« Monstre en confettis! »
Samsam, le plus petit des grands héros, n’a toujours pas découvert son premier super pouvoir, alors qu’à la maison et à l’école, tout le monde en a un ! Devant l’inquiétude de ses parents et les moqueries de ses camarades, il part à la recherche de ce pouvoir caché. Avec l’aide de Méga, la nouvelle élève mystérieuse de son école, Samsam se lance dans cette aventure pleine de monstres cosmiques…
En adaptant Samsam au cinéma, Tanguy de Kermel réalise un tour du chapeau avec ce personnage d’abord de BD, puis héros d’une série télé. Et l’adaptation en film est assez réussie.
Le film Samsam est basé sur l’adaptation des ouvrages de Serge Bloch – publiés entre autres dans les magazines Pomme d’api – en série télé. Bien sûr, plusieurs changements ont dû être faits pour passer du papier au cinéma.
Dans le magazine Pomme d’Api, les parents de Samsam ne passent pas leur temps à le protéger, comme dans le film, alors que cela arrive dans la série. Mais, partout, Samsam dispose d’une grande autonomie : il peut aller se balader partout dans l’espace, en emmenant son doudou (un petit ourson en peluche) dans sa soucoupe.
Des personnages ont été ajoutés seulement pour le film. Le principal étant Méga – fille du méchant –, qui est au centre de l’intrigue.
Et, finalement, deux éléments majeurs d’un point de vu visuel : le passage du 2D au 3D et le choix des couleurs. Beaucoup d’animés se font toujours en 2D. Il aurait donc été tout à fait possible de choisir ce type de visuel, surtout que les dessins originaux s’y prêtaient par leur style simple et épuré. Quand aux couleurs, l’auteur, Serge Bloch, pouvaient les faire varier d’un mois à l’autre. C’est d’ailleurs un des éléments importants dont le réalisateur parle en entrevue :
« Il a fallu trouver une ligne conductrice pour les décors aussi, car Serge peut colorer un monde en rouge un jour, puis en orange une autre fois! Nous avons donc attribué des teintes récurrentes à chaque univers de la série, en associant chaque personnage à une couleur. Par exemple, SuperJulie est habillée en rose de la tête aux pieds, Petit Poâ est tout vert, Samsam tout rouge, etc. C’est la raison pour laquelle tout ce qui concerne Samsam est rouge : sa soucoupe, ses jouets, les meubles de sa chambre. De même, le scooter de Petit Poâ est vert et la soucoupe de SuperJulie, rose. »
Je dois dire que, après le visionnement du film (avec mes deux garçons), je n’étais vraiment pas convaincu par les noms donnés aux méchants et à leurs « pouvoirs ». N’est-ce pas ridicule d’appeler Pipiolis de petits monstres qui attaquent les enfants en leur faisant faire pipi au lit? Et de miser sur un méchant qui zozote?
Mais, après avoir dormi sur la chose, j’ai compris que, en fait, ces noms qui me semblaient ridicules, représentent des angoisses universelles de l’enfance, comme la peur du noir, ou la crainte de faire pipi au lit toutes les nuits. Tout cela est transposé à l’échelle de notre petit superhéros, dans un univers cosmique de monstres, de pirates et de planètes à explorer, d’autres thèmes qui viennent chercher l’intérêt de beaucoup de petits. Mais alors que l’univers de la série vise les 3-6 ans, le film est plus adapté aux enfants de 4 à 8 ans. Par exemple, mon 4 ans a beaucoup aimé, mais ne comprenait pas tout à fait l’humour des blagues. Je crois malgré tout que les thèmes l’ont beaucoup rejoint, puisqu’il était très concentré du début à la fin.
L’auteur de la série BD expliquait, en entrevue, que l’univers de Samsam lui a été inspiré par ses tout-petits. « Ce qui m’intéresse le plus dans mon travail, ce sont les émotions de l’enfance. Les joies, les petites peurs… » Bien que ce ne soit pas si évident à voir sur le coup, je le comprends, avec un peu de recul.
L’intrigue du film met en opposition Samsam et sa nouvelle amie, Méga, la fille du dictateur Marchel. Je veux souligner, au passage, qu’il est intéressant d’intégrer – et de nommer – un personnage qui est un dictateur dans une œuvre pour jeunes enfants. Ce thème n’est jamais abordé ainsi pour ce public. Oui, les méchants sont souvent des dictateurs, mais on n’utilise jamais ce terme pour les désigner.
Revenons à nos deux héros. De son côté, Samsam a des parents formidables, une chambre magnifique remplie de jouets, un super doudou, des copains géniaux; bref, il va très bien. La recherche de son pouvoir est la seule chose qui le titille, probablement un témoignage de sa quête d’identification à ses pairs. En parallèle, on découvre cette pauvre petite Méga qui vit cachée sur March, avec l’interdiction de sortir du palais. Sa mère la force à suivre des cours de chant, et ce jusque dans sa chambre où il n’y a aucun jouet, mais seulement des partitions de musique. Méga vit cloîtrée tout en haut de sa tour et elle ignore que les enfants, ailleurs, ont le droit de s’amuser. Elle n’a même pas le droit de rire, car cela donne des maux de tête à son père. Ainsi, ils ont chacun des problèmes à résoudre. En se rencontrant, ils vont s’épauler.
Donc, sans dire que Samsam est un grand film, je crois qu’il sera apprécié des enfants. Et en plus, il s’agit d’un film de superhéros sans violence! Je ne sais pas pour vous mais, pour moi, ça compte.
Note : 7/10
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