The Last Black Man in San Francisco – Le premier et le dernier

« What if we shouldn’t be here? »
[Et si nous ne devions pas être ici?]

Last black man in san francisco - Canadian PosterJimmie Fails (Jimmie Fails) n’a qu’un seul souhait : reprendre la propriété majestueuse jadis bâtie par son grand-père. Toutes les semaines, Jimmie et son seul ami, Montgomery (Jonathan Majors), partent en pèlerinage à travers San Francisco pour se rendre à cette demeure de rêve et s’imaginer une vie à laquelle ils n’ont pas accès, un quartier qui n’existe plus. Peinant à reprendre contact avec sa famille et matérialiser son univers utopique, ses aspirations domestiques l’empêcheront de reprendre contact avec la réalité de sa situation.

Avec The Last Black Man in San Francisco, Joe Talbot signe son premier long métrage. Il crée une odyssée mélancolique peuplée de planchistes, de « squatters », de prédicateurs de rue, de dramaturges et d’autres habitants en marge. Mais surtout un film qui pourrait redéfinir certaines façons de faire du cinéma.

Vibrant début

Le Preacher (Willie Hen)

Après seulement 2 ou 3 minutes, The Last Black Man in San Francisco s’annonce déjà comme un film très spécial. La musique, combinée au discours fracassant du « preacher » de rue, nous fait tout simplement entrer dans un état de transe. On ne comprend pas trop ce que ces deux jeunes noirs font, assis sur le bord d’une route à regarder cet hurluberlu clamer haut et fort les injustices que les Afro-Américains de San Francisco subissent. 

Mais voir ces images d’homme blancs, avec des masques à gaz et des habits de haute sécurité, ramasser des déchets, alors que les habitants (des noirs pauvres) sont là, sans protection aucune, depuis des décennies, c’est dérangeant. C’est terrible. C’est une réalité épouvantable. Vlan! 

La musique très présente

THE LAST BLACK MAN IN SAN FRANCISCO
Jimmie et Montgomery

Généralement, lorsque la musique est très présente (sauf s’il s’agit du sujet du film), c’est dérangeant. On dit souvent que si on a conscience de la musique, c’est qu’elle n’est pas efficace. Hé bien, je peux dire que The Last Black Man in San Francisco est un excellent contre-exemple. Non seulement on la remarque, mais on la ressent. 

Les meilleures illustrations de ce fabuleux traitement de la bande sonore sont certainement le début et la fin du film. À ces deux moments, l’agencement texte/musique donne des frissons. Rien de moins…

Une triste réalité

THE LAST BLACK MAN IN SAN FRANCISCO - une triste réalité
Bobby (Mike Epps)

Le film de Talbot dépeint, de façon poétique, une histoire d’amitié extraordinaire. Une amitié qui semble à l’épreuve de tout, et ce entre deux jeunes hommes. C’est beau. On ne voit pas ça souvent dans le cinéma américain.

Mais le film montre autre chose de beaucoup moins beau. C’est la réalité des Afro-Américains, pauvres. Contraints d’habiter dans des taudis trop petits dans des quartiers peu invitants, on leur refuse pratiquement l’accès aux autres quartiers. Tout comme à Flint (voir la critique de Fahrenheit 11/9), ces gens sont réduits à vivre à des endroits qui sont malsains pour leur santé. On leur donne de l’eau impropre à la consommation. On ne nettoie pas aussi souvent les rues. Pourquoi? Simplement parce qu’ils sont noirs et pauvres… Ce que ce long métrage nous montre, en fait, c’est que ces gens, qui ont pratiquement construit la ville, en sont maintenant pratiquement exclus. Ça, c’est assez terrible., 

Mais encore…

Jimmie Fails
Jimmie Fails

L’histoire du film a été développée par Jimmie Fails et Joe Talbot, des amis d’enfance. Le film parle de l’expérience de vie de Fails, et met en scène Jimmie Fails. C’est un peu inhabituel comme démarche de création. Mais c’est toute une réussite. 

Avec une histoire radicale et poignante sur les villes natales et la façon dont elles sont construites et entretenues par la population qui les aime, The Last Black Man in San Francisco est un film dont on parlera encore dans plusieurs années.

Note 8.5/10

Visionnez la bande-annonce :

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