« I love having beautiful tits »
[J’aime avoir de beaux mamelons.]
Showgirls de Paul Verhoeven (1995) a été accueillie par la critique et le public avec une dérision quasi universelle. You Don’t Nomi retrace le voyage rédempteur du film, du flop notoire au classique culte, et peut-être même au chef-d’œuvre.
Showgirls a été récompensé aux Razzie Awards en tant que pire film de la décennie. Était-ce mérité? C’est en quelque sorte la question qui est derrière You Don’t Nomi de Jeffrey McHale.
Parfois, la ligne est mince entre un navet et un grand film. C’est un peu ce qu’on découvre à mesure que le documentaire avance. Tout au long du film, on entend les témoignages de critiques, d’experts, d’analystes qui racontent à quel point ils ont démoli le film à sa sortie, et comment, aujourd’hui, ils sont prêts à faire marche arrière pour dire que Showgirls est un grand film. Un va même jusqu’à dire qu’il s’agirait d’un chef-d’œuvre.
À travers les extraits et les témoignages, on ne peut qu’acquiescer à deux choses : Elizabeth Berkley, l’actrice principale, offre un personnage d’une intensité particulière et les dialogues peuvent sembler vides. Mais, lorsque deux personnages discutent, ils doivent avoir des discussions logiques. Il n’est donc pas si ridicule que les deux danseuses parlent de leurs ongles (à plusieurs reprises).
Quand à la performance de l’actrice, à mon avis – et à celui de plusieurs des commentateurs de You Don’t Nomi – elle fut jugée très durement, à tort. L’intensité du personnage était une demande du réalisateur et elle contribue à l’ambiance du film. Quand on regarde certains des films de David Lynch, on ne dit jamais que ses personnages sont trop intenses. Et pourtant, c’est souvent le cas. Alors comment se fait-il que ce rôle ait détruit la carrière de Berkley? Il y a une fâcheuse tendance à Hollywood à détruire les carrières des actrices qui osent porter un personnage intense, dans un film où il y a une sexualité assumée.
Pourtant, comme le disait Verhoeven en entrevu en 1995, « sexuality is part of our lives and we shouldn’t be ashamed of it. » [La sexualité fait partie de nos vies et on ne devrait pas en avoir honte.]
Une autre chose très intéressante du documentaire est la façon dont le réalisateur met en relation les différents films de Verhoeven. Plutôt que de simplement montrer les images les unes après les autres, il intègre souvent des séquences de différents films dans une même image. Par exemple, on peut voir le personnage de Michael Douglas taper à l’ordinateur. Mais, plutôt, que de voir l’image originale qui apparaît sur l’écran dans Basic Instinct, on voit plutôt le nom de Nomi Malone qui s’affiche à mesure que l’enquêteur écrit. Il y a aussi des séquences dans lesquelles on intègre des extraits de Showgirls dans Total Recall et dans Robocop.
L’entremêlement de ces images mène au constat que Paul Verhoeven traite de personnages qui assument une sexualité violente dans pratiquement tous ses films.
Le seul réel point faible ici, c’est la trop grande place qui est donnée aux spectacles théâtraux qui reprennent Showgirls. C’est très intéressant et pertinent de nous montrer que le film culte de 1995 a été transposé dans un spectacle qui roule depuis un bout. C’est moins pertinent de commencer à nous expliquer à quel point ça a sauvé la vie de l’actrice qui joue les rôles de Berkley. C’est triste de savoir que cette femme s’est fait violer. Et c’est super de savoir qu’elle a été sauvée par l’audition qui lui a donné le rôle. Mais est-ce vraiment pertinent de s’étendre sur le sujet pendant plus de 20 minutes?
Malgré ça, You Don’t Nomi vaut la peine d’être vu. Il est peu fréquent qu’un film détruit par la critique et boudé par les cinéphiles devienne un film culte. Et si vous avez vu Showgirls, vous aimerez encore plus le documentaire de McHale.
Note : 8/10
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