« He was fuckin’ 80 years old. »
[Il avait 80, criss.]
Argent, pouvoir, politique, drogue, scandale et voitures rapides. L’incroyable histoire de John Z. DeLorean fait partie des rêves d’un scénariste hollywoodien. Mais qui était le vrai John DeLorean? Pour certains, il était un visionnaire renégat qui a révolutionné l’industrie automobile. Pour d’autres, il était l’escroc ultime. Framing John DeLorean raconte pour la première fois la vie extraordinaire et la légende du constructeur controversé, retraçant son ascension fulgurante dans les rangs de General Motors, sa quête obsessionnelle de construire une voiture sport qui conquérirait le monde et sa chute choquante lorsqu’il fut accusé de trafic de cocaïne.
Les réalisateurs Sheena M. Joyce et Don Argott jettent un regard saisissant sur un homme qui a tout misé dans sa quête du rêve américain. Mais qui est le vrai John DeLorean? Y en a-t-il un? Et comment pourrions-nous le savoir? Bienvenue dans le fantasme de tout scénariste.
Au départ, Sheena M. Joyce et Don Argott ont été consultés pour réaliser un supplément documentaire (behind-the-scenes) à un long métrage sur la vie de DeLorean. Lorsque le biopic s’est effondré, les réalisateurs se sont ensuite efforcés de créer un hybride entre documentaire et fiction, unique et irrévérencieux, qui comprend des entrevues traditionnelles et des images d’archives entrecroisées avec des reenactment d’épisodes critiques de sa vie mettant en scène l’acteur Alec Baldwin.
Je dois admettre que j’étais un peu perdu et incertain au départ. Je trouvais que ce mix hétéroclite donnait un style un peu « pas sérieux » au film. Mais on s’habitue et on s’adapte plutôt bien à ce genre original. Puis, c’est tout de même assez amusant de voir le questionnement sur le visage des gens quand ils voient la bande annonce. Ça donne quelque chose comme la réaction d’une amie de la réalisatrice :
– « C’est un biopic classique avec Alec Baldwin qui joue John DeLorean?
– En fait, non.
– Alors, c’est un documentaire? Mais Alec Baldwin est dedans?
– Ouais.
– En tant qu’Alec Baldwin?
– Ouais, mais aussi en tant que John DeLorean.
– Quoi? »
DeLorean est le type de personnes qui ne laisse pas indifférent. Pour certains, il était – et est toujours – un héros, un génie incompris. Pour d’autres, il n’est qu’un escroc qui s’en est trop souvent sorti.
Ce sont probablement ses enfants qui résument le mieux qui il était. Autant pour Zack que pour sa soeur (Kathryn), leur père était leur héros, leur meilleur ami, la personne la plus importante de leur vie. Et en même temps, son fils explique que l’aventure de la DeLorean a détruit toutes leurs illusions sur leur père.
La présence des enfants DeLorean dans le film est particulièrement importante compte tenu du fait que les autres intervenants sont pratiquement tous des anciens employés de John Z. Donc, présenter des proches qui l’aiment toujours apporte un contre balancement et une crédibilité aux autres témoignages.
Comme la plupart des gens de ma génération, Back To the Future était tout ce que je connaissais à propos du mot « DeLorean ». Cette voiture au look futuriste a, malgré l’échec qu’elle fut, un héritage qui va bien au-delà de ce qu’aurait pu espérer son créateur. Ce dernier est grâce à elle – en tout cas son nom – immortel.
De façon plutôt ironique, Framing John DeLorean a été fait en petit coups, obligeant les réalisateurs à faire des bonds dans le temps avant de revenir y travailler. Après avoir commencé le behind-the-scenes qui fut abandonné lorsque le projet de long métrage est mort, le duo de réalisateur s’est retrouvé à nouveau à travailler sur le documentaire après 7 ans de délai. Mais, cette fois, en utilisant comme point de départ l’idée selon laquelle personne ne peut déchiffrer l’histoire réelle de John DeLorean.
Personne n’a laisser sa marque sur l’industrie automobile comme l’a fait John Z. DeLorean. Ingénieur et dirigeant chez General Motors à partir des années 1950, il était responsable des succès de l’industrie, notamment des modèles de voitures classiques Pontiac et Chevrolet. Devenu le plus jeune chef de division de l’histoire de GM, DeLorean s’est fait montrer la porte en 1973 et en profite pour créer sa propre entreprise : DMC. Sa voiture sport, la DeLorean en acier inoxydable, était un flop notoire, bien que le modèle ait atteint plus tard l’infamie de la culture pop en tant que machine à voyager dans le temps dans Back to the Future.
Mais la caractéristique qui a fait le succès de l’homme, aussi bien que sa chute, était son goût pour le risque. Il n’avait pas peur de plonger s’il croyait en son idée. Et il avait une grande gueule et de l’attitude. Pour vous donner une idée du genre de personne qu’il était, on pourrait dire qu’il était un genre de Elon Musk des années 70.
Framing John DeLorean offre un premier regard passionnant et subversif sur un homme mystérieux et incompris. Un homme qui, grâce à un film, a atteint le statut de mythe. En tout cas, son nom…
Note : 7/10
Visionnez la bande-annonce :
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