« Vous avez été mariés 10 ans et vous n’avez pas eu d’enfants et je voulais savoir pourquoi.
― Elle voulait pas d’enfants. Elle me disait qu’elle n’était pas prête. Mais elle a jamais été prête.
― Excusez-moi d’avoir été indiscrète.
― Non, il n’y a pas de problème. Mais si vous voulez qu’on remédie à ça, on peut en faire ensemble.
― Un enfant?
― Ouais. Mais pas maintenant là. Pas là… »
Lola (Ludivine Sagnier) a deux frères : Benoit (Jean-Paul Rouve), qui se marie pour la 3e fois, et Pierre (José Garcia), qui débarque en retard au mariage… Excuses, reproches, engueulades, brouilles, chacun essaye de vivre sa vie de son côté. Benoit va devenir père sans y être prêt. Lola fait la rencontre de Zoher (Ramzy Bedia) alors qu’elle s’occupe de son divorce. Quant à Pierre, ses problèmes professionnels s’enveniment. Tout dans leur vie devrait les éloigner, mais ces trois-là sont inséparables…
Lola et ses frères, de Jean-Paul Rouve, est un film léger, mais qui soulève tout de même plusieurs questions : quels sont nos liens avec nos frères et sœurs? Comment ils et elles sont pour nous des handicaps? Comment on a parfois du mal à les supporter et à les porter à bout de bras? Et malgré tout, comment on ne peut s’empêcher de les aimer inconditionnellement…
Deux frères dans la fin quarantaine… Une sœur dans la mi-trentaine. Une relation intense. Sur fond léger, le film de Jean-Paul Rouve touche à des sujets plutôt lourds. Le tout vu à travers la relation fraternelle de ces trois personnages.
De petits moments où l’on rit allègent justement des thèmes comme le chômage ou le deuil. À plusieurs reprises, nos trois personnages se rejoignent devant la pierre tombale de leurs parents. C’est là, d’ailleurs, qu’ils se parlent. Sinon, chacun est incapable de parler aux autres de ce qu’il vit. Mais devant leurs parents, ça fonctionne. C’est donc aussi le moment où ils se chicanent. Qu’est-ce qu’il y a de léger là? Un autre homme est toujours présent. Il est devant la pierre tombale de sa femme. Et clairement, nos amis le dérangent. Les répliques du vieil homme sont drôles et bien placées. Ces petites touches d’humour font en sorte que le film est comme un baume sur la tristesse de l’hiver.
Et à travers cette famille qui semble dysfonctionnelle, on réalise qu’ils sont un peu comme tout un chacun. Des frères et sœurs qui se chamaillent, mais qui ne peuvent se passer l’un de l’autre. J’espère bien que mes garçons seront un peu comme ça…
Mais au final, Lola et ses frères parle certes des relations entre deux frères et une sœur, mais surtout de ce que les enfants – existant pour Pierre, désiré pour Lola et moins désiré pour Benoit – apportent ou n’apportent pas dans leur vie.
Et c’est bien de voir ces trois façons d’aborder la parentalité. Surtout que c’est montré de façon à ne pas tomber dans les clichés qu’on voit régulièrement dans les comédies. Ici, on montre bien (bravo aux acteurs!) les sentiments et les émotions que cette quête apporte.
Se retrouver au chômage, c’est toujours difficile, peu importe l’âge. Mais à presque 50 ans, ce doit être encore plus difficile. C’est un autre des thèmes abordés dans Lola et ses frères. Et c’est probablement à ce moment que le personnage de Pierre nous devient sympathique. Pas qu’on ne l’aime pas avant, mais c’est un homme un peu bourru qui semble un peu emmerdant. Mais en le voyant dans toute sa fragilité, il prend une autre dimension.
Et le questionnaire d’emploi qu’il doit remplir au Pôle Emploi donne un des meilleurs moments du film. Car admettons-le, en quoi le fait de faire du parapente ou non a de l’importance si on cherche un emploi en construction? Sinon, il y a aussi la pertinente question de la couleur préférée. Chapeau aux deux acteurs qui participent à cette scène magique.
Un personnage qui est particulièrement important, c’est Zoher, le futur petit-ami de Lola. Il est, d’une certaine façon, nous. C’est l’entrée pour le spectateur. Il est celui qui regarde la relation fraternelle de l’extérieur. Un personnage très intéressant de par sa nature. Et quoi de mieux pour une avocate en droit de la famille qu’un client à qui elle vient de « donner » le divorce pour se matcher?
Au final, Lola et ses frères est un parfait film d’hiver. Un film léger qui n’est pas pour autant stupide. Un film qui nous donnera envie de dire « je t’aime » aux gens qui sont importants pour nous.
Note : 7.5/10
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