavant, sont sorties dans les rues de près de 800 villes à travers le monde pour protester contre la guerre imminente en Irak. We Are Many est l’histoire inédite de la plus grande manifestation de l’histoire de l’humanité, et comment le mouvement créé par un petit groupe de militants a changé le monde.
Après 9 années de recherche, de tournage et de voyage dans 7 pays, Amir Amirani présente We Are Many, un documentaire honnête qui, malgré plusieurs faiblesses, reste un document historique pertinent.
La plus grande manifestation de l’histoire
À Londre seulement, c’est entre 1.5 et 2 millions de manifestants qui ont pris les rues d’assaut le 15 février 2003. Sur l’ensemble de la planète, ce sera plus de 30 millions de manifestants, répartis dans 72 pays. Il a eu des manifestations sur tous les continents, incluant même l’Antarctique, avec une délégation de 17 manifestants. 😀
Cette journée du 15 février est même entrée dans le livre Guinness des records. Depuis, il y a eu des rassemblements monstres – entre autres avec les manifestations pour la Terre menées par Greta Thunberg – mais il ne faut pas oublier que 2003, c’était avant l’ascension des réseaux sociaux. Pas de Twitter ni de Facebook pour mobiliser les troupes. Et tout ça est partie d’un groupe de militants qui voulait s’opposer à la création d’une guerre en Irak. Pourquoi? Parce que cette guerre était injustifiée et que les leaders politiques qui voulaient s’y lancer ont menti sur les raisons de cette guerre. Venger le 11 septembre… Mais l’Irak n’avait rien à voir avec le 11 septembre. Par contre, Hussein n’était pas un allié des États-Unis et il y avait beaucoup de pétrole dans ce pays.
À quoi ça sert?
L’objectif du documentaire est de montrer à quel point ce fut une grande manifestation. Et il semble vouloir montrer, aussi, que lorsqu’on s’unit, on peut changer le monde. Mais cette guerre injuste, elle a eu lieu non? Le message qu’on entend dans en finissant We Are Many, c’est qu’on a beau avoir raison, on a beau avoir le nombre, un gouvernement peut toujours se boucher les oreilles et faire ce qu’il veut. Les États-Unis et le Royaume-Uni seront allés en guerre. Ils auront chassé Hussein et mis en place un régime encore plus destructeur. Comme ce fut le cas en Afghanistan lorsqu’ils ont mis en place les Talibans et Al-Qaida.
Je le répète, un peu plus d’un mois après cette manifestation, la guerre en Irak a été lancée, menée par les États-Unis et le Royaume-Uni, avec des conséquences tragiques prévisibles, avec lesquelles nous vivons encore 17 ans plus tard. Et bien que L’ONU ait décrété l’illégalité de cette guerre, Blair et Bush n’ont jamais été accusés de crime de guerre ou de crime contre l’humanité. Malgré les centaines de milliers de civiles qui sont morts pendant cette guerre. Une séquence (possiblement une des meilleures du film) montre Bush qui fait même des blagues sur les supposés armes de destruction massive que l’Irak était supposé posséder. Armes qui n’ont jamais été trouvées malgré la destruction presque totale du pays. Non, il n’y en avait pas.
J’ai vu, il y a quelques semaines, Sur la corde raide, documentaire traitant du même sujet, mais du point de vu canadien plutôt que britannique. Certains chiffres varient, mais la conclusion reste la même : on savait qu’il n’y avait pas de raisons valables d’attaquer l’Irak, mais les États-Unis et le Royaume-Uni ont profité de l’occasion pour mener leur petite guerre.
Mais encore…
Le documentaire d’Amirani est long. On aurait pu y couper un bon gros 15 minutes. C’est répétitif. Il y a peut-être trop de personnes qui viennent donner leur opinion. Des analystes politiques, c’est pertinent; les militants qui ont participé c’est pertinent. Mais il y a beaucoup d’acteurs et de musiciens qui sont présentés pour diverses raisons. Mais on dirait surtout qu’ils sont là pour ajouter quelques gros noms au générique. Juste pour le plaisir, voici la longue liste des intervenants :
Amira Howeidy – Journaliste égyptien
Anas al-Tikriti – PDG et fondateur de The Cordoba Foundation
Andy Young – Un mécanicien à la station McMurdo en Antarctique
Ashraf Khalil – Journaliste et auteur du livre acclamé par la critique Liberation Square: Inside the Egyptian Revolution and the Rebirth of a Nation
Bill Fletcher Jr. – Activiste et auteur de They’re Bankrupting Us!
Brian Eno – Musicien, producteur de disques et théoricien
Chris Nineham – Militant politique et membre fondateur de la Stop the War Coalition
Clare Short – Politicienne britannique
Colleen Kelly – Un membre fondateur de l’organisation September 11th Families for Peaceful Tomorrows
Damon Albarn – Musicien et producteur de disques, surtout connu pour Blur et Gorillaz
Danny Glover – Acteur Lethal Weapon, The Color Purple, To Sleep with Anger
Dave Burgess – Écologiste australien
David Babbs – Co-fondateur de la campagne de communauté 38 Degrees
David Blunkett – British Labor Party politicien et le Member of Parliament for Sheffield Brightside and Hillsborough
David Cortright – Directeur des études politiques à la Kroc Institute et Chair of the Board du Fourth Freedom Forum.
Esther Vivas – Activiste dans une variété de mouvements sociaux à Barcelone
Gasser Abdel Razek – Militante des droits de l’homme
Hani Shukrallah – Journaliste et analyste politique égyptien
Dr. Hans Blix – Ancien inspecteur des armes de l’ONU
Hossam Hamalawy – Journaliste, blogueur, photographe et activiste social égyptien
Jeremy Corbyn – Chair du Stop the War Coalition et Membre du Parliament for Islington North
Jesse Jackson – Fondateur de Rainbow/PUSH
Joan Blades – Activiste politique et blogueur au Huffington Post
John le Carré – Auteur de renommée mondiale de Tinker Tailor Soldier Spy
John Rees – Militant politique, diffuseur et écrivain qui est un fonctionnaire national de la Stop the War Coalition et membre fondateur de Counterfire
Ken Loach – RéalisateurI, Daniel Blake, Sorry We Missed You
Kevin Martin – Directeur exécutif de Peace Action et Peace Action Education Fund.
Lawrence Wilkerson – Ancien chef de cabinet du secrétaire d’État Colin Powell et directeur associé de la planification des politiques du Département d’État
Leslie Cagan – Activiste, écrivain et organisateur socialiste
Lindsey German – Animateur de Stop the War Coalition et co-auteur de A People’s History of London.
Lord (Charles) Falconer – Avocat diplômé anglais. L’ancien Lord Chancellor britannique et premier secrétaire d’État à la Justice a passé 25 ans en tant qu’avocat commercial, devenant QC en 1991.
Mariah Crossland – A travaillé au US Antarctic research center au McMurdo en Antarctique.
Marina Sitrin – Writer, Lawyer, Teacher, Organizer, Militant and Editor of Horizontalism: Voices of Popular Power in Argentina and the Author of Everyday Revolutions: Horizontalism & Autonomy in Argentina
Mark Rylance – Oscar-Winning Actor Bridge of Spies, Dunkirk
Medea Benjamin – Code Pink Co-fondatrice
Noam Chomsky – Philosophe et activiste
Patrick Tyler – Journaliste et auteur dont la carrière dans les journaux comprend 12 ans au Washington Post et 14 ans au New York Times, où il a été correspondant en chef de 2002 à 2004
Peter Oborne – Commentateur politique en chef du Daily Telegraph et reportages sur Dispatches and Unreported World de Channel 4
Philipe Sands – Avocat britannique et français à Matrix Chambers et professeur de droit international à l’University College London; auteur de Lawless World (2006)
Phyllis Bennis – Dirige le New Internationalism Project au IPS; écrivain, analyste et activiste sur les questions du Moyen-Orient et de l’ONU
Raffaella Bolini – Membre du International Council of the World Social Forum, du Executive Committee of the Euromed Network for Human Rights, et est vice-présidente de la European Civic Forum
Richard Branson – Magnat des affaires, investisseur, auteur et philanthrope
Robbie Liben – Ancien technicien informatique senior chez McMurdo Station en Antarctique
Robert Greenwald – Fondateur et président de Brave New Films (BNF)
Ron Kovic – Vétéran et auteur de Born on the Fourth of July
Salma Yaqoob – Ancienne chef et ancienne vice-présidente de la Respect Party et une ancienne Birmingham City Councillor. Elle est également à la tête de la Birmingham Stop the War Coalition.
Sameh Naguib – Sociologue égyptien à la American University in Cairo, un activiste socialiste et un membre dirigeant de la Trotskyist organization the Revolutionary Socialists.
Susan Sarandon – Actrice Thelma & Louise, Dead Man Walking
Tariq Ali – Militant politique, écrivain et journaliste britannique
Tim Goodrich – US Air Force Veteran qui a cofondé Iraq Veterans Against the War en 2004
Tom Hayden – Militant social et politique, auteur et homme politique
Tony Benn – Homme politique britannique qui a siégé au Parlement pendant 47 ans
Vanessa Branson – Soeur de Richard Branson; un fondateur du Marrakech Biennale
Wael Khalil – Militant politique égyptien
Will Saunders – Astronome
D’ailleurs, plus je regarde cette liste et plus je trouve qu’il y a peut-être trop d’activistes aussi. Surtout que le message est toujours le même : c’était tellement beau et gros…
Au final, We Are Many est un document historique pertinent, mais un film un peu long et ennuyant. Il est tout de même intéressant à voir.