« Mais vous voyez bien que c’est pas un vêtement banal? »
Georges (Jean Dujardin), 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet.
À l’image de ce résumé, le dernier film de Quentin Dupieux (Réalité) est un petit bijou de comédie noire hors normes. Normalement, dans un récit sur la folie, on assiste au glissement du personnage. Mais, dans Le daim, on ne sait quasiment rien du personnage…
Outre le fait que Georges vient de se séparer, on ne connait pas grand chose de lui. D’où vient-il? Où va-t-il? Que fait-il dans la vie? Le film commence par un plan banal. Il est dans sa voiture, s’arrête à une station service. Puis, il va à la toilette et flush… son blouson en corduroy.
On n’en saura jamais plus. Et c’est le premier élément important de ce film. Si on en savait plus sur Georges, je suis convaincu que le film ne serait pas aussi intéressant. Et tout ce mystère contribue à installer un humour absurde et décalé.
La folie de Georges s’inscrit dans une réalité. La réalité banale d’un homme qui décide de fuir sa réalité. Puis, il déraille rapidement dans une réelle folie. Et sa rencontre avec Denise (Adèle Haenel) le pousse encore plus loin dans sa chute.
Il se lance dans un grand projet… Et puisqu’il a acquis une caméra vidéo, il décide de documenter son projet et d’en faire un film. C’est là que la folie et l’humour noir se mélangent de façon admirable. Ce film propose un monde surréel coincé quelque part entre la réalité et la folie d’un homme, qui ne trouve un ancrage dans le monde qu’à travers sa relation privilégiée avec son blouson 100% daim…
Une des raisons qui fait de Le daim un film si réussi, c’est que Dujardin ne joue pas. Il « est » Georges. Il explique d’ailleurs avoir toujours été très attiré par la folie et l’obsession.
Jamais on n’a l’impression qu’il joue un personnage. Georges est, malgré son étrangeté, quelqu’un que l’on pourrait croiser dans la rue. Et on en vient non seulement à rire, mais aussi à croire en cette relation homme/blouson.
« J’ai essayé sept blousons. Celui-ci était un des premiers… J’ai senti en le mettant qu’il se passait quelque chose. Spontanément, très vite, on s’est dit « voilà, c’est le bon ». Comme un casting en fait. Il y avait une alchimie entre nous, ça fonctionnait. Cette veste sur moi, ça racontait quelque chose. C’est un personnage cette veste. Peut-être parce qu’honnêtement, personne ne peut porter ça. Elle est au-delà de tout, du bon goût, du bon sens. On ne se sent pas ridicule quand on porte une veste comme ça. On se sent différent. Ca m’a beaucoup aidé pour jouer. »
Et malgré le caractère étrange de Georges, on en vient à l’aimer. On veut tellement qu’il réussisse son projet qui n’a franchement aucun sens. Un projet simplement fou…
Vous vous demandez sûrement ce qu’est ce foutu projet, n’est-ce pas? J’aimerais tant vous le dire. Mais ça gâcherait le plaisir de tous ceux qui auraient l’idée géniale d’aller voir ce film.
Le daim, c’est l’histoire folle un d’homme un peu fou, qui n’a rien à perdre et qui se lance dans un projet complètement fou, avec l’aide d’une jeune femme possiblement naïve. Un film déstabilisant, d’un réalisateur au sommet de son art, aidé par des acteurs en plein contrôle de leurs moyens.
Un film à ne pas manquer!
Note : 8.5/10
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