« Quand sa maman le met au monde, l’enfant commence à pleurer. Chez nous, on dit que l’enfant comprend qu’il est arrivé au mauvais endroit. »
Il y a 30 ans, le cinéaste Philippe de Pierpont rencontre six enfants des rues au Burundi et leur promet de les filmer à chaque étape charnière de leur vie. Aujourd’hui, il les retrouve pour la quatrième fois : ils ont 40 ans et ne sont plus que trois. Quel regard portent-ils sur le monde et sur eux-mêmes ?
Avec La prochaine fois que je viendrai au monde, Philippe de Pierpont dresse le portrait réaliste et touchant de 3 hommes ayant grandi dans les rues du Burundi. Un film bouleversant.
Parfois le hasard fait particulièrement bien les choses. En 1991, la vie a mis 6 garçons sur le chemin de Pierpont. C’est donc de leurs 10 ans jusqu’à leurs 40 ans que le réalisateur les retrouvera afin de documenter leur vie, et du coup, la triste réalité qui les met en scène.
Je dois admettre que la présentation du projet me semble quelque peu étrange au départ. Un inconnu, blanc, propose à 6 jeunes garçons vivant dans la rue de les revoir à plusieurs reprises pour faire un film sur eux. Et les 7 personnes se font la promesse d’être au rendez-vous toute leur vie… Et aussi simple que ça, le projet fonctionne ? Ok. Je vais accepter cette idée.
Il faut dire que d’un point de vue cinématographique, La prochaine fois que je viendrai au monde possède une histoire presque trop parfaite. La rencontre fortuite entre le réalisateur et des jeunes de la rue, la promesse, les rencontres qui s’ensuivent… et la mort. De six gamins rencontrés en 1991, seulement 3 sont toujours en vie aujourd’hui.
Ne croyez pas que je dis que l’histoire a été arrangée. Je n’y crois pas. Mais disons que, si on fait abstraction du drame humain, Pierpont a hérité d’une histoire extraordinaire à raconter. Et il a su en tirer tout ce qu’il était possible d’en tirer. Les témoignages de Etu, Assouman et Innocent sont touchants et frappants. En fait, c’est comme une belle claque en plein visage. Je me permets tout de même une petite parenthèse : le réalisateur ne se sentait-il pas un peu mal de filmer ces pauvres enfants sans pour autant les aider à se sortir de la misère?
Mais revenons au film en soi. Quand on entend Innocent raconter comment il s’est retrouvé avec une partie de ses dents en moins après s’être fait tabasser par la police, on ressent un sentiment de révolte. Quand on entend son ami raconter comment, après avoir réussi à s’en sortir, il a vu sa maison engloutie par les eaux d’une forte tempête, emmenant avec elle son bébé de quelques semaines et ses espoirs d’avenir, on est happé par une grande tristesse. Et quand on entend le troisième expliquer que son copain mort quelques jours auparavant n’aura enfin plus à courir pour trouver de la nourriture ou pour fuir la police qui harcèle les sans-abris, on se sent mal. On comprend toute la chance qu’on a malgré nos difficultés.
Ce documentaire ne contient aucune longueur, aucun plan inutile. Il s’agit d’un document d’une grande richesse qui doit être présenté au grand public.
Si ce n’était des quelques questionnements mentionnés plus haut (la rencontre, la promesse et l’absence d’aide) La prochaine fois que je viendrai au monde toucherait la perfection.
J’ai rarement vu des portraits de personnes non célèbres être aussi pertinents, aussi marquants. Je ne peux faire autrement que de vous inciter à acheter votre billet pour visionner ce film.
Note : 8.5/10
La prochaine fois que je viendrai au monde est présenté les 25 et 26 avril, dans le cadre du Festival Vues d’Afrique.
Visionnez la bande-annonce :
© 2023 Le petit septième
Bonjour monsieur,
J’ai suivi ce documentaire j’étais une gamine du même âge que ces enfants à l’époque et ce avec mes frères. Cette histoire m’avait tellement émue et bouleversée. 30 ans plus cette consternation est encore plus vive que savoir que la vie ne s’est pas améliorée davantage pour eux et certains en sont morts. Est-ce possible de rentrer en contact avec des personnes requises et voir ce qui peut être fait pour eux.