The Song of Names – Une douce chanson

*Une entrevue avec François Girard suit la critique.

Le chant des noms - afficheAlors qu’ils sont encore des enfants, Martin (Tim Roth) et Dovidl (Clive Owen) se lient d’amitié à travers la musique. Dovidl est un violoniste de génie et décide de prendre Martin sous son aile pour qu’il l’accompagne au piano. Alors qu’une guerre mondiale fait rage, nos deux amis, eux, tentent d’apporter de la lumière grâce à la musique. Devenus de jeunes hommes, à la veille d’un grand spectacle où il sera le soliste, Dovidl disparaît. Martin passera alors sa vie à chercher son ami.

Avec près de 30 ans de carrière à son actif, François Girard s’est montré à travers le monde comme un artiste complet. Avec neuf films, deux séries télé, de nombreux spectacles et pièces de théâtre mises en scène et plusieurs prix gagnés grâce à ses œuvres, il a touché à plusieurs formes d’art et a pu se faire reconnaître à l’international, notamment aux États-Unis, où il a réalisé des films avec les moyens hollywoodiens bien avant les Denis Villeneuve, Jean-Marc Vallée et Philippe Falardeau d’aujourd’hui. Après être revenu dans le système québécois avec Hochelaga, Terre des âmes, il sort en cette fin d’année l’adaptation du roman de Norman Lebretch The Song of Names, un film à la structure certes classique, mais avec un superbe message sur la puissance de la mémoire et de la musique.

Je me souviens

Song of names - Girard
Martin (Tim Roth) et Helen (Catherine McCormack)

Le film est en premier lieu remarquable par les performances de ses acteurs. Si les deux personnages principaux sont excellents – Tim Roth, toujours aussi talentueux, et Clive Owen donnant une aura particulière à son rôle –, il ne faut pas oublier Mishan Handley, Luke Doyle, Gerran Howell et Jonah Hauer-King, qui jouent respectivement les Martin et Dovidl enfants et jeunes adultes et qui donnent chacun un quelque chose à leur personnage. Chacun des protagonistes, en plus de se compléter, représentent d’ailleurs un des thèmes importants du film : la mémoire pour Martin et la musique pour Dovidl.

C’est le thème de la mémoire, qui a été parfaitement exploité à travers le scénario et la mise en scène, qui fait avancer l’histoire. En effet, c’est à travers les souvenirs de Martin de son frère adoptif que le film s’élabore. Cependant, François Girard s’intéresse davantage à une autre forme de souvenir beaucoup plus importante : la mémoire des morts et des oubliés, d’où le choix de construire le récit en ayant recours à de nombreux flashbacks et de concentrer l’histoire sur la culture juive, très centrée sur les ancêtres et la filiation, et les horreurs de l’Holocauste. C’est l’envie de se remémorer qui portera Martin dans sa quête qui durera tout le film, décidant de parcourir ses souvenirs comme ceux de son frère adoptif. De plus, ces éléments sont pertinents pour l’évolution du personnage de Dovidl, qui a très peu d’informations concernant ses parents, ce qui détruit en lui ce besoin de se souvenir et le pousse à laisser sa foi de côté. Une très bonne utilisation du message du film dans le but de construire ses personnages.

Le pouvoir de la musique

Song of names - Le pouvoir de la musique
Dovidl (Jonah Hauer King)

Le thème de la mémoire ne serait pas aussi bien exploité sans tout le traitement de Girard sur la musique. Le réalisateur rend chaque scène émotionnellement forte pour le spectateur en mettant l’accent sur la musique. Mais c’est à travers le personnage de Dovidl que le thème sera le mieux représenté. Premièrement, de manière évidente car le personnage est lui-même un génie de la musique, mais surtout car ce sera fait à travers son évolution et son apprentissage personnel, notamment en ce qui concerne la mémoire, un amalgame brillamment réalisé. Le meilleur exemple demeure la sublime scène du chant des noms, qui donne le titre au film, dans laquelle Dovidl réapprend l’importance de se rappeler, retrouve la foi qu’il avait abandonnée et se tourne vers une vie plus juste… Tout ça grâce au pouvoir de la musique. Le tout est embelli de la magnifique bande sonore composée par Howard Shore, la meilleure musique étant sans aucun doute celle qui change la vie de Dovidl.

Un peu de déjà-vu

Song of names - Un peu de déjà vue
Dovidl, Martin (Gerran Howell) et Helen

Le véritable défaut du film, c’est qu’il reste assez traditionnel dans ce qu’il fait. En effet, le film réussit très bien son côté émotionnel, mais il pourrait essayer différentes choses dans sa mise en scène ou son montage, ou proposer un élément qui pourrait marquer encore plus le public durant les jours qui suivent. Le montage de la performance finale de Dovidl est un bon exemple de ce que le long métrage aurait gagné à tenter. Si cela n’entache en rien les qualités énoncées plus tôt, ça m’empêche d’en faire un grand film qui se démarque des autres grandes œuvres cinématographiques sorties en cette année 2019.

François Girard signe avec The Song of Names une œuvre certes classique, mais avec des superbes performances d’acteurs et un message sur l’importance de la mémoire et de la musique pouvant sans aucun problème émouvoir le spectateur. Il n’en manque très peu pour en faire un chef-d’œuvre à la hauteur de son grand réalisateur.

Note : 7/10

***

Dans le cadre de la sortie du film The Song of Names, David Simard-Jean, pour Le petit septième, s’est entretenu avec son réalisateur François Girard (Le violon rouge, Hochelaga, terre des âmes) pour en savoir plus sur son nouveau long métrage.

David: Bonjour monsieur Girard. Merci de m’accorder de votre temps.

Nous allons d’abord parler du film. Qu’est-ce qui vous a attiré à rentrer dans ce projet et comment avez-vous été approché?

François Girard: Robert Lanthos, le producteur, m’a proposé un scénario qui existait déjà et qui était une adaptation du livre de Norman Lebrecht; le scénariste étant Jeffrey Caine. J’ai d’abord lu le scénario, puis il y a eu toutes sortes de questionnements autour de ça, ensuite j’ai lu le livre. J’ai accepté de faire le film, parce que je pense qu’il dit quelque chose d’important, qu’il y a un geste de mémoire dans Song of names qu’il était pour moi important à poser. D’ailleurs, je ne suis pas le seul, Robert était le premier à avoir senti l’appel de cette mission-là. Les acteurs, toute l’équipe, on était tous un peu dans cet esprit-là de mémoire. Et puis, aussi, la proposition pour moi était très fine, c’est-à-dire que l’Holocauste, c’est un sujet qui est très saturé au cinéma et ailleurs, ici l’Holocauste et la Seconde Guerre mondiale sont en toile de fond, même invisibles, mais complètement centraux, et on plonge dans l’intimité de deux personnages et de l’onde de choc de l’Holocauste. Pour moi, c’était un angle non seulement intéressant, mais nouveau, où je sentais que j’avais la permission, moi, Québécois, de raconter histoire.

David: Le film est une coproduction canadienne et américaine?

François Girard: Non, c’est Canada, Québec, Hongrie.

Song of Names - En Hongrie
Dovidl

David: D’accord, mais pourquoi la collaboration avec la Hongrie?

François Girard: D’abord Robert Lanthos est Hongrois. Il est né en Hongrie, il est devenu Québécois par la suite mais il est Hongrois, donc il a une relation avec ce pays, des contacts, il est présent dans la communauté hongroise. Aussi parce que Budapest est devenu un centre important de tournage. C’est une ville de cinéma qui produit du service de qualité avec des équipes de qualité. Beaucoup vont tourner en Hongrie même s’ils n’ont pas de rapport avec la Hongrie. Tout ça s’est présenté et il y a eu les possibilités de financement.

David: Le film a donc été tourné en Hongrie. Quelles scènes en particulier ont été tournées là-bas? Est-ce que des scènes ont été tournées dans d’autres endroits?

François Girard: Presque tout en première équipe a été tourné à Budapest. On a fait quatre jours d’establishing à Londres, des extérieurs pour bien identifier la ville. On a fait aussi quatre jours à la fin du tournage à Montréal, principalement du studio pour des raisons de production, pas artistiques. On est aussi allé à Treblinka. Avant de parler de ça, il y a pour tous les trajets, pour tous les déplacements, parce qu’on suit Martin qui se promène à Londres, Newcastle, Varsovie et New York, donc on s’est servi d’une deuxième équipe qui a ramassé le matériel nécessaire pour faire des rétroprojections en voiture ou autre establishing. Par exemple, la scène de voiture entre Dovidl et Martin à la fin. On a tourné ça à Montréal, les SFX ont fait New York en arrière-plan, le déplacement de la voiture c’est la deuxième équipe; il y a toutes sortes de pirouettes pour faire déplacer les personnages.

David: Vous dites que vous êtes allés à Treblinka?

François Girard: Il y a eu une escapade à Treblinka, parce que on n’y échappe pas, c’est un peu la contradiction à la stratégie, mais c’est une scène tellement délicate qu’il m’a pris un bon moment d’ailleurs avant de bien en saisir la réalité. Il a fallu que je me rende là-bas; je suis allé avec le chef-décorateur François Séguin. On s’est rendu sur les lieux en Pologne et on a été frappé par l’émotion de ce lieu-là. Après avoir passé par-là, on a réécrit les scènes de Treblinka en relation avec ce que j’avais vécu et on a décidé d’amener une toute petite équipe avec les acteurs pour tourner sur les lieux du mémorial.

David: Je voudrais vous parler des acteurs Tim Roth et Clive Owen. Comment ont-ils été approchés par le projet?

Song of names
Martin (Tim Roth)

François Girard: On a fait le choix de leur offrir le rôle, ils ont dit oui, on s’est rencontré et on a fait le travail. Il n’y a pas d’histoire extraordinaire de ce côté-là, sauf eux. C’était un film difficile à caster. Il y avait des défis importants, entre autres de devoir représenter un personnage à travers trois acteurs. Déjà, dès la première lecture du scénario, c’était clair pour moi que ce serait ma bataille à moi. Ça l’a été de la lecture du scénario jusqu’au mix final d’une façon presque obsessive. J’ai dû faire fonctionner ces deux rôles-là en six acteurs. Aussi, indépendamment de cet aspect-là, il y a le personnage de Martin qui aurait pu facilement tomber dans la sentimentalité et Tim c’est l’antidote parfait: on ne le prendra jamais sirupeux, donc il était pour moi le casting idéal. Je le pensais à l’époque, je le pense encore plus maintenant pour donner au film ce dont il avait besoin. Le personnage de Dovidl, la problématique c’est que j’essayais d’imaginer ce que ça donnait sur le scénario. C’est un personnage qui est sombre, fermé dans sa tribu avec les gestes qu’il a causés. C’est un personnage qui pouvait facilement être antipathique. J’avais besoin d’un acteur charismatique et c’est difficile d’imaginer plus charismatique que Clive. Pour moi c’était le casting idéal. Après ça, il y a tous les autres acteurs. Pour moi c’était dès le départ un film d’acteur, ce qui était mon intérêt à moi ce n’est pas la musique, ce sont ses personnages, l’intimité entre les deux personnages et ce qu’il se passe autour d’eux. Essentiellement, on est collé avec eux et ça m’a beaucoup plu et j’avais vraiment envie de tourner ça.

David: Vous avez parlé des difficultés de retranscrire le texte à l’image. Est-ce que ça a été un gros travail d’adaptation?

François Girard: Quand je suis arrivé dans le projet, le scénario et l’adaptation étaient déjà faits. On a peu discuté par rapport au livre, c’était plutôt de faire avancer le scénario dans la forme où il était. Le scénario est très fidèle au livre en substance et en personnages; on retrouve vraiment l’essence du livre. Cependant, la structure est complètement différente, le livre est chronologique et linéaire, il n’y a pas de détours ni de flashbacks. Par exemple, le moment où Martin soupçonne un indice de l’existence de Dovidl et le moment où il le trouve: il y a six pages dans une brique. Le scénariste Jeffrey Caine a fait le choix très judicieux de mon point de vue de prendre ces six pages et d’en faire la quête du film, et pour moi c’était la bonne chose à faire. C’est à la fois très différent et très fidèle.

David: Est-ce qu’il y avait un thème que vous vouliez profondément aborder à travers le film?

François Girard: Pour moi, il y a un thème, celui de la mémoire d’une page noire de l’histoire qui est déjà en train de passer dans l’oubli. Les jeunes générations ont une conscience très limitée: 50% des gens d’en bas de 100 ans ne savent pas ce que le mot Holocauste veut dire, et puis, imaginez dans le 50%, qui reconnaît le mot qui peut décrire et qui a la connaissance de ce qui s’est passé? C’est vrai pour l’Holocauste, les affres staliniennes et maoïstes et le génocide arménien, bientôt le génocide rwandais. Tout ça est en train de s’effacer dans la conscience collective parce qu’on est de plus en plus obsédé par le présent. Les technologies nous ramènent dans le présent et le sens de la mémoire en général, les grandes bêtises de l’histoire, je pense qu’on est en train de devenir de plus en plus myope, amnésique. Pour moi, et je pense que je parle au nom de tous ceux qui étaient avec moi dans le film, je pense que c’était ça la raison de faire ce film et ce qui était notre motivation.

David: Avec Trente-deux films brefs sur Glenn Gould, Le violon rouge et Le virtuose, Song of Names est votre quatrième film traitant de la musique. Est-ce que c’est un thème qui vous plaît particulièrement?

François Girard: Vous imaginez que je me fais beaucoup poser la question! Oui, la musique est très présente dans mon travail, probablement parce que c’est un langage que je comprends. Je suis très heureux dans la musique, pour moi, c’est un véhicule très puissant, mais tous les cinéastes pourraient dire cette chose-là. Le cinéma est un geste de musique, il est né de l’opéra, à l’époque du muet le cinéma était musique. Je pense que tous les cinéastes ont un intérêt pour la musique. En même temps, quand j’ai lu le scénario, le fait que la musique soit aussi présente ça aurait été presque une raison pour le faire. Mais cette considération, je l’ai mise de côté rapidement en me rendant compte de ce que cette histoire-là représentait, ce que ce film voulait vraiment dire. À ce moment-ci, je dirais que ce n’est pas moi qui cours après la musique, c’est la musique qui me court après! Il y a peut-être un petit souci de carrière, mais je n’ai pas tellement de pensées carriéristes, l’important pour moi c’est ce que disent les films, les spectacles; c’est ça mon véritable critère.

Le violon rougeDavid: J’ai trouvé que le film avait pas mal de ressemblances avec Le violon rouge, que ce soit par rapport à son côté historique ou comment il montre les différentes cultures et le pouvoir de la musique. Est-ce que ce film a encore une influence sur vous?

François Girard: C’est sûr que Le violon rouge ça été marquant pour moi de toutes sortes de façons. Ça a marqué ma carrière et il y a des choses que j’ai appris dans ce film qui m’ont fait avancer. Mais je pourrais dire la même chose de tous mes films, même ceux qui ont été moins remarqués. J’étais sur un sentier et Violon rouge a été un tournant.

David: Pour finir avec la musique, je voulais aborder le très beau travail d’Howard Shore sur la bande sonore. Est-ce que vous pensez que ça ajoute vraiment à l’identité du film?

François Girard: D’une part, Howard a été un compagnon extraordinaire. On se connaissait, mais on s’est vraiment connu plus intimement dans cette coopération qui a été une des plus belles de ma carrière. Howard est un maître de musique; c’est quelqu’un qui a écrit le film avec nous mais, ici, il y avait un aspect encore plus particulier. Il y a tout ce qu’on entend dans le film mais, surtout le chant, qui est un argument narratif et musical qui est bien au centre du film. C’est comme ça que le personnage de Dovidl et le spectateur dénouent l’intrigue du film. Il a d’abord fallu déterrer ce chant du cantor dans sa synagogue de Londres en 1952. Ces deux minutes de musique ont probablement drainé plus d’énergie de la part d’Howard et de ma part que tout le reste de la musique. Il est retourné dans son enfance juive pour trouver la vérité de ce chant dans son passé à lui à travers des recherches et des experts, des érudits juifs et des érudits de musique juive; il avait toute une équipe pour trouver la vérité de ce chant-là. Ça a été une recherche fascinante et ça a donné ce que vous avez entendu.

David: Beaucoup des techniciens ayant travaillé sur le film sont des Québécois. Est-ce que c’est important pour vous d’en être entouré dans vos films?

François Girard: C’est intéressant, parce que c’est une histoire qui se passe à Londres avec des acteurs londoniens, mais le cœur cinématographique du film est complètement québécois. Les décors de François Séguin, le montage de Michaël Arcand, le son de Claude La Haye et Bernard Strobl, la facture des effets, tout a été pensé et conçu par des Québécois. C’est une sorte de drôle de film québécois, mais bon c’était un peu le cas dans Violon rouge aussi, quoiqu’il avait une portion Montréal, donc c’était peut-être plus visible. Donc, on va dire que c’est une forme de films québécois.

David: Il n’y a pas de complications liées au fait que des techniciens québécois et des acteurs étrangers travaillent ensemble?

François Girard: Je dirais que c’est le cas de tout mon travail, même au théâtre ou à l’opéra. J’ai travaillé avec des acteurs québécois, quand vient le moment de faire le travail, on est face à un acteur ou à un chanteur pour créer un rôle, je vous dirais que la langue ou la culture du comédien s’efface. On se retrousse les manches et on fait le travail. Je dirais même que ça enrichit les perspectives.

David: Le film a été montré lors de différents festivals; il a reçu un accueil chaleureux. Est-ce que ça vous a donné plus confiance envers le film ou vous l’étiez déjà?

Song of names 2
Gilbert (Stanley Townsend) et Dovidl (Luke Doyle)

François Girard: J’ai beaucoup voyagé avec ce film, plus que d’habitude. Je suis allé dans neuf ou dix festivals, il en avait dix autres où je n’ai pas pu me rendre, il y a eu une grande tournée. Parfois, c’était les acteurs qui étaient présents, ou Howard Shore a fait des visionnements où j’étais absent et vice-versa, il y a donc eu une assez grosse exposure, en particulier aux États-Unis, mais aussi en Espagne, en Angleterre, de gauche à droite. À ce stade-ci, je l’ai montré assez souvent, j’ai fait des Q&A plus nombreux que n’importe lequel de mes autres films, donc j’ai plus l’impression de comprendre comment les gens réagissent  et il y a un réaction très émotive du propos et ce qu’on en a fait.

David: Ce sera tout pour les questions. Avez-vous un dernier mot pour les lecteurs?

François Girard: Eh bien, allez voir le film! (rires)

David: Merci.

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