Climax – Dieu est avec nous

« Mourir est une expérience extraordinaire. »

Climax - afficheUne vingtaine de jeunes danseurs de danses urbaines, réunis pour une répétition, se retrouvent drogués à leurs dépens et laissent place à leurs névroses et psychoses. Certains se sentent au paradis pendant que la plupart plongent en enfer.

Avec Climax, Garpar Noé réussit encore une fois à créer une œuvre déstabilisante. Moins choquant que Love ou Irréversible, Climax a tout de même toutes les qualités d’un film expérimental, sans pour autant en avoir les défauts…

Choquer ou ne pas choquer…

Climax - Choquer ou ne pas choquer
La chorégraphe

Gaspar Noé est l’un des réalisateurs qui choquent le plus en ce moment. Personnellement, il est un des rares à être en mesure de me déstabiliser. Et avec Climax, j’ai effectivement été déstabilisé. Ici, il nous offre une œuvre hypnotique, hallucinante ; une descente directement vers les profondeurs de l’enfer.

En utilisant des techniques simples, il réussit à créer une atmosphère qui nous transporte d’un genre de nirvana à une horreur suffocante du Paradis à l’Enfer. Changements de couleurs, mouvements de caméra, jeu d’acteurs… C’est la preuve qu’il n’est pas nécessaire d’avoir du budget pour créer des effets efficaces.

La danse

Climax - La danse
Séquence de la scène d’ouverture

Climax est basé sur un fait divers. Pour illustrer cette histoire tragique, Noé a décidé d’utiliser la danse. « L’amour, la guerre, l’art, le sport, la danse nous semblent des justifications à notre bref passage sur terre. Et parmi ces distractions, l’une d’entre elles m’a toujours rendu particulièrement heureux : la danse. Alors, quitte à faire un film, il m’a semblé excitant d’en faire un sur ce fait divers et avec des danseurs dont les talents m’hypnotisent. Avec ce projet j’ai pu représenter une nouvelle fois sur un écran une partie de mes joies et de mes peurs. »

Et lorsqu’il parle de performances hypnotiques, il n’exagère pas. La scène d’ouverture est particulièrement magnifique. Elle peut sembler longue pour quelqu’un qui n’est pas amateur de ces types de danse mais, moi, j’ai vraiment adoré cette longue scène. Avec des danses comme le voguing, le waacking ou le krump, les danseurs (et acteurs) exécutent des prouesses physiques d’une spontanéité déroutante. D’ailleurs, cette scène d’ouverture est la seule scène de danse qui était chorégraphiée de tout le film…

Le scénario

Climax - Le scénarioUn scénario qui était plus un déroulé de l’histoire, un plan tenant sur une page. Le reste était de l’improvisation. Et on ne s’en doute pas. J’ai été impressionné par la qualité du jeu des danseurs qui, pour la majorité, ne sont pas des comédiens professionnels.

L’improvisation donne un réalisme efficace à ce film. Les conversations entre les personnages sont vraies, parfois insignifiantes, parfois plus profondes. Et c’est ce qui permet d’y croire. Que ce soit deux filles qui parlent de grossesse, ou deux gars qui s’amusent à imaginer ensemble quelles filles du groupe ils voudraient « sauter » et comment ils s’y prendraient. « Partir d’une simple trame d’une page m’a permis d’obtenir des moments de vérité et de mettre en image cette suite d’événements d’une manière collective. Si l’on veut que les danseurs, comédiens ou non professionnels s’expriment physiquement et verbalement de manière chaotique, l’improvisation est indispensable. »

D’ailleurs, il a réussi à attirer certains des meilleurs danseurs de chaque style : Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub, Kiddy Smile, Giselle Palmer, Thea Carla, Sharleen Temple et plusieurs autres. Bref, les amateurs de danse sont gâtés avec le dernier film de Gaspar Noé.

Mais encore…

Climax - Mais encoreDes vies glorieuses ou honteuses finissent sur du papier, puis disparaissent très vite dans l’oubli collectif. Climax part de là. Ces gens qui, dans les années 1990, sont morts sans raison valable et dont les noms ont été oubliés quelque part dans l’histoire… Ici, on pourrait parler d’un genre d’hommage à toutes ces personnes. Le tout vu par l’oeil d’un réalisateur qui aime le chaos : « Mon plus grand plaisir vient de ne rien préparer ou écrire à l’avance, et de laisser au maximum les situations se créer devant moi, comme dans un documentaire. Et quand le chaos s’y installe, je n’en suis que plus heureux, sachant que cela fera des images fortes, proches du réel… »

Le film a été tourné par ordre chronologique afin de créer à la fois un état de confiance général et une émulation, ce qui a poussé les interprètes vers des performances de plus en plus psychotiques. Plutôt que de se retrouver avec des images de danse où tous les pas sont prédéterminés, on se retrouve dans une atmosphère où les protagonistes sont amenés à simuler des états de possession comme dans les transes hoo doo.

Tourné sur 15 jours, dans une école désaffectée, Climax s’avère être un film étonnant qui amène ses personnages – et  les spectateurs – directement dans les abîmes de leur âme!

Note : 8.5/10

Visionnez la bande-annonce :

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