Le documentaire L’inquiétante absence s’interroge sur l’état actuel du cinéma de genre au Québec, et cherche à répondre aux deux questions suivantes : considérant la grande richesse du cinéma d’ici, comment se fait-il que des genres comme l’horreur, la science-fiction ou le fantastique aient été si peu traités à l’écran, et comment rendre justice aux créateurs et aux passionnés de cinéma de genre au Québec?
Le film s’appuie sur des entrevues avec des figures importantes du cinéma de genre au Québec telles que Mario Boivin, Robin Aubert, Roger Quentin, Érik Canuel, Jean-Claude Lord, Yves Simoneau, Patrick Huard, Izabel Grondin, Luc Picard, RKSS, Patrick Senécal et encore beaucoup d’autres.
Pour ma part, ce film a été une fabuleuse porte d’entrée sur un univers méconnu. Les réalisateurs ont bien rempli leur mandat puisque ce documentaire donne envie d’explorer davantage ce qui se fait dans le cinéma de genre au Québec.
Malgré les idées que l’on se fait du cinéma québécois, le film de genre est bien présent dans notre panorama cinématographique. Même si le fantastique a toujours fait partie de l’identité québécoise – nous n’avons qu’à penser à la tradition des contes et légendes –, on se sent toujours imposteur vis-à-vis du film fantastique au Québec. « On dirait qu’on n’assume pas notre mythologie! », comme le dit Mario Boivin, un des producteurs du film. Le cinéma québécois a plutôt une relation privilégiée avec le réel, que ce soit au niveau du documentaire ou du cinéma d’auteur. Pourtant, l’objectif du cinéma de genre est ludique; les spectateurs qui le consomment cherchent à s’amuser et à voir autre chose.
D’ailleurs, deux festivals importants promeuvent depuis plusieurs années le cinéma de genre au Québec: Fantasia et SPASM. Dès sa création en 1996, le festival Fantasia a connu un franc succès. Le festival jouit d’une telle notoriété que même Quentin Tarentino a demandé que son film Inglorious Bastard y soit diffusé. Fantasia s’est d’ailleurs donné comme mandat de faire de la place au cinéma québécois.
Jarett Mann, quant à lui, a développé le festival SPASM parce qu’il voulait faire les choses différemment. Il accorde une place importante au court métrage de genre qui, contrairement au long métrage, a une présence très vibrante au Québec.
Malgré cela, la réalisatrice Izabel Grondin (Folies passagères) soulève dans le documentaire qu’il est difficile de démontrer qu’il y a de l’intérêt pour le film de genre au Québec. Selon elle, de vieux préjugés à son endroit doivent encore être brisés, préjugés qui rend difficile pour ces films d’obtenir du financement.
En effet, deux des plus importants producteurs québécois, la SODEC et Téléfilm Canada, n’appuient pas beaucoup le film de genre. Le cinéma est une entreprise et on s’intéresse d’abord à savoir si un scénario va générer des profits plutôt que de se demander s’il s’agirait d’un bon film.
Dans L’inquiétante absence, Patrick Huard dénonce ce snobisme à l’égard de la comédie et du cinéma de genre au Québec. Selon lui, il faut élever le discours et mettre un projecteur sur la visibilité et la pérennité du cinéma québécois, malheureusement mis de côté au profit du cinéma américain sur la majorité de nos écrans.
Les affamés de Robin Aubert, un film de zombie québécois, n’a justement été diffusé que dans vingt salles au Québec. Le film n’a même pas eu de sortie physique! Il a éventuellement été rendu disponible en DVD/Blu-Ray après que des fans se soient plaints.
Izabel Grondin somme le public de se donner la peine d’encourager les films produits au Québec en allant les voir en salle et de ne pas se contenter d’attendre qu’ils soient disponibles en téléchargement.
L’inquiétante absence vous fera découvrir ou redécouvrir le côté obscur du cinéma québécois. C’est le mandat que se sont donné les réalisateurs Félix Brassard et Amir Belkaim. Un documentaire à voir si, comme moi, vous êtes curieux de découvrir la face cachée du cinéma québécois.
Note : 8.5/10
L’inquiétante absence est présenté au festival Fantasia le 14 juillet 2019.
Visionnez la bande-annonce :
© 2023 Le petit septième