« One’s originality comes from the inability to emulate your influences. »
[L’originalité réside dans l’impossibilité d’imiter vos influences.]
John Lennon
Dans un road trip dans un univers alternatif, où Elvis Presley et Jackie Wilson ne sont jamais morts, Almost Almost Famous explore la vie de trois des plus grands artistes hommages du monde, le coût de la notoriété empruntée et le risque de se perdre.
Le documentaire de Barry Lank nous amène un peu partout en Amérique pour nous faire vivre et découvrir le monde des spectacles hommages. Ce genre de spectacle qui fonctionne, car, avouons-le, retrouver Elvis, The Big Bopper, Buddy Holly, Jerry Lee Lewis et Jackie Wilson sur le même stage, en même temps, c’est tout de même quelque chose!
Au fond, Almost Almost Famous, c’est l’histoire de 6 hommes : Lance Lipinsky est Jerry Lee Lewis; Ted Torres est Elvis Presley; Bobby Brooks est Jackie Wilson; Jeff Giles est Buddy Holly; Bill Culp est The Big Bopper; et Marty Kramer est le gérant de tournée. Mais plus particulièrement de 3 d’entre eux.
Lance Lapinski est originaire du Texas. Depuis tout petit, il imite Elvis. Il rêve de devenir célèbre en tant qu’artiste. Mais la réalité et le besoin de subsister l’amènent à faire des spectacles hommages. Il accepte donc de se lancer en tant qu’Elvis. Mais ils en ont déjà un… Pourquoi pas Buddy Holly? Ils en ont un aussi… Alors ce sera Jerry Lee Lewis. Et il est plus grand que nature. Un talent incroyable. Et un pianiste complètement fou. Mais aussi le caractère et le tempérament qui vient souvent avec ce type d’artiste.
Ted Torres a grandi en Floride. Son idole? Nul autre qu’Elvis Presley. Et interpréter son idole le satisfait pleinement. Mais jusqu’à quand pourra-t-il se le permettre? Elvis est mort dans la quarantaine. Il ne voudrait surtout pas avoir l’air aussi ridicule que ces hommes de 50 ans et plus qui s’obstinent à interpréter le King.
Bobby Brooks a grandi en Caroline du Nord. Il est d’une famille brisée et a déjà rêvé d’être reconnu en tant que lui-même. Mais maintenant, il interprète Jackie Wilson, en quelque sorte le Elvis du Rythm and Blues. Mais ses performances l’amèneront à un questionnement beaucoup plus profond lorsque la famille de celui qu’il honore chaque soir demandera à le voir, car la fille du défunt chanteur ne veut pas que n’importe quel bozo imite son père.
Un des artistes pose une question qui m’a permis de prendre conscience du « pourquoi » de ces spectacles hommages. Il explique que ces artistes étaient – et sont – des monuments. Et il poursuit avec cette phrase qui explique tout : « Qui se souviendra des hits de Katy Perry dans 50 ans? »
En effet. Elvis, tout comme Big Bopper et les autres sont, encore aujourd’hui, écoutés et admirés. Et ils le seront probablement encore dans 20 ans, voire 50 ans. Ils ont tous, à leur façon, révolutionné la musique.
Mais Almost Almost Famous nous amène dans les coulisses de ce qu’est une tournée avec plusieurs artistes. Comme l’explique le gérant de tournée, chacun d’entre eux est habitué d’avoir les lumières sur lui. Mais dans ce genre de spectacle, ils doivent, à tour de rôle, céder le devant de la scène à un autre. Et c’est le jeune Lapinski qui semble avoir le plus de difficulté avec cette notion. Peut-être parce qu’il est le plus jeune et qu’il rêve encore de devenir une star pour ce qu’il est, et non pas parce qu’il incarne un sublime Jerry Lee Lewis.
Par moments, ce film ressemble un peu à une téléréalité. Je ne parle pas de la profondeur et de l’intérêt suscité. On est tout de même à quelque part d’autre. Mais, par moments, on reçoit des confidences (lire bitcheries) qu’on imaginerait mieux dans Occupation Double ou dans Survivor. C’est probablement Kramer qui se laisse le plus aller à ces paroles qui manquent franchement de tact. Disons qu’il n’y va pas de mains mortes envers certains de ses protégés.
Au final, Almost Almost Famous nous fait parcourir l’Amérique dans l’autobus de tournée d’un groupe d’artiste de grand talent. Pas sûr, d’ailleurs, que cette vie est pour tout le monde. La gloire à un prix. Reste à savoir le prix de chacun…
Note : 8/10
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