« T’as pas besoin de ces images. Juste des sons. »
Seule dans un appartement, une femme (Sophie Desmarais) monte le documentaire d’un amant absent. Au fil du temps, elle devient de plus en plus inquiète dans sa solitude. Elle attend un signe de vie. Formellement et conceptuellement unique, le film alterne entre deux rythmes temporels à l’écran, illustrés avec des images saisissantes d’à travers le monde et jumelés à un texte aux riches échos.
Avec La version nouvelle, Michael Yaroshevsky crée une œuvre d’une lenteur exquise et d’une originalité incroyable. Mais aussi un film que ne plaira pas à tant de monde.
La beauté du cinéma expérimental c’est de ne pas savoir dans quel genre d’aventure on s’embarque au moment de commencer le film. Et à ce niveau, La version nouvelle ne déçoit pas.
Une comédienne presque immobile… De longs plans fixes… Pratiquement un seul personnage… Une narration.
À l’exception de quelques personnages qui font partie du film que monte le personnage principal, Sophie Desmarais est seule. Pas une fois elle n’échange avec un autre personnage. Ce genre de rôle est exigeant et difficile. On tombe facilement dans l’exagération, dans un manque de naturel marqué. Mais la jeune actrice s’en sort avec brio. Elle incarne de façon magistrale la tristesse qu’on peut ressentir après une rupture. Sa narration est jouée avec une justesse qui nous convainc presque qu’elle hésite réellement dans son texte. :- O
Il faut admettre qu’au début, je n’étais pas trop sûr si j’aimais ou non l’expérience que nous offre Yaroshevsky. Mais après une bonne nuit de sommeil, je peux dire que je suis pleinement satisfait de l’expérience offerte. De toute façon, n’est-ce pas ainsi que l’on reconnait qu’un film sort de l’ordinaire?
Réussir à garder l’intérêt du spectateur lorsqu’on ne change pas de lieu de tout le film est un défi en soi. Mais, dans La version nouvelle, on ajoute une couche supplémentaire à la difficulté : un seul personnage.
Néanmoins, en utilisant divers procédés, le réalisateur garde le spectateur en état d’alerte. Rien de complexe. Parfois, c’est une image qui est projetée dans la fenêtre, par réflexion. Parfois, c’est en créant un fort contraste qui nous fait perdre une partie de l’image. On se retrouve avec la moitié de l’écran complètement noire. Et, bien entendu, on nous laisse le temps de se questionner. Bien qu’il s’agisse d’un film lent, sans trop de mouvement, en aucun moment on ne s’ennuie.
Il est évident que ce film n’a pas été créé dans le but d’attirer les masses. Mais il saura trouver son public, j’en suis certain. Sophie Desmarais démontre une fois de plus son grand talent. Elle peut interpréter autant les filles ultra timides (Sarah préfère la course), que la fille intense, ou encore la tristesse même. Elle prend des risques et c’est souvent pour le mieux.
La version nouvelle est une expérience cinématographique à ne pas manquer. Un des meilleurs films expérimentaux que le Québec a produit dans les dernières années.
Note : 8.5/10
Visionnez la bande-annonce :
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