« C’est toi qui devient folle! »
Les années 60. Alice (Veerle Baetens) et Céline (Anne Coesens) sont les meilleures amies du monde tout comme leurs fils Maxime et Théo. Leur complicité est sans faille jusqu’au jour où un tragique accident bouleverse leurs vies. À l’amitié succède la culpabilité, à l’harmonie la paranoïa et à la complicité, le soupçon.
Pour son troisième long métrage, Olivier Masset-Depasse nous offre un thriller psychologique rappelant Arlington Road. Mais, dans Duelles, ce sont deux femmes qui s’affrontent et qui créent un beau moment pour le spectateur.
Adapté du roman de Barbara Abel Derrière la haine, Duelles ne révolutionne rien. Mais il s’agit d’un suspense qui réussit à nous tenir en haleine une bonne partie du film. Malheureusement, lorsqu’on arrive au ⅔ du film, on voit un peu trop venir la fin. Le punch final, bien que très satisfaisant pour le spectateur, manque de surprise.
C’est dommage, car l’atmosphère est très réussie, poignante. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai de jeunes enfants, mais j’ai l’impression que les sentiments des deux femmes envers le leur sont vraisemblables. On y croit réellement.
Le choix de la maison parfaite pour le tournage du film peut bien avoir été difficile. Pour les besoins de l’histoire, il fallait une maison « jumelle », autrement dit, deux maisons qui aient l’air de n’en faire qu’une seule.
Alice et Céline sont en quelques sortes des « voisins en miroir ». Elles ont d’abord été des voisines, avant de devenir les meilleures amies du monde. Ensuite, elles ont eu leur fils à quelques mois d’intervalle. L’extérieur de leurs maisons, comme l’intérieur, est plus que similaire.
La maison devait donc marquer les esprits par son ambivalence : une maison qui paraissait belle et agréable mais qui inspirait aussi le malaise et l’inquiétude. Le réalisateur explique ceci : « On a eu beaucoup de chance et la production a géré cette recherche avec brio. L’endroit est très agréable à vivre, avec ses jardins fleuris et ses grands arbres protecteurs, mais l’imposante bâtisse aux murs blancs peut évoquer l’hôtel de The Shining. Ses légères asymétries architecturales mettent du temps à se voir, d’où une sensation de malaise inexpliqué quand on la découvre. Il fallait une sensation de perfection générale qui laisse très vite soupçonner qu’il doit se passer des choses étranges derrière cette façade… » Et la maison joue effectivement bien ce rôle de créatrice de malaises.
Duelles mise sur l’idée d’un contrepoint esthétique : un traitement clair pour une histoire sombre. Chaque déplacement, chaque action des personnages sont tournés avec précision pour créer un contraste entre la beauté du jour, le vert des jardins et le soleil, et la noirceur qui habite Alice et Céline.
Avec cette mise en scène, le réalisateur réussit à briser, tranquillement, le glamour des années 60 pour amener ses personnages (et le spectateur) dans l obscurité des ténèbres.
Bien que la fin soit prévisible, Duelles est très divertissant. C’est un film qui se laisse apprécier et qui pourra surement en saisir plus d’un. Bien que la fin manque un peu de punch, je n’aurais pas de problème à vous le recommander.
Note : 6.5/10
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