And then we danced – En nous-mêmes

« Since I could walk. »
[Depuis que j’ai pu marcher.]

AND THEN WE DANCED - afficheDepuis sa tendre enfance, Merab danse en duo avec Mary. Son univers bascule avec l’arrivée du charismatique Irakli qui devient rapidement un rival, mais également l’objet d’une attirance insoupçonnée. Tiraillé entre ses ambitions professionnelles et la nécessité de trouver sa voie, Merab doit faire des choix qui changeront à jamais son existence.

Inspiré par des histoires vraies, And Then we Danced est un film unique qui illustre des enjeux de la société géorgienne contemporaine. En utilisant le thème de la danse comme symbole de l’identité nationale géorgienne, le réalisateur suédois Levan Akin réussit à montrer la complexe lutte menée par la jeune génération pour son identité et sa culture. 

Dans l’océan de la tradition

And then we danced - TraditionL’atmosphère créée dans le film est particulièrement intéressante. Du début à la fin, l’histoire prend presque toujours place à l’école de danse (The Georgian National Ensemble), dans la ville (probablement quelque part en Europe de l’est; Tbilisi est évoquée plus tard dans le film), et dans la maison du personnage principal, Merab. Mais l’ambiance est si classique qu’il n’est pas évident (à tout le moins pour une Japonaise comme moi) de déterminer l’époque dans laquelle l’histoire se déroule. La chorale polyphonique qui performe dans le jardin intensifie cette impression archaïque. Seulement quelques éléments comme les cellulaires ou la petite discussion sur le très connu joueur de soccer argentin Lionel Messi nous permettent de situer l’action au 21e siècle. 

« In Georgia, traditional values are still very powerful. […] To a country that had been conquered several times over centuries, cultural identity is a question of survival » [En Géorgie, les valeurs traditionnelles sont encore très puissantes. […] Pour un pays qui a été conquis plusieurs fois au cours des siècles, l’identité culturelle est une question de survivance], explique le réalisateur dont les racines ancestrales sont géorgiennes. La danse est devenue en ce sens l’exemple parfait pour montrer cette réalité, cette intensité culturelle qui traverse la vraie vie quotidienne. Mais quelle est la tradition pour la jeune génération?

Pourquoi la danse?

And then we danced - Et pourquoi la danse
Merab et Irakli

En effet, c’est une question qui occupe Merab. Quand Irakli met le pied dans la classe, Merab fait face à une crise et sa carrière de danseur est menacée. Le film suggère qu’il danse parce que tout le monde danse: son père, sa grand-mère, son frère… tout le monde. Sa vie est ancrée profondément dans la tradition et influencée par son entourage. Même danser avec Mary n’est pas son propre choix. Il la regarde comme sa copine simplement parce qu’ils dansent ensemble depuis qu’ils ont 10 ans. Ici, la tradition devient synonyme d’une vie prédéterminée. Le vieil instructeur Aleko n’est pas satisfait des performances de Merab parce qu’il danse de manière trop douce et qu’il manque d’esprit et de vigueur. Mais le monde de Merab subit un tournant à 180 degrés lorsqu’Irakli arrive. Parce qu’il est intéressé par quelqu’un, probablement pour la première fois de sa vie. 

Au-delà des conventions

And the we danced - Beyond the conventionPour la vieille génération, la danse est l’esprit de leur nation. Mais est-ce aussi important pour les jeunes gens? C’est déstabilisant de voir Aleko, qui est supposé représenter l’autorité traditionnelle, réagir à la performance transgressive de Merab à la toute fin. La scène est inspirante parce qu’elle montre que la jeune génération n’est pas seule à confronter la tradition; la vieille génération le fait aussi à sa propre manière. Pour reprendre les mots du réalisateur : « even when you try to change to a different direction, you still can keep your tradition. »  [Même quand tu essaies d’emprunter un chemin différent, tu peux toujours conserver tes traditions.] La forme peut changer, mais l’esprit de la danse doit rester. Et cette vision fondamentale est reflétée de manière admirablement belle dans la dernière danse de Merab, qui incarne son amour pour Irakli et le pose comme porte-parole de la jeune génération. 

Aussi, les chorégraphies montrées dans le film sont performées par de vrais danseurs géorgiens et elles sont impressionnantes. La performance de Levan Gelbakhiani, qui incarne Merab dans le film, est également excellente. La naïveté et la souplesse du personnage apparaissent naturellement à travers ses sourires et la manière très gaie dont il se comporte lorsqu’il passe du temps avec Irakli. 

Bien que le scénario puisse sembler peu original, And Then we Danced plaira à tous les amateurs de danse et de musique traditionnelle autant qu’à ceux qui s’interrogent sur l’emprise de la tradition.

Note: 9/10

And Then we Danced est présenté au FNC les 10, 13 and 19 octobre 2019.

Visionnez la bande-annonce :

Traduit de l’anglais par Fannie Caron-Roy.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième