Dirty God – Sale vie

« My God is a dirty God. »
[Mon Dieu est un Dieu sale.]

Dirty God - afficheLe visage à moitié brûlé et une petite fille de deux ans. C’est tout ce qu’il reste de la relation de Jade (Vicky Knight) avec son ex, qui l’a défigurée à l’acide. À la violence de cette histoire succède désormais celle du regard des autres. Pour ne pas couler, Jade n’a d’autre choix que de s’accepter, réapprendre à sourire et à aimer.

Avec Dirty God, Sacha Polak traite d’un sujet délicat avec justesse et véracité. Elle montre aussi à quel point l’éducation peut parfois faire une grande différence dans notre vie.

Attaques à l’acide…

Dirty God - Attaque acide
Jade (Vicky Knight)

Pour nous, du fond de notre petit Québec, les attaques à l’acide semblent être un triste fait divers qui se serait produit une fois ou deux. Et donc, on pourrait avoir tendance à voir Dirty God comme un autre film basé sur UNE histoire vraie. Cependant… 

À Londres, pas une semaine ne passe sans qu’une attaque de ce genre ne soit signalée. La police métropolitaine a dévoilé des statistiques frappantes. Le nombre d’attaques à l’acide a augmenté de 74% en un an. En 2016, 454 attaques de ce genre ont été enregistrées, contre 261 en 2015. Depuis 2010, ce sont plus de 1800 agressions qui ont été perpétrées à Londres avec un liquide corrosif. Ces chiffres font du Royaume-Uni le pays « où le nombre d’attaques à l’acide par individu est le plus élevé », explique Jah Shah, directeur du Acid Survivors Trust International. 

On peut se procurer ce genre de produits facilement, sans contrôle, à n’importe quel âge, dans un magasin de bricolage ou un supermarché. Il s’agit d’une arme abordable et difficile à tracer pour les enquêteurs. Pire encore, en termes de poursuites pénales, « une attaque au couteau est qualifiée de tentative de meurtre, entraînant une lourde peine, alors qu’une agression à l’acide sera considérée comme des coups et blessures et punie d’une peine plus légère ». 

À la lumière de ces chiffres, nul doute que Dirty God est un film pertinent.

Triste réalité

Dirty God - Triste réalitéLa réalité que montre ce long métrage n’est pas très jolie. Une jeune mère monoparentale, sans éducation, qui misait sur sa beauté… Mais maintenant qu’elle est défigurée dû à une attaque à l’acide de son ex, elle doit revoir ses priorités et ses choix de vie. Mais comment affronter le quotidien avec un enfant de deux ans après avoir été blessée ainsi? 

On voit bien que le manque d’éducation est la plus grande barrière dans la vie et le cheminement de Jade. Elle trouvera un emploi merdique, dans l’unique but de pouvoir se payer une chirurgie plastique, alors que les médecins lui disent que sa guérison va bien, mais qu’elle doit être patiente. Mais une chirurgie couvrant une si grande partie du corps coûte cher. Sauf peut-être si elle trouve un médecin au Maroc? Un beau site web et un numéro de téléphone avec une réceptionniste louche convaincront la jeune femme de dépenser ses économies pour refaire son jolie minois. 

Mais pas évident de se lancer dans cette aventure alors que sa mère n’est pas un exemple de soutien, et que sa meilleure amie ne pense qu’à fêter et baiser avec son copain. Au final, cette pauvre fille est bien seule…

De mères en filles

Dirty God - De mère en filleQuand la vie ne te donne pas de chance… C’est un peu ça ici. La mère de Jade vit de sa petite boutique de vêtements probablement usagés. Elle n’a aucune éducation et, clairement, comme sa fille, elle a eu un enfant trop jeune, alors qu’elle n’était pas suffisamment responsable pour l’élever. 

Quand on regarde la petite fille de 2 ans de Jade, on ne peut que s’attrister du fait que cet enfant n’aura probablement jamais une réelle chance de réussir sa vie. Déjà qu’elle est barouettée entre sa mère, sa grand-mère et les services sociaux. Pauvre petite…

Mais encore…

Sacha Polak - Dirty God
Sacha Polak

Fait intéressant, Vicky Knight est réellement brûlée et ses cicatrices ne sont pas fausses. Elle se débrouille merveilleusement bien dans son premier grand rôle au cinéma. 

Tantôt dur, tantôt bouleversant, le film de Sacha Polak offre une visibilité à une triste réalité. La réalisatrice néerlandaise capte le périple de son héroïne avec une grande tendresse dans une mise en scène à la fois intense et dépouillée. 

Un film qui, malgré sa forme très classique, vaut la peine d’être vu.

Note : 7.5/10

Dirty God est présenté au FNC les 12, 18 et 20 octobre 2019.

Visionnez la bande-annonce :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième