« I was born by the sea. I live by the sea. And I will die by the sea. »
[Je suis né au bord de la mer. Je vis au bord de la mer. Et je vais mourir au bord de la mer.]
Gaza nous conduit dans un endroit unique situé au-delà des reportages des nouvelles télévisées. Le documentaire révèle un monde rempli de personnages résilients et éloquents. Il offre un portrait cinématographique riche d’enseignements de ces gens qui arrivent à donner un sens à leur vie dans les décombres des conflits permanents.
Avec Gaza, Garry Keane et Andrew McConnell tentent de faire la lumière sur la situation réelle dans la bande de Gaza. Ils offrent un film facile d’accès, simple et dérangeant.
« Every night when Karma and my other daughters are asleep, I sit by their bedside and stroke their hair. I wonder if it was fair of me to give birth to them here. » [Chaque soir, quand Karma et mes autres filles sont endormies, je m’assieds à leur chevet et leur caresse les cheveux. Je me demande s’il était juste de ma part de leur donner naissance ici.] – Manal
Vous vous êtes déjà demandé si faire un bébé était un geste égoïste? Dans notre monde actuel, où notre planète se meurt et notre race risque de s’éteindre, c’est déjà injuste. Imaginez si, en plus, vos descendants n’ont réellement aucune chance d’avoir une vie acceptable. C’est le genre de vie à laquelle on peut s’attendre lorsqu’on vit à Gaza. Et il n’est pas question d’immigrer pour trouver une vie meilleure. Non. Ce pays qui voit la moitié de ses frontières longer la mer est une prison à ciel ouvert. Un pays qui vous laisse croire à la liberté possible… une possibilité inatteignable.
À Gaza, on ne se demande pas si une guerre pourrait arriver. On se demande plutôt « quand » elle va recommencer. Depuis les années 40, chaque génération a connu la guerre. Et, souvent, plus d’une guerre. Comment se fait-il qu’un enfant de 16 ans ait connu 3 guerres? Mais ce n’est pas seulement cette triste réalité que nous montre le documentaire. C’est aussi comment les gens y font face. Comment ils la surmontent…
Manal Khalafawi a travaillé en tant que gestionnaire de projets au PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) durant les 25 dernières années. Elle est mariée et a quatre filles et un fils. Ses racines familiales sont à Jérusalem, mais elle est née et a grandi à Gaza. Elle se souvient avec tendresse du temps où Gaza était un lieu cosmopolite plein de vie et d’espoir. Aujourd’hui, elle s’interroge et s’inquiète constamment pour la sécurité de ses enfants.
La plus jeune des enfants de Manal s’appelle Karma Khaial. Elle a 19 ans et étudie le droit à l’Université Al-Azhar située à Gaza. Elle aimerait obtenir une bourse pour faire une maîtrise en droit international ou en sciences politiques à l’étranger, mais elle voit bien que les probabilités que cela se produise sont très minces. Toute sa jeunesse, la passion de Karma était le cello et elle espérait se rendre à un niveau professionnel. Toutefois, elle est incapable même de pratiquer depuis quelques années parce que cela lui rappelle trop la guerre et les conflits.
Elle et Ahmed Abu Alqoraan vivent tous deux près de la mer, mais c’est probablement la seule chose qu’ils ont en commun. Même s’ils partagent la même bande de côte méditerranéenne de 40 km, leurs vies sont aux antipodes. Ahmed habite à Deir Al-Balah, à 10 km au sud de l’immeuble de Karma. Deir Al-Balah est le plus petit camp de réfugiés de Gaza et abrite 21 000 réfugiés qui ont fui des villages du centre et du sud de la Palestine à la suite de la Guerre israélo-arabe de 1948. Il est situé sur le littoral méditerranéen et abrite Ahmed avec ses 13 frères et 23 sœurs, ainsi que le père d’Ahmed et ses trois femmes. Ils sont la plus grande famille à Gaza.
Ahmed, 18 ans, n’est pas éduqué et, contrairement à Karma, il ne cherche pas au-delà de Gaza pour ses objectifs de vie. Tandis que Karma regarde la mer, déplorant les opportunités inaccessibles, Ahmed voit dans les 5 km d’eau restreinte (qu’Israël laisse aux Palestiniens) la source de son revenu familial. La famille d’Ahmed pêche pour survivre, mais y peine. Malgré tout, Ahmed rêve de posséder un gros bateau et de faire de la pêche à grande échelle. Il comprend les difficultés de réaliser son rêve et il sait que l’éducation et le travail acharné sont les seuls routes vers le succès.
2500 Palestiniens morts… Tous des civiles. 72 Israéliens morts… 66 soldats. Les chiffres de la guerre de 2014.
Puis, il y aura la guerre de 2018, vers la fin du film. Des images prises sur le vif. Des hommes morts… Des femmes mortes… Et des enfants…
Honnêtement, il s’agit d’un 15 minutes très dur à regarder. C’est frustrant. C’est horrifiant. C’est insoutenable. C’est la réalité.
Gaza, c’est une terre unique et dynamique, riche en culture et en histoire, qui abrite un peuple opprimé et déshumanisé, mais également résilient et fort, et qui ne souhaite rien de plus que de vivre une vie normale. Que la paix. Voici ce que ce documentaire nous dit.
C’est frappant de voir que les habitants continuent de sourire, et même d’avoir de brefs moments d’espoir. Mais on comprend vite que ce sont plutôt les fils du désespoir, de la frustration et de la fatigue qui tissent la vie des Palestiniens de Gaza.
Gaza ne règlera certainement pas la situation du Moyen-Orient. Par contre, il permettra au public de se pencher plus profondément sur la question et de comprendre que la vie à Gaza évolue de manière cyclique. Et que le poids du passé réduit encore et toujours l’espoir pour l’avenir.
Note : 9/10
Visionnez la bande-annonce :
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