Harriet – Le Moïse des nègres

« Don’t tell me what I can’t do. »
[Ne me dis pas ce que je ne peux pas faire.]

Harriet - afficheHarriet raconte l’histoire inspirante d’Harriet Tubman, une combattante emblématique pour la liberté, qui a aidé plus d’une centaine d’esclaves à fuir le Sud des Etats-Unis après s’être elle-même échappée de l’esclavage.

Avec Harriet, Kasi Lemmons crée une oeuvre inspirante, mais déjà racontée mille fois. Elle offre un film sur une femme extraordinaire, en la rendant ordinaire… Ordinairement sans intérêt.

Une trame musical magistrale

Harriet - Trame musicale
Minty/Harriet

Tout n’est pas mauvais dans Harriet. La musique est simplement envoûtante. À de nombreux moments, on a droit à des chants gospels traditionnels de l’époque et de la région. On se demande parfois si c’est approprié d’inclure ce genre de chants (initiés par Harriet) à ce moment. Elle tente de s’évader sans se faire repérer, et elle chante pour contacter sa famille qu’elle quitte…

Mais la beauté du chant nous fait rapidement oublier qu’il est drôlement utilisé. Cette chanson revient ensuite à plusieurs occasions. Chaque fois que la jeune femme tente de rentrer en contact avec les « siens », elle utilisera ce moyen de communication. Heureusement que cette musique incroyable peuple le film. Parce qu’ensuite, ça se gâte…

Quand la femme ne suffit pas

harriet - Quand la femme ne suffit pasHarriet Tubman est une grande héroïne américaine. Elle a contribuée, par son audace, son intelligence, son astuce et sa force de caractère, à libérer plus de 150 esclaves (en solo) et plus de 750 autres lors de la guerre de Sécession. Alors, pourquoi nous la présente-t-on comme une femme qui a réussi grâce à ses visions et son contact avec Dieu? Une femme ne peut-elle pas réussir de grands exploits par elle-même? 

Son surnom de « Moïse des noirs » (ou « des nègres » si on se met à la place des propriétaires d’esclaves de l’époque) lui a été attribué parce qu’elle les libérait, tel Moïse avec les Juifs. Pas parce qu’elle était touchée par la main de Dieu. Le choix de la montrer tributaire de Dieu servait-il simplement à placer cette jolie réplique dans la bouche de sa propriétaire : « Nous la brûlerons sur le bûcher comme Jeanne d’Arc l’a été »? Était-elle la Jeanne d’Arc des noirs?

C’est dommage de prendre un personnage féminin, qui plus est, noir, et d’en faire une illuminée plutôt qu’une vraie femme, forte, sans complexes envers les hommes ou les blancs. On se serait attendu à plus d’une cinéaste qui voulait montrer la force d’un personnage noir.

Mais encore…

Le sujet de l’esclavage des noirs a été traité 1001 fois. Pourtant, l’histoire d’Harriet n’avait jamais été racontée. Voilà une belle occasion de faire un film intéressant et grandiose. Grandiose, Harriet l’est. Malheureusement, il n’est pas intéressant du tout. 

Ce long métrage a été produit à Hollywood. Et, au final, il ressemble à n’importe quel autre film produit en série par des gens qui n’ont d’autres intérêts que de faire du profit. On a donc droit à un film sans profondeur, rempli de clichés et de plans faciles qui n’apportent rien de nouveau sous le soleil. Mais probablement un film qui plaira aux gens qui aiment se faire raconter la même histoire encore et encore, sans avoir à se forcer.

Dommage pour un festival qui se veut une fenêtre sur la culture « black » dans le monde…

Note : 6/10

Harriet est présenté dans le cadre du FIFBM le 24 septembre 2019.

Visionnez la bande-annonce ici :

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