« Il t’aime, Philippe. Ça se voit. »
À la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel (Virginie Efira), modeste employée de bureau, rencontre Philippe (Niels Schneider), brillant jeune homme issu d’une famille bourgeoise. De cette liaison passionnelle mais brève naîtra une petite fille, Chantal. Philippe refuse de se marier en dehors de sa classe sociale. Rachel devra élever sa fille seule. Peu importe, pour elle Chantal est son grand bonheur, c’est pourquoi elle se bat pour qu’à défaut de l’élever, Philippe lui donne son nom. Une bataille de plus de dix ans qui finira par briser sa vie et celle de sa fille.
Avec Un amour impossible, Catherine Corsini réalise un film sur ce qui passe et ce qui reste, sur les choix passés et présents, sur les strates du temps, les âges de la vie. Et malheureusement, elle démontre que de raconter 50 ans de vie dans un film de 2 heures, ce n’est pas une tâche facile.
Je ne ferai pas durer le suspense. Pour moi, il n’y a pas beaucoup de positif dans Un amour impossible. Mais, ce qui m’a le plus dérangé, c’est le passage du temps.
Dès le début, on a droit à des ellipses. Des sauts dans le temps que l’on ne voit pas vraiment arriver, et que l’on ne saisit qu’un peu plus tard. Mais pourquoi utiliser cette technique aussi rapidement et régulièrement dans le récit? On n’a jamais le temps de s’identifier aux personnages. Dans le cas présent, comme Rachel doit inspirer de la pitié, il aurait été important qu’on s’identifie à elle, ne serait-ce qu’un peu. En fait, tout au long du film, mon seul sentiment envers cette pauvre femme est de la trouver stupide, alors que j’aurais pu prendre son parti, si la réalisatrice avait décidé de mettre moins de coupures et de focusser sur un certain nombre d’événements.
En plus, il semble que l’on ait oublié de faire vieillir les deux personnages principaux. Au point qu’à un moment on ne sait plus trop si les enfants de la sœur de Rachel ne sont pas des amis, car ils ont l’air aussi âgés que Rachel, sa sœur et Philippe. C’est vraiment perturbant.
Je ne sais pas si ça vient du livre ou de l’adaptation, mais il semble que la logique et le réalisme se soient perdus en route. L’amour rend aveugle, dit-on… Mais à ce point?
La vie de Rachel contient le monde, elle raconte quelque chose de social et politique sur les époques qu’elle traverse. Elle est une femme forte. En tout cas, c’est ce que nous laissent croire certaines de ses actions. Par exemple, elle décide, de plein gré, d’élever un enfant seule. Elle a une vie sexuelle active en dehors du mariage. Mais, en même temps, elle semble incapable de se tenir debout devant Philippe. Pas plus qu’elle n’est capable de comprendre sa fille. Ni de voir ses détresses. Sa fille de 14 ans baise avec un homme dans la vingtaine avancée et elle n’a aucune réaction lorsqu’elle l’apprend… Et il ne s’agit là que de quelques exemples. J’en aurais des plus forts mais, malheureusement, ils donneraient des punchs.
Niels Schneider est excellent dans le rôle du mec salaud.
Un amour impossible… Bien que j’aurais tendance à dire que cette impossibilité est entre le spectateur et le film, je me contenterai de dire qu’il est, par moments, entre Rachel et Philippe, par moments entre Philippe et sa fille et par moments entre Rachel et sa fille. En fait, elle est plus en forme triangulaire cette impossibilité. Rachel aime Philippe, qui ne l’aime pas. Elle aime aussi sa fille, qui ne l’aime pas vraiment. Ou à tout le moins qui lui en veut pour toutes sortes de bonnes et de moins bonnes raisons.
Je vais terminer sur une question. Pourquoi avoir joué avec les fondus, les surimpressions, les lettres montrées à l’écran, les acteurs s’exprimant face à la caméra, la narration en voix off (avec une voix qui ne fonctionne pas avec le personnage qui est supposé raconter)? Ah oui… Cette narration tout aussi agaçante qu’inutile et même, à de nombreux moments, ridicule. Ai-je vraiment besoin de me faire dire que Rachel écrit une lettre alors qu’on la voit écrire ladite lettre?
Ma suggestion? Plutôt que d’aller voir Un amour impossible, regardez un match de Curling…
Note : 4.5/10
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