« Mais ce qu’y a jamais su, c’est qu’on a eu le temps d’être touchées par la grâce… ou quelque chose comme ça. Pis depuis ce temps-là, on essaie de la retrouver. »
Deux sœurs, début vingtaine, vivent une quête spirituelle en se remémorant des souvenirs d’enfance suite à la mort de leur grand-père qu’elles n’ont pas pu voir pendant une douzaine d’années et auquel elles étaient très attachées.
Deuxième court métrage de la réalisatrice québécoise Stéphanie Chalut (L’Offrande, 2015), Tu es poussière parle de deuil et d’espérance. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir la foi pour apprécier ce film. Il faut simplement accepter de se laisser porter par la poésie des psaumes, qui ponctuent le récit.
Il est rare que les films québécois abordent le catholicisme autrement que pour en faire la critique. Au Québec, Bernard Émond est l’un des rares à faire état d’un rapport au religieux sans honte ni complexe. Stéphanie Chalut emprunte cette voie à son tour par l’entremise de la mémoire personnelle de deux sœurs.
Tu es poussière parle d’héritage et de transmission. En suivant les deux femmes dans leur quête, on revient sur certaines traditions, sur les repères spirituels qui constituaient l’identité québécoise. On pose un regard sur le passé, on le questionne, et ce, à travers les yeux de la jeunesse. Un questionnement qui se prolonge de par le personnage de l’abbé Jean-Paul Adjoumani, un curé africain que les protagonistes vont rencontrer.
On se promène ainsi entre l’enfance et l’âge adulte des deux sœurs, entre leurs souvenirs heureux en famille et l’annonce difficile de la mort de leur grand-père. À l’annonce de ce décès, on replonge avec elles. L’une d’elles se revoit à la campagne, au milieu d’une nature verdoyante et lumineuse, faire le décompte pendant une partie de cachette. La fillette alterne ainsi avec son homologue adulte, permettant au spectateur de se situer dans le temps et l’espace. On est alors avec une bande d’enfants heureux, de cousins, qui jouent ensemble.
On retrouve ensuite les fillettes, isolées de cette famille élargie. Les parents ne sont d’ailleurs pas montrés, simplement évoqués. C’est l’histoire des jeunes femmes, de leur quête, et toute l’attention est portée sur elles.
Les images sont belles, travaillées. La lumière, parfaite. On est d’abord porté par des images plus saccadées, entre deux âges. Puis, on se recentre sur les jeunes femmes, à l’âge adulte, on se concentre sur leurs questionnements, on les suit à travers leur volonté de comprendre ce qui les anime.
« Que tes morts revivent. Que mes cadavres se relèvent. Je me réveille et je chante, car ta rosée est une rosée lumineuse et que le pays va enfanter. »
La première du film aura lieu le jeudi 7 mars 2019, au Gesù à Montréal.
Visionnez la bande-annonce :
© 2023 Le petit septième