White lie – À l’aide!

« I know you don’t have cancer and you’re lying just like in high school. »
[Je sais que tu n’as pas le cancer et que tu mens, exactement comme au secondaire.]

White Lie - afficheKatie Arneson (Kacey Rohl), étudiante en danse à l’université, simule le cancer. Son diagnostic et sa collecte de fonds l’ont transformée en une célébrité du campus et l’ont entourée de la communauté de soutien dont elle a toujours rêvé: un groupe d’amis très unis, la sécurité dans ses activités académiques et une relation de bienveillance avec sa petite amie (Amber Anderson).

Avec le puissant White Lie, Yonah Lewis et Calvin Thomas nous amènent dans l’univers du mensonge et de l’abandon. Ils créent une œuvre poignante et troublante.

Le mensonge

White Lie - le mensonge
Katie Arneson (Kacey Rohl)

Dépendant d’une bourse octroyée aux étudiants malades, Katie apprend que son financement est menacé à moins qu’elle ne puisse fournir des copies de son dossier médical, et ce dans la semaine. Sollicitant les conseils de plusieurs contacts, elle commence le dangereux processus de contrefaçon. Cette tâche est plus coûteuse et plus compliquée qu’elle ne l’avait prévue. 

Comment quelqu’un en vient à créer un si gros mensonge? C’est la question qui trotte dans notre tête tout au long du film. Est-ce pour l’argent? Pour un besoin d’amour? Pour la célébrité? Quoiqu’il en soit, Katie est bien déterminée à poursuivre dans son mensonge. Personne, sauf un ami qui lui fournit du matériel illicite, n’est au courant. 

Le traitement de l’histoire et du personnage font en sorte que le spectateur ne s’attache pas au personnage merveilleusement interprété par Kacey Rohl. Mais, en même temps, on finit par avoir une certaine pitié pour elle. Rohl explique d’ailleurs ceci à propos de son personnage :  

« I completely understand the weird things humans do to keep themselves safe and to find love and get attention. I think it’s objectively a horrific lie to tell; it’s unkind, it’s massive, it’s blind to the experiences of others. Sometimes we do awful things to get good things and it’s unfortunate that we can’t just say what we need. » [Je comprends parfaitement les choses étranges que les humains font pour se protéger, trouver l’amour et attirer l’attention. Je pense que c’est objectivement un mensonge horrible à dire; c’est méchant, c’est énorme, c’est aveugle des expériences des autres. Parfois, nous faisons des choses horribles pour obtenir de bonnes choses et il est malheureux que nous ne puissions pas simplement dire ce dont nous avons besoin.]

De plus, les réalisateurs se sont assurés que l’actrice se mette complètement dans la peau de son personnage en exigeant qu’elle ait véritablement la tête rasée, rasage qui a été capté  en direct pour le tournage de la bande-annonce. Regardez-la, vous ne pourrez vous empêcher de voir le film après.

Le prix à payer

Évidemment, quand on se lance dans ce genre de mensonge, il y a un prix à payer…

White Lie - Le prix à payerLa première partie de White Lie montre à quel point la jeune femme se laisse prendre au jeu. Faire des selfies et des vidéos de « merci mes amis », c’est facile. Puis, tout bascule. La deuxième partie met l’accent sur le stress que cette contrefaçon  crée dans la vie de Katie. Car plus elle embarque dans « la game » et plus elle s’enfonce. Tel un messie, elle doit constamment trouver des supercheries de plus en plus complexes pour que les gens continuent de croire en sa maladie. Puis arrive le moment fatal où elle doit prouver, registre médical à l’appuie, que son cancer est réel…

S’ensuit la descente aux enfers. Un véritable tourbillon émotionnel montré grâce à une caméra mobile et une musique désaxée. Et ses démons finiront par la rattraper. Sans oublier que la jeune femme n’est pas une grande criminelle. Elle n’est qu’une fille malade, et mal en point… Yonah Lewis  expliquait ceci lors d’une entrevue : 

“We’ve tried to pull a pretty major shift in the final act. We loved the idea of starting the film as a procedural; showing how she gets money, how she gets her prescriptions, how she’s been getting away with it for so long. But ultimately we knew the film wasn’t a crime film. She’s not a criminal mastermind trying to pull off a bank heist.” [Nous avons essayé de créer une revirement assez important dans l’acte final. Nous aimions l’idée de commencer le film comme un procédurier; montrant comment elle obtient de l’argent, comment elle obtient ses ordonnances, comment elle s’en sort depuis si longtemps. Mais, finalement, nous savions que le film n’était pas un film policier. Ce n’est pas un cerveau criminel qui essaie de réussir un braquage de banque.]

Son et image

White Lie - son et image
Jennifer

Je ne peux passer sous silence la trame sonore. La musique, dès le tout premier plan, est saccadée, voir déconstruite. Par moments, on pourrait presque croire qu’on a inséré des partitions étrangères ensemble, sans s’assurer que les rythmes et les sonorités s’agençaient. Et, pourtant, cette musique « désarticulée » contribue grandement à montrer et à faire ressentir l’état d’esprit du personnage. 

Quand à l’image, les réalisateurs ont opté pour le 35 mm et une texture un peu plus granuleuse. Ce choix contribue aussi au sentiment d’insécurité ou d’incertitude ressenti par le spectateur. 

Mais encore…

White Lie - mais encore
Katie et Jennifer

En suivant Katie Arneson alors qu’elle tente d’obtenir des documents médicaux pour une bourse scolaire, White Lie nous offre une perception réaliste de l’univers des gens qui tentent de faire des fraudes basées sur la maladie. On peut d’ailleurs en voir régulièrement sur les plateformes de sociofinancement.

On se retrouve alors dans un film intimiste, qui force le spectateur à faire un choix difficile : je veux qu’elle réussisse, ou je veux qu’elle se fasse prendre. Et, pour une fois, l’histoire d’amour intégrée à un film dramatique n’est pas inutile. Ici, l’amoureuse joue un rôle clé dans tout cette histoire. 

White Lie est un film que je vous suggère vivement.

Note : 9/10

Visionnez la bande-annonce :

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