Judy and Punch – Sur le fil

Judy and Punch - afficheDans la ville de Seaside (situé loin de la mer), les marionnettistes Judy et Punch tente de ressusciter leur spectacle sur le bord d’un contrôle anarchique. Lorsque Punch tue accidentellement leur bébé après une beuverie, sa femme, Judy, ayant été violemment battue, s’allie avec une bande d’exilés hérétiques pour se venger de Punch et de la ville entière.

Après avoir été actrice dans des films comme Animal Kingdom de David Michôd et Sleeping Beauty de Julia Leigh ou dans des séries comme Top of the lake, l’Australienne Mirrah Foulkes s’est lancée dans la réalisation de courts métrages avec lesquels elle a eu beaucoup de succès en festival. C’est en 2019 que sort dans son pays Judy and Punch, son tout premier long métrage en tant que réalisatrice et scénariste. Ce n’est que cet été qu’il touchera les salles nord-américaines, pour un résultat final imparfait, mais plutôt prometteur pour la suite de la carrière de la cinéaste.

Un tout nouveau spectacle

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Un esprit de vengeance

Chose importante à savoir, le film se base sur un populaire spectacle de marionnettes britannique nommé Punch et Judy, dans lequel le personnage de Punch, après avoir accidentellement tué son bébé, finit par tuer sa femme et d’autres personnages avec son bâton. Partant de ce postulat de base, la réalisatrice va cependant remanier tout le propos de l’oeuvre, et ce avec une grande intelligence. Car le premier bon point du film, c’est la manière de traiter des thèmes abordés. 

Plusieurs critiques sociales émergent du discours du film. Alors que le spectacle d’origine fait de l’homme qui commet des crimes le héros de l’histoire, Foulkes en fait un être pathétique et c’est Judy qui devient le personnage principal. Non seulement elle instaure ainsi un côté profondément féministe au film mais, par la représentation d’un Punch cruel, alcoolique et exécrable, elle critique la masculinité toxique . 

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Les joyeux exilés

Le portrait que la réalisatrice fait de la ville de Seaside, avec ses habitants dépravés, son gouvernement corrompu et son rejet des personnes différentes, est aussi une critique sociétale évidente . Un village qui se croit supérieur, mais qui ne l’est pas du tout, pourrait rappeler sans difficulté un pays moderne au président des plus conservateurs… Le nom de l’endroit, Seaside, montre parfaitement cette illusion, évoquant la beauté du bord de mer, une tromperie grotesque  puisqu’il n’y aucune mer autour de la ville. La réalisatrice a la bonne idée de choisir une fin douce-amère, affirmant que ce qu’elle critiquait perdurera malheureusement encore longtemps.

Outre la manière intelligente d’aborder les différents thèmes, le film bénéficie aussi d’une bonne réalisation, d’une production design de qualité, mais surtout d’excellentes performances d’acteurs, particulièrement en ce qui concerne les rôles principaux. Si Mia Wasikowska (Alice au pays des merveilles, Map to the stars, Crimson Peak) prouve encore une fois qu’elle est une actrice extrêmement talentueuse dans le rôle de Judy, la palme revient cependant à Damon Herriman (Charles Manson dans Once upon a time in Hollywood et Mindhunter) dans le rôle de Punch, qui réussit à le rendre à la fois attachant, effrayant et ridicule. Malgré toutes ses qualités, un gros problème plombe cependant le long métrage.

Un triste manque

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Une relation belle, mais courte

En effet, si Judy and Punch reste, dans l’ensemble, un bon film, il ne va malheureusement pas plus loin que ça. Il manque quelque chose au film pour réellement marquer le spectateur après le visionnement, comme une scène choc ou un personnage mémorable qui restera gravé dans notre tête pendant un bout de temps. Malgré tous ces efforts, le film ne propose pas grand chose de nouveau qui va le distinguer de la masse. Même la réinvention du spectacle de marionnettes, qui est pourtant une idée assez novatrice, n’est pas suffisamment mise en valeur pour que les gens qui n’en connaissent pas la référence puisse la voir.  Le film s’oublie un peu trop facilement, ce qui est réellement dommage. Aussi, il y a un manque d’équilibre dans le mélange entre la comédie noir et le drame. Les instants censés être comiques sont plus dramatiques et les moments durs font plutôt rire.

Mais ces défauts sont quand même excusables. Il s’agit du premier film de la réalisatrice; il est donc évident que rien n’est parfait. Cependant, avec toutes les autres qualités présentes dans le film, Mirrah Foulkes démontre qu’elle est une nouvelle cinéaste prometteuse.

Note : 6/10

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